La chaleur l'a envahi et il trouve ça étrange. Il ne devrait plus rien sentir maintenant !
Ah, ça y est ! La mort est venue le chercher. Mais, est-il au paradis ou en enfer ? C'est un garçon trop gentil pour être aux côtés de Lucifer, enfin assez pour ne pas descendre.
Il sent de l'agitation autour de lui, des gens lui parlent. Que disent-t-ils ? Il n'a pas l'air de comprendre.
Ouvre les yeux, aller !
Ils les gardent bien fermer, exerçant une pression dessus comme s'il avait peur qu'on le force à voir. Une main vient se poser sur la sienne. A son contact, il se tend. Comme si cette sensation le dégoûtait, peut-être, le goût de la déception.
À ce moment précis, il comprend qu'il a échoué. Le monde dans lequel il se sent mal ne veut pas le laisser partir, mais pourquoi ? Il n'est rien ici, juste un être humain banal. Son absence n'aurait pas entraîné l'apocalypse! La terre compte assez d'habitants, un de moins ne lui aurait pas fait de mal.
Les larmes coulent le long de ses joues. La rage qui grandit en lui l'oblige à ouvrir les yeux, à regarder toutes ces personnes qui le retiennent prisonnier. Il ne demandait qu'une chose, être en paix.
— Mon chéri, c'est maman. Ton père va arriver, on va t'aider.
Il offre un regard d'une froideur à faire fuir le diable à sa mère, celle qui l'a mis au monde, qui lui a donné tout son amour. Il ne supporte ni sa présence, ni sa voix.
— Dégage ! Fous moi la paix, je ne veux plus vous voir !
Sans que personne n'ait le temps de comprendre ce qu'il se passe, Johan se lève, empoigne sa mère et la pousse contre la porte de la chambre. Il lui hurle des horreurs, aussi dures les unes que les autres. Les infirmières tentent de l'éloigner d'elle avec grande difficulté.
Cette maman si forte en temps normal, ne reconnaît plus son enfant. Comment pouvait-il devenir aussi méchant après avoir frôlé la mort.
N'est ce pas dans des moments comme ça que l'on se dit : la vie me laisse une seconde chance, c'est un signe, je dois profiter de la vie et avoir le sourire pour ces jours supplémentaires que l'on m'offre ! Lui n'a pas l'air de penser comme la majorité des gens. Il est devenu amer.
En un fragment de seconde, deux hommes, sûrement de la sécurité. Ilpénètrent dans la pièce et le plaquent au lit. Il finit attaché à celui-ci pour ne plus bouger. Une des infirmières lui enfonce une aiguille dans le bras, ce qui a le mérite de le calmer tout de suite. Il s'endort.
Un des médecins qui est intervenu prend Mère à part, quand au même moment, le père de Johan arrive. À l'expression figé sur le visage de sa femme, il comprend que quelque chose ne va pas.
— Monsieur et Madame HUSTER, veuillez me suivre dans mon bureau. Nous y serons plus au calme pour parler.
Dans un silence pesant, ils le suivent dans les couloirs froids de l'hôpital. Ils prennent place sur les fauteuils placés devant le bureau du DR LEWIS. Ils sont tendus, ça se voit et se comprend.
— Johan va très mal. La police a dû vous informer aussi que la personne qui a appelée les secours l'a vue sauter de la falaise. Beaucoup de jeunes y plongent, donc elle ne s'est inquiétée seulement après un petit moment, en ne le revoyant pas à la surface.
Il est clair pour moi que c'est bien une tentative de suicide, il n'a rien fait pour remonter.
Maria fond en larmes. Comment a-t-elle pu ne pas voir le mal-être de son fils ? José quant à lui ne réagit pas, il est trop secoué par cette annonce. Tous parents le seraient.
— Ne vous blâmez pas, la dépression touche malheureusement beaucoup de monde, et n'est pas toujours perceptible. Les malades, car c'est bien une maladie, le cachent très bien. Jusqu'au jour où celle-ci les enlise, et à ce moment la chute est rapide.
— Que pouvons-nous faire Docteur ?
— Dans un premier temps, parlez-moi de lui, de sa vie. Que je puisse comprendre qui il est pour l'aider. Après, nous parlerons de ce qu'il y a de mieux pour lui.
José prit la parole.
— Comment vous dire ? Johan est un bon garçon, vous savez ! Il est à l'écoute des autres, il est serviable et généreux. Mais pour autant, il est très réservé et peu causant. Même avec nous.
— D'accord ! Vous a-t-il déjà semblé perturber ?
— Pas plus que ça. Dit Maria.
— A-t-il déjà eu des idées noires ? Des moments où il se renferme sur lui ?
— Je suis désolé, je ne sais pas. Dit Maria.
Maria quitte la pièce en pleure, cette conversation est trop éprouvante pour elle. Il lui faut aller prendre l'air et vite.
— Ne vous inquiétez pas Monsieur HUSTER, ça va aller ! C'est dur à encaisser, je sais ! Vous avez vu des comportements étranges ?
— Docteur, Johan est mon fils et je l'aime mais il est spécial.
— Précisez-moi à quel point s'il vous plaît.
— Il a toujours eu des angoisses, des crises de panique qui arrivaient à n'importe quel moment. Il se réveillait en hurlant plusieurs nuits par semaine, complètement tremper de sueur. Nous avons fait de notre mieux pour l'aider, mais à ces dix-huit ans, il a préféré quitter la maison. Il est parti à quelques heures de chez nous et ne revient qu'une fois par mois. Il a pris ces distances avec nous, refusant que l'on vienne le voir. Nous avons respecté par peur de le perdre.
— Nous allons tout mettre en œuvre pour l'aider, croyez-moi ! Allez chercher votre femme, je vais vous expliquer la suite.
José sort du bureau pour rejoindre Maria. Elle est assise sur un des bancs la tête entre les mains. Il prend place à ses côtés et la prend dans ses bras.
— Le Docteur Lewis nous attend, viens ma chérie.
Ils remontent à l'étage sans grand enthousiasme, parce que la suite leur fait peur. Que va-t-il advenir de leur fils ? Arrivera-t-il à remonter la pente ? Que deviendra-t-il ?
— Prenez place ! Nous avons décidé de le garder ici pour un certain temps. Les tentatives de suicide sont très sérieuses. Nous devons faire au mieux pour lui.
Pouvez-vous lui ramener des affaires ?
— Oui, bien sûr.
— D'accord. Vous comprendrez bien qu'il est plus prudent que vous ne le voyez pas maintenant. Il vaut mieux que l'on arrive à créer un lien avec lui avant de vous autoriser à le voir.
— Nous comprenons, je vous ramène ces vêtements dans l'après-midi. Au revoir docteur.
Le trajet vers l'appartement de Johan fut rapide, juste le temps de rendre le nécessaire et de repartir.
Les voilà arrivés sur le parking du centre.
— Reste-là je dépose le sac et reviens tout de suite.
En peu de temps, le revoilà de retour dans le véhicule, il démarre et reprennent la route vers leur domicile.
— Ils vont l'aider soit en sûr, nous avons fait ce que nous pouvons, maintenant c'est à eux d'essayer.
Il avait prononcé ces mots sans grande conviction, pour éviter de culpabiliser d'avoir laissé leurs fils se débrouiller avec ces démons. De l'avoir abandonné.

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INCOMPLET
Non-FictionOn évolue dans le ventre de nos mères, avec des sensations que l'on apprivoise. Neuf mois pour grandir, pour se préparer à la vie et un jour la porte s'ouvre dans un torrent d'eau. Puis nous voila dehors. Notre vie passée bien au chaud est effacée d...