Un de perdu, dix de retrouvés

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-  Putain! Il t'a laissé tomber, mais comment a t-il pu?

La voix de Sarah vociférait à l'autre bout du combiné. Martine pensa quelques secondes qu'elle aurait dû se taire et ne rien dire à son amie mais ça faisait tellement du bien de parler à quelqu'un qu'elle ne s'etait pas priver de tout la raconter. Et maintenant, elle écoutait mi amusée celle ci qui visiblement était en colère, cela se voyait que le fait qu'Alex la largue mettait son amie dans tous ces états.

- Et c'est pas tout, elle a déjà une copine. Continua Martine

- Non, mais quel salaud! Quel toupet, il va me le payer ma chérie je te le jure sur la tête de sa mère...

Les paroles de Sarah la fit rire et la détende un peu de cet air mélancolique qui formait une boule dans sa gorge. Sarah prenait toujours son problème personellement et très au serieux alors qu'elle était toujours très vague.

- Je crois que tu devrais te calmer Sasoue d'ailleurs ça ne m'atteind pas vraiment, je suis sûr que tout passera d'ici très peu de temps.

- Grave erreur Sista. Il faut qu'il paie, il t'a brisé le coeur je ne peux pas la laisser s'en sortir comme ça !

Briser le coeur... Cela fit bizarre à Martine. Elle ne connaisait pas vraiment le sens de cette phrase. Apparemment peut être que c'est ce que ressentaient les gens amoureux après une rupture. Cette espèce de tristesse sans nom qui nous faisait se sentir que plus rien ne serait comme avant dans la vie et qu'on pourrait pas vivre sans l'autre, cette souffrance qui tuait de l'intérieur à chaque souvenir comme dans les romans. Non, c'etait pas ce  qu'elle ressentait, bizarrement elle était juste un peu pertubée, elle se sentait seule comme toujours et sans but pour se raccrocher à la vie, aucune motivation. L'absence d'Alex lui rappelait simplement ce qu'elle savait dejà malheureusement: "Sa vie était terne et sans vie tout était gris et elle risquerait de la passer seule à force d'être aussi protégée par la bulle qu'elle avait créé."

- Allôh Martine t'es là? Martine...

La voix de son interlocutrice la tira de ses pensées. Répondant d'une voix lointaine elle dit
- Oui je t'écoute.

- Attends ne me dit pas que tu pleures? C'est ça, oh ma chérie je ne voulais pas te blesser je sais que c'est dur...

- Non. Je pleure pas Sarah, arrête d'être pathétique !
Sans le vouloir elle avait un peu haussé le ton, s'empressant de s'excusa elle balbutia:
- Je.. Suis desolée je ne vou voulais pas!

- T'inquiètes ça va. D'ailleurs tu as la chance que ce soit toi sinon je t'aurais deja raccroché au nez après une tirade d'injure.

Un sourire se déssina sur ses lèvres, après sa maman il y avait que Sarah qui pouvait le distraire lors d'une situation difficile, et Alex certaines fois mais vaut mieux ne pas y penser. Elle passa une main lasse sur son visage et dit:
- Faut que je raccroche Sarah, j'ai des choses à faire et je suis vraiment fatiguée.

- D'accord, d'ailleurs Robert m'attend depuis déja 30 minutes, on avait prévu de sortir.

- Amuses toi bien! Salue Robert pour moi.

- oui prends bien soin de toi. Un de ces jours on fera une sortie entre filles histoire de s'amuser et de te trouver un mec d'ailleurs tu connais le dicton:" Un de perdu, dix de retrouvés''.

"Pas même en rêve!'' voulut répliquer Martine, c'était clair qu'elle n'avait pas la tête à cela mais pour ne pas trop s'attarder sur ce sujet qui elle sait serait deja gagné pour Sarah tant elle était convaincainte elle finit par accepter d'une voix ésperant enthousiaste
- Je suis partante!

- cool, bye.

- bye.

Elle soupira grandement, s'etira puis se leva du lit pareuseusement. Elle avait quelque chose à faire et s'efforçant de ne pas abandoner, elle alla se préparer.

...

Stressée, Martine passa ses mains sur les plis de sa robe jaune pour arranger une quelconque défaut. Celle çi d'une longueur normale lui arivait juste en dessous de ses genoux, elle était simple et droite à mi manche. Quelques minutes auparavant elle avait trouvé cette tenue parfaite, mais maintenant elle eut l'impression qu'elle ressemblait à une paysanne en regardant les personnes qui toutes costumés vaquaient à leur occupation.

Cela faisait plus de 10 minutes depuis qu'elle attendait assise sur cette chaise que quelqu'un vienne lui prendre en charge. Pourtant personne ne semblait la voir sauf la secrétaire qui lui avait demandé le sourire aux lèvres d'attendre le directeur.

Elle était venue poser son couricouloum vitae dans un des plus grands cabinet d'avocat le "Cabinet International de Défense". Le CID était très réputé pour la qualité de son service à Port au Prince. Ayant en tête un des plus grands avocats de la capitale il avait des collaborateurs étrangers ainsi qu'haïtiens et fournissait bon nombre de bénéfices aux clients ce qui faisait que tout le monde était apte à lui confier leurs affaires. C'était un rêve pour Martine de travailler dans ce cabinet, elle était certaine qu'elle avait le niveau nécessaire pour ce job et priait fort afin de l'obtenir.

Malgré tous ces efforts pour rester optimiste le doute envahissait ses pensées. Elle savait bien que ses connaissances pouvaient s'avérer vaines pour avoir à maintes reprises vécu ce frustrant expérience. Elle ne se rappelait plus du nombre de fois qu'elle a déposé son CV mais malheureusement elle n'avait rien trouvé jusqu'à présent. La plupart du temps on ne l'appelait même pas après le premier entrevue prétextant de ne pas avoir assez d'argent pour payer une personne aussi qualifiée comme elle et même si elle les contredisaient rien ne faisait. D'autres fois on lui disait tout simplement qu'on ne voulait pas d'elle et qu'elle devrait voir ailleurs. Le plus gênant dans tout ça c'est quand on le demandait son corps en échange du job comme ci elle était une prostituée et non une diplomée, ce qu'elle refusa toujours avec dignité mais maintenant il faut bien admettre que le besoin d'avoir un job était pressant, elle devrait aider sa mère qui gagnait peu en bossant dur alors que c'était à elle de prendre soin d'elle maintenant.

Elle serra son sac contre sa poitrine et ferma un instant ses yeux et effectua une prière muette. C'était sa seule chance et elle savait que le CID était un travail sérieux auquel elle serait non seulement bien payé et respecté à sa juste valeur et c'est pour cela qu'elle était ici à attendre sur cette chaise qui quoique confortable commenca à lui donner une douleur aux fesses qu'un miracle se produise.

Perdue dans ses pensés, une voix forte et grave attira son attention. De dos, elle scruta la personne qui était un homme. Il était élegamment habillé d'un costume bleu qui semblait fait sur mesure tant qu'il lui allait parfaitement. Même à distance il émanait de lui une telle assurance attractive qui empêchait à Martine de détourner ses yeux. De là où elle était, elle pouvait admirer son corps athlétique, ses larges épaules et son allure fière. Elle constatait toute suite que c'était un bel homme sans avoir vu son visage et à cette pensée elle ria timidement avant de dire tout haut:
- Sauf si l'apparence n'était pas aussi trompeuse!

Elle sursauta presque lorsque l'homme fit demi tour et croisa son regard. D'abord surprise, elle mit longtemps à observer ces prunelles noires qui la fixait intensement comme un défi silencieux de le regarder. Un peu honte, elle finit par baisser les yeux lorsque celui ci la toisa avant de s'adresser au jeune homme qui lui faissait face d'une voix hautaine:
- Vous voyez bien que je n'ai pas de temps à perdre à recevoir des gens quémandant un poste ici j'ai plusieurs cas à étudier et je dois planifier mon voyage. Reçois la toi même et évite de me déranger pour si peu.

Sur ce, il tourna les talons et s'en alla. Son interlocuteur soupira vint me trouver et dit:
- Suivez moi madame, le directeur a une urgence et ne peut vous recevoir, il m'a chargé de le faire à sa place.

Martine se leva et suivit la silhouette frêle du monsieur tout en maudissant intérieurement le directeur en question et avec un brin d'espoir elle murmura doucement:
- Pourvu que tout se passe bien!

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