Dans mes alentours de marbre, je circule. Un pas après l'autre, je me laisse fouler par mes pensées. Elles sont noires, charmantes, aigre-fines, aussi pleines de bon sens que d'égoïsme.Je suis Zeus. Je porte en moi la ferveur et la lumière et à la fois la finesse et la grossièreté de mon monde de pierre.
À quoi suis-je utile en fin de compte, à part à être moi-même ? Mes parents, m'ont-ils un jour réellement voulu ? Suis-je désirable ? Qui voudrait de moi comme père ? Et comme amant ?C'est vrai, j'ai eu toutes les femmes et elles m'ont toutes abandonnées pour un autre bonhomme sans saveur. Et à toutes celles qui m'ont quitté pour d'autres femmes, je vous félicite ! Et je vous souhaite plus de bonheur parmi les fleurs...
En tête, je n'ai que le souvenir de ma femme, de celle qui a porté mon corps au bordel et mon coeur à l'oubli, autrement dit la mère et la tante de presque tous mes enfants : Hera.
Oh Hera ! Je te parle comme je parlerais à une morte même si tu es bien vivante, tu n'es qu'à quelques portes de moi au palais, mais peu importe. Au diable le mariage, au diable les responsabilités, de toute façon rien ne va dans notre bébé. Et rien n'ira jamais entre nous pour mille raisons. Sûrement pour mon égoïsme, pour ta pudeur enfantine, qui autrefois m'a séduite, aussi car tu es mon sang comme je suis le tiens et que notre union n'est qu'un mélange à blanc.
Je t'ai aimé, oh oui ! Et je t'aimerais toujours. Bien que tu sois irresponsable et cynique. Tu m'agaces quand tu me manques de respect et quand tu utilises mon nom, comme l'on utiliserait un tampon, un bouche-mots. Et pour mieux les accrocher, ces mots, à ma tête, tu les hurles sans une once de subtilité.
Tu es et tu resteras une gamine, mais je ne peux que continuer à ramasser les roches que tu me jettes au visage et à t'aimer, comme au fond j'aime tes reproches.
Rien de tout cela ne m'importe. Contrairement à toi, je suis encore là pour mes enfants, car à part moi-même, je n'aime qu'eux. Je retrouve en eux les valeurs que j'aime le plus en moi, sauf pour un.
Je retrouve en Arès, ma ferveur et ma détermination.
En Héphaïstos, je constate ma bienséance et la couleur de mes yeux, gris clairs. Dionysos, c'est tout moi, ma création solitaire, c'est mon visage, et mon côté épicurien. Hercule est mon deuxième préféré, car même mi-dieu, il égale mes sang-purs, et il a mon courage et mon athlétisme.Je mentais en disant que la chose que j'aimais le plus c'était moi-même. J'ai pu penser ainsi, avant. Mais à ce jour, celui que j'aime plus que tout, c'est mon petit dernier Apollon.
Il est ce que j'ai de plus précieux, ma perle rare, mon trésor inégalable. Je l'aime plus fort que tout les biens et plus fort que le plaisir. Il est ma plus grande fierté.
Quand je ne le vois pas de la journée, je m'inquiète. Je laisse en général passer la nuit et au petit matin, je vais le voir à sa chambre et lui donne un baiser sur le front, comme s'il été encore un enfant.
J'admire Apollon, car je vois en ce jeune adulte tout ce que je n'ai jamais eu. Il est miraculeux et il a tout pris de Leto, sa mère, contrairement à ses demi-frères pour qui le gêne dominant était le mien. Pour moi, c'est un homme, avec tout ce que je pourrais aimer chez une femme. Il est unique en son genre. Il est fin, musical, romantique et solaire.
De penser à lui, me donne envie d'aller le saluer. Je cesse d'érer sans but dans les couloirs de mon palais et prend le grand escalier en direction de la chambre d'Apollon.
Apollon réside dans la forteresse du palais. Je lui ai réservé les plus beaux appartements et le dernier étage pour plus d'intimité. J'arrive enfin par les escaliers au dernier étage, je traverse le couloir jusqu'à la dernière porte.
« Apollon, mon fils, j'ai tellement de projets
pour toi. »Voilà ce que je pense tout haut quand je frappe à ses appartements. Aucune réponse. Alors j'ouvre la porte de la chambre de mon fils, et ce que je vois me fais tomber des nus.
Je découvre mon fils, au lit avec son oncle.
Mon regard dessine la position dans laquelle mon frère demeure avec mon fils, les deux allongés sur leurs flans, Apollon reposant son dos tout contre le torse d'Hadès et seul un drap de soie bien placé cache sa nudité.
Ma mâchoire se serre, mon regard se noircit, je me sens trahis.
« Mon frère... Pourquoi ? »
Je demande, placidement.Aucune réponses des deux amants, Apollon se laissant embrasser le cou par mon frère. Sous cette provocation, je me rapproche du lit, je tâche de garder mon calme, tout en réitérant ma question.
« Pourquoi ? »
Toujours aucune réponse. Je me rapproche nerveusement des deux, et lève la main sur mon frère.
Je n'ai pas le temps de le frapper, que mon fils se relève sur ses genoux, et se prend la dure gifle à la place d'Hadès.
Le coup est violent, il détonne, et j'en tremble. Mes lèvres frissonnent, mes yeux s'exhortent, alors que mon fils se tient encore la joue, la tête baissée.
Complément désarmé, je redemande, mais cette fois-ci, la question est pour mon fils :
« Pourquoi ? »
Apollon tient sa joue gonflée et entaillée,
Son regard larmoyant finit par accrocher le mien,
Et avec un sourire de vainqueur, il me répond :« Parce que je l'aime, Papa. »
VOUS LISEZ
amour de marbre
FanfictionZeus, le dieu des dieux, n'aurait jamais pensé que son fils Apollon puisse s'amouracher si fort de son oncle Hadès. 매' Lynn 🥀