❤Chapitre1🖤

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Les yeux à demi ouverts, Martine fixait le plafond d'un air fatigué. Les persiennes ouvertes laissaient une faible lumière éclairée la chambre. À cette heure de la journée, la brise soufflait sa force aux gens et remplaçait la chaleur accablante du midi.

Une nouvelle journée commençait pourtant Martine savait qu'elle ne serait pas différente des autres, d'ailleurs elles se ressemblaient toutes pour former une triste routine. L'espoir avait presque perdu son sens pour elle.
Presque...

Il lui restait sa fierté, une infime partie d'elle même restait accrocher à une vie normale, au bonheur...
Oui le bonheur, elle l'avait côtoyer bien trop de fois. Pour elle cela se résumait à une sérénité d'esprit et de paix entourée de chose simple comme la joie et l'amour.

Comme ci c'était hier, elle se rappelait de ces instants magiques où elle voyait la vie en rose. Comblée d'un amour familial, elle avait tout ce dont elle avait besoin étant fille unique: un père travailleur, protecteur certes mais faisait passer sa famille avant tout le reste. Édouard, son papa etait un ingénieur aussi brillant que courageux. À 45 ans, il était respectueux et honnête. Pour lui il n'y avait rien de plus simple et merveilleuse que la vie. Il répétait souvent que l'honnêteté dans le travail accompagné de la patience est la clé du réussite et qu'avec ces vertus tout nous était permis!

Si seulement c'était vraiment le cas...

Martine se leva et pris la photographie de son père encadré sur sa table de nuit. Le visage souriant de celui-ci lui arracha un rictus. Habillé d'un pantalon noir, il portait la chemise bleu marine qu'elle lui avait offerte pour son quarantième anniversaire, sa préférée. Ses yeux tamarins reflétaient la bonté de son coeur. De teint clair, il avait un visage d'homme sévère contrastant avec son caractère doux. D'ailleurs les gens qui ne le connaissait pas le craignait pour cela. Pourtant, il n'y avait plus bon homme que son père et ces actes d'amour démontraient qu'il voulait toujours le meilleur pour sa fille chérie. Il était le pillier de sa famille unie, et aimait sa femme d'un amour aussi intense qu'avant ses 20 ans de vie commune.

Elle se souvenait qu'elle était à sa dernière année d'université de droit à Gonaives lorsqu'il était parti, bien trop jeune à son goût. Mais on ne choisissait pas l'heure de la fin et avait seulement le droit d'encaisser ce qui était arrivé. Une mort soudaine et injuste...

Martine habitait chez sa tante et préparait sa graduation marquant la fin de ses études. Ses parents allaient venir pour la cérémonie et elle entrerait avec eux à la maison et resterait définitivement. Puisque elle avait laissé la maison familiale pour entreprendre ses études à Gonaïves. Quoiqu'elle les rendait souvent visite, elle avait hâte que cela arriva. Mais un beau jour, la nouvelle de la mort de son papa tué par un *bal mawon* lors d'une manifestation avait tout changé alors qu'hier encore elle faisait la fête avec ses amis.

Elle était déjà mature mais n'avait pas vraiment compris le sens de la mort jusqu'à ce jour. Elle voyait les choses dérouler devant elle à une vitesse surprenante sans qu'elle n'eût le droit de les arrêter sinon que de montrer les émotions adoptées pour les occasions qui se suivaient: la tristesse lors de l'enterrement, la joie à la graduation, l'épanouissement avec ses amis, le courage devant sa famille et la mélancolie étant seule. Elle avait un masque pour tout et cela lui allait parfaitement.

Contrairement à sa maman qui depuis ce jour travaillait d'arrache pied pour subvenir à leur besoins et refoulaient tous sentiments sauf l'amour qu'elle portait pour sa fille.

Après ce drame, les choses avaient repris leur cours sous une apparence normale et simple: Elle avait des bons amis, une mère sur qui compter et un copain. Mais la simplicité n'était qu'illusion et son statut de chômeuse était là pour lui rappeler que la vie était difficile et injuste.

À 24 ans elle n'avait pas encore de boulot pour combler ses besoins et aider sa mère. Pourtant c'était pas les compétences qu'elle manquait mais en Haïti, cela n'avait pas beaucoup d'importance de nos jours.

Perdue dans ses pensées, elle remarqua à peine la vibration de son portable. Alex, le nom de son copain s'affichait sur l'écran. 3 appels manqués à 4h du matin! Rares étaient les fois où Alex l'appelait à cette heure, peut être qu'il avait un problème. De plus, Martine avait remarqué un changement dans leur couple, Alex était assez bizarre dernièrement. Elle espérait qu'il n'avait rien de grave.

Une nouvelle fois, son téléphone vibra et elle s'empressa de répondre :
- Alloh!

- Martine?

- Oui.

- je t'ai pas réveillé j'espère?

- Non je dormais pas.

- Tu dormais pas pourtant ça fait la quatrième fois que je t'ai appelé et t'as pas décroché.

- Mon portable était sur vibration, j'ai pas remarqué ton appel. Dis moi tout va bien chéri ?

- Sur vibration! t'en as pas marre de trouver des excuse à chaque fois?

Martine soupira face à cette réponse. C'était devenu une habitude pour eux de se chamailler pour rien. Leurs discussions étaient devenues ternes et remplaçaient les mots doux d'habitudes. Quand est ce que ça a changé ? Etait ce Alex le fautif ou elle? Martine ne pouvait répondre à ses interrogations, mais là toute suite elle pressentit que le Alex d'autrefois n'était plus là.

- Tu réponds pas?

- Que veux tu que je te dises, crois en ce que tu veux.

Elle entendit son petit ami respirer un grand coup avant de lâcher :
- Je peux plus continuer comme ça Martine ça ne tient plus.

- Quoi? Comment ça ? Que veux tu dire par ça ne tient plus, Qu'est ce qui ne tient plus au juste?

- Nous, toi et moi. Arrête de faire celle qui ne voit rien bon sang! J'en ai marre de toi et je ne veux plus faire sembler. C'est fini.

- Chéri dis moi, c'est quoi le problème? on peut arranger cela.

- Je ne sais pas ! Je ne sais plus. Ouf! on ne peut rien arranger Martine, j'ai déjà une copine.

Déçue, Martine ferma un instant les yeux. Elle avait vu venir celui là mais pensait que ce serait pas de si tôt. Car même après 3 ans de vie amoureuse, elle croyait qu'Alex l'aimait encore et serait toujours là pour la soutenir même si au fond elle savait qu'elle était en partie responsable. D'une voix fluette elle dit d'un ton espérant détaché et sans émotion :
- Tu as raison Alex, ça ne tient plus entre nous et je ne te blâme pas d'avoir une copine.

- Attends t'es sérieuse, ça va ?

- Oui tout va bien! On reste amis?

- Bien sûr ! Je suis tellement content que tu le vois de cette manière.

Il se tut un instant puis continue d'une voix remplie de soulagement.

- J'étais sûr que tu comprendrais!un de ces jours je te presenterais ma copine, elle est tellement cool!

- Oui, un de ces jours! Bonne nuit Alex.

- Bonne nuit Martine, prends bien soin de toi.

- D'accord !

Après avoir raccroché, Martine pensa à sa vie et même si elle ne voulait pas le croire la récente absence d'Alex dans celle ci la blessa et lui rappela que la vie était encore plus imprévisible et pouvait passer de la joie à la tristesse en un clin d'œil... Comme avec son papa.

Elle passa une main lasse dans sa figure puis soupira face aux problèmes: Elle était sans père et sans copain. Ajoutant à la liste la plus urgente...
Et surtout sans job.

Entre Deux ChoixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant