Chapitre 4

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Un cri perçant résonne dans tout l'étage. Que se passe-t-il ? D'où provient-il ? Les infirmiers courent tous dans la même direction. Celle qui mène à la chambre de Johan.

Il est recroquevillé dans un coin de la chambre, complètement trempé. Il tremble comme une feuille. Sam s'approche de lui et s'accroupit pour être à sa hauteur. Il est bouillant, comme s'il avait de la fièvre.

— J'ai les pieds gelés, je ne peux plus avancer. Je suis désolé, j'ai échoué, je rate toujours tout. Dit-il à voix basse.


Le pauvre est en larmes, il semble perdu. Son discours est incohérent.
L'infirmier pose sa main sur ces pieds, ceux-ci sont froids, vraiment froids. Il se retourne et s'adresse à son collègue.


— Va lui chercher une autre couverture s'il te plaît.


Celui-ci quitte aussitôt la pièce, pour revenir deux minutes après. Il la donne à son collègue et repart.


— Remets-toi dans ton lit, tu y seras mieux. As-tu soif ?

— Oui, s'il te plait.
Une fois qu'il a fini de boire, Sam lui reprend le verre.

— Rendors-toi, j'en parlerais au Dr Lewis avant ton rendez-vous.


Comment se rendormir après ça ? Il préfère se lever pour aller regarder par la fenêtre. La rue semble si paisible, il n'y a pas un chat à l'horizon. Il aimerait tant être dehors, à arpenter les rues jusqu'à la falaise. Ce si bel endroit qu'on lui interdit de voir.


Petit, il y allait avec Luigi, son grand-père, il lui racontait des histoires sur l'océan et les fonds marins. Leur complicité était sans faille et d'un amour sans limite.

Cet homme toujours à l'écoute, lui avait tout appris de la vie, un vrai mentor. Vous vous doutez bien de l'impact de sa mort sur Johan. Ça a été une vraie descente aux enfers alors qu'il n'était qu'un gosse. Il n'a a pas d'âge minium pour faire face a une tragédie. Mais du haut de ses dix ans, Johan n'a pas pu le gérer seul. Ses parents étaient trop affectés pour remarquer son état émotionnel.
Johan lui parle, surtout quand ça ne va pas dans sa vie, c'est-à-dire souvent.


À l'évocation de ces souvenirs, Johan se mit à pleurer. Jusqu'à aujourd'hui, il avait réussi à les bloquer bien au fond de sa tête. Ce centre n'est vraiment pas bon pour lui, il est nocif.
Ce sont les yeux remplis de larmes qu'il retourne vers le lit, et s'y installe. Ramenant la couverture sur lui, Johan se place en position fœtale, cela l'aide à se calmer. Après des minutes qui lui paressent des heures le sommeil finit par l'emporter.

On est au présent et au pluriel donc je choisirais « paressent » plutôt que « parut ».


Il est dans l'eau, comment a-t-il pu arriver ici ? Et puis pourquoi peut-il respirer normalement ? Rêve-t-il ?


Ces questions sont vites chassées par quelque chose qui attire son attention dans les profondeurs. Il nage vers ce faisceau de lumière. Ça l'intrigue. Johan est comme un poisson dans l'eau, s'enfonçant sans peine dans l'obscurité.

Pourtant, il n'a aucun problème pour se déplacer, son regard suit simplement le signal. On dirait du morse, son super papi, comme il l'appelait, lui a appris certains codes, mais celui-ci est indescriptible. Le seul moyen de le savoir est de s'en rapprocher.


Rapidement, il se retrouve devant. C'est un objet, un miroir, le miroir. Celui qu'il utilisait avec son grand-père pour jouer avec la lune. Son reflet retombe sur la surface de l'eau, c'était simplement très beau à voir.
Son papi lui disait de toujours suivre la lumière de la lune quand il était perdu, ce qu'il fait depuis son départ. Mais cette lumière ne risque-t-elle pas de l'aveugler s'il sent approche de trop ?


Il le prend dans ses mains et l'observe comme s'il s'agissait d'un précieux. Oui s'en est un pour lui.

Il l'avait jeté le jour de l'enterrement. La colère était montée en lui, et de rage, il l'avait expédié dans la mer. Ce geste qu'il regrette tous les jours, le seul lien qui lui restait reposait dans les profondeurs.

Il l'a enfin récupéré !

Quand tout à coup le visage de son grand-père surgit face à lui. La panique l'envahi. Il se mit à crier, mais aucun son ne sort de sa bouche. L'eau quand a-t-elle, pris aussitôt la place que Johan lui a laisser pour aller directement remplir ses poumons. La seule solution, c'est de remonter à la surface.

Veut-il vraiment remonter ? Il n'a pas le temps de se poser la question, qu'une force étrangère l'emmène vers le haut. Dans sa remontée, il voit un quart de lune, ce bel astre qui le fait rêver même incomplet.

Il est secoué dans tous les sens, comme prit dans un tourbillon. La peur monte en flèche, il n'arrive plus à bien voir. Tout est flou et indescriptible. Il ne pense plus, ses paupières se ferment doucement.

— Johan ! Johan !


Au loin, il entend son prénom, mais ne reconnaît pas la voix. Qui est-ce ? Son grand-père ? Il doit en être sûr ! Il se force à ouvrir les yeux à moitié et voit le docteur Lewis au-dessus de lui, avec la main levée. Il n'a pas le temps de comprendre que celle-ci atterrit sur sa joue.


Mais ça ne va pas non ? Depuis quand vous frappez vos patients ? hurla-t-il.

— Je suis désolé Johan, mais ça fait dix minutes qu'on essaye de te réveiller. Tu nous as fait très peur. Tu suffoquais et ton visage devenait bleu, tout comme tes lèvres. On a même cru que tu faisais un arrêt !

Johan est sous le choc, était-il en train de mourir ? Il rêvait pourtant ! Non ?

Le miroir ! il est où ?

Quel miroir ?

Celui de....


En voyant tous les regards fixés sur lui, comme s'il était une bête de foire, il se tait. C'est un vrai attroupement dans la pièce. Sam voyant le regard terrifié de Johan, il fit sortir tout le monde.

Aller finir votre petit-déjeuner, s'il vous plaît !

La femme qu'il avait remarquée hier ne bouge pas. Elle le regarde bizarrement, ce qui le fait stresser d'avantage.


Jeanne ! Va avec les autres. Tout de suite ! dit Sam en lui indiquant la sortie du doigt.


Pourquoi elle le regarde de cette manière-là ? Qu'a-t-il de si intéressant pour être analysé comme ça ? Elle est vraiment intrigante. Il compte bien lui demander le pourquoi du comment.


Sam lui conseille d'aller à la douche, car le pauvre est trempé de sueur. Une fois, celle-ci prise, il se dirige vers la salle de repas. Il aperçoit Julien déjà attablé, s'en approche et s'assoit à ses côtés.

Salut.


Salut Johan ! Alors ta première nuit a été mouvementé ?

Comment tu... ? Non laisse tout le monde le sait.

Oui, vue que tu as rameuté tous les soignants dans ta chambre. dit-il en rigolant.


Il rigole vraiment pour un rien ce Julien, surtout quand il n'y a rien de drôle.
Une fois le repas finit, Sam vient à sa rencontre. Il est l'heure pour lui d'aller voir le docteur LEWIS. Johan va devoir redoubler d'efforts pour mettre son plan à exécution. Difficile vue la nuit qu'il a passée.

Arrivé au bureau, la porte s'ouvre.



— Rentre Johan ! dit-il avec un sourire forcé.


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⏰ Dernière mise à jour : Jan 17, 2020 ⏰

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