Chapitre 3

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Les autres pensionnaires sont déjà installés. Ils attendent calmement que le repas soit servi avec des conversations banales.

Julien fait signe à Johan de le suivre et se pose à l'écart des autres. Pour son premier repas, c'est mieux ainsi.

Deux des membres du personnel qui travaillent ce soir font leur entrée avec un chariot rempli de plats, ceux-ci sont conditionnés dans de grandes barquettes en plastique. On leurs en pose devant eux.

— C'est quoi ces couverts à la con ? demande Johan à son voisin.

— Des couverts en plastique mec ! Ils ne veulent pas nous donner de quoi nous blesser.

— Pff, n'importe quoi !

— Pas t'en que ça, certains ont déjà réussi. Le directeur de l'hôpital a eu de belles emmerdes. Donc maintenant, sécurité renforcée. dit-il en riant.

Le silence s'installe dans le réfectoire, jusqu'à entendre les mouches volées.

Dix minutes plus tard, la fameuse jeune femme s'installe à côté d'eux, mais les ignore complètement.

— Tu es aussi déprimante que cet endroit. lui sort Julien en rigolant.

Pour toute réponse, elle lui présente son majeur, ce qui fait sourire Johan, son caractère bien trempé lui plaît. Depuis qu'il vit loin de ses parents, le sien est plus affirmé. Avant, il n'aurait jamais osé envoyer chier quelqu'un, maintenant, il ne se gêne plus. Ce plongeons là changé c'est sûr.

Personne ne sait qui il est vraiment, et il aime cette sensation de contrôle. Au moins une chose qu'il apprécie dans sa vie.

Une fois leur plat fini, un infirmier passe et donne à chacun un gobelet contenant des cachets.

Je n'ai pas besoin de vos merdes, vous pouvez vous les garder ! dit Johan énervé.

L'homme lui répond dans un premier temps par un sourire moqueur, ce qui énerve encore plus Johan.

— Honnêtement, tu n'as pas vraiment le choix, donc avale ça. Ça serait dommage que je doive te les enfoncer dans le gosier. Lui répond l'infirmier sur un ton menaçant.

La tension est palpable, il n'accepte plus qu'on lui parle sur ce ton. S'en est trop ! D'un revers de la main, il envoie valser les médicaments par terre.

— Vas-y connard, viens me les enfoncer, tu verras ce que je vais en faire de tes doigts ! crie t'il.

— Ne joue pas au kéké ici Johan, ça ne sert à rien. Je te laisse une dernière chance de passer une bonne soirée, ramasse tes médocs et prends-les.

— Va...te...faire...foutre !

Plus personne ne bouge, les visages sont fixés sur eux.

— Prend les mecs ! Ne va pas t'attirer des problèmes pour si peu. dit Julien calmement.

— Merci mais mêle toi de ton cul!

L'infirmier fait signe à Sam de s'approcher. Celui-ci s'approche discrètement. Enfin, il essaye, car Johan le voit s'approcher.

— Repasse pour la discrétion Sam, tu es à la ramasse.

Le regard de Johan vers Sam et méprisant.

Calme-toi s'il te plait ! Viens avec moi, on va parler.

Il accepte à contre cœur et le suit dans le couloir. Il se dirige jusqu'à un petit bureau et s'installe.

— Tu veux me dire ce qu'il s'est passé avec Marshal ! Continue Sam d'une voix posé.

— Il voulait que j'avale des cachets et je n'en ai pas besoin. En plus, il me parle comme un chien, et ça ! Ça ne passe pas.

— Tu sais ce que c'est ? À quoi ils servent ?

En entendant ces questions, il se sent stupide. Pas pour sa réaction envers Marshal, mais pour s'être énervé sans savoir ce qu'on voulait vraiment lui donner. Il ne s'emportait pas comme ça avant, il réfléchissait.

— Ce sont des calmants pour t'aider à dormir, tu as eu beaucoup d'émotions en une journée. Pour un potentiel traitement, tu verras avec le Dr LEWIS, demain.

Johan hoche simplement la tête, il n'a pas envie de parler. Pour dire quoi ? Qu'il est désolé de s'être emporté ? Il ne l'est pas. Oui, les remords ont dû couler au fond de l'eau avec leurs amis, la culpabilité et l'empathie.

Sam quitte brièvement la pièce avant de revenir avec les fameux calmants.

— Je ne veux pas finir comme un légume !

— Ça ne sera pas le cas, tu es là pour être aidé Johan c'est tout. Le docteur te donnera seulement ce dont tu as besoin, rien de plus. lui répond Sam avec un petit sourire.

A-t-il le choix ? Non, autant les prendre ce soir, il verra bien demain. Il les avale en une fois à l'aide d'un verre d'eau.

— Va te coucher, tu en as grand besoin. Je suis de service jusqu'à demain midi. Bonne nuit.

Comme si elle allait l'être, il a un sérieux doute là-dessus. Ces nuits sont agitées depuis tout petit, pourquoi elle serait différente ?

Le voilà dans sa chambre. Elle n'est pas si différente de son appartement. Simple, sans trop de fioritures. Le strict minimum.

Il se lavera demain, à cette heure les médicaments commencent à faire effet. Il se couche dans le lit et ferme les yeux. Le sommeil ne se fait pas attendre.

Il ouvre les yeux et se retrouve dehors, en haut d'une montagne. La neige la recouvre entièrement, la vue est à couper le souffle. Il est vêtu d'un simple tee-shirt et pantalon en toile. Il était vêtu d'un simple caleçon, il y a cinq minutes, il n'y prête pas plus d'attention. Il est pieds nus dans la neige. Pourtant, il n'a pas froid. Il admire le paysage, c'est comme dans un rêve.

Existe-t-il un endroit pareil sur la terre ? Oui sûrement, mais il ne peut pas l'affirmer. Il a toujours habillé au même endroit.

La curiosité s'empare de lui. L'envie de descendre cette pente est très forte. Sur un coup de tête, il se met à courir le plus vite possible. Son rire fait écho, il est heureux, oui pour de vrai !

Il trébuche, est le voilà en boule entrain de la dévaler. Il ne se s'arrête pas de rire, même si l'oxygène lui manque, il sent moque totalement.

Sa chute s'arrête brutalement. Son corps frappe contre quelque chose. Qu'est-que-c 'est ?

Johan se relève rapidement, éblouie par le soleil, il protège ces yeux à l'aide de ses mains. C'est un panneau qui a arrêté sa descente. On peut lire sur celui-ci Mont Cervin, il ne le connaît pas. Sa curiosité attendra. Il décide d'avancer. Après tout, il n'a pas d'autre choix.

On a toujours le choix Johan, toujours!

Pourquoi aller tout droit ? Il peut aller à gauche ou à droite. Le voilà face à cette montagne, le regard braqué en haut.

Il prend une grande inspiration et commence l'ascension. Le vent souffle plus fort qu'avant, faisant voler la neige en plein sur son visage, cela l'empêche de bien voir ou il met les pieds.

Le froid s'infiltre sous ses habits, glaçant l'intégralité de son corps. Ces pieds sont lourds tel des blocs de pierre. Sa respiration est courte, l'air qu'il prend lui brûle la gorge.

Peut-être aurait-il dû continuer son chemin au lieu de vouloir repartir au sommet ? Non ! Il est persuadé de devoir essayer. Il doit aller au bout de son choix.

Suis le chemin, je me trouve au bout


INCOMPLETOù les histoires vivent. Découvrez maintenant