Chapitre 2

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Johan ouvre péniblement les yeux. La lumière des néons lui brûle la rétine, l'obligeant à s'en détourner. Où se trouve-t-il ? Cela, il l'ignore. Sa mémoire lui fait défaut, ce qui le pousse à se faire violence pour revenir en arrière.

Le saut dans la mer, les sirènes ! Les massages dont la douleur sur sa poitrine est encore présente.


L'hôpital ! Voilà, où il se trouve. Sa mère était là, en pleure à ses côtés, lui tenant la main. Il se souvient l'avoir repoussée, il ne voulait pas la voir. Il se sentait si bien là-bas !


Ses parents n'ont jamais pu s'empêcher de faire des choix pour lui, que ce soit professionnellement ou niveau coeur. D'où, son départ du cocon familial à sa majorité. Il pouvait enfin prendre sa vie en main, décider par lui-même de ce qu'il voulait ou non. Il avait un pouvoir exclusif sur sa vie.

Pourtant, le bonheur ne se montrait pas, il ne s'était jamais présenté à lui à vrai dire. Le jeune homme qu'il est, est joyeux, plein de vie et il sait faire la fête. Du moins en apparence, cette façade qu'il a créé le protège. Il compte bien faire pareil ici. Il est hors de question de s'éterniser en ces lieux. Il ne pense qu'à reprendre où il a été stoppé. Dans moins d'un mois, il y parviendra.

— Bonjour Johan, je suis le Docteur Lewis, un des psychiatres du centre.

— Quel centre ? Je suis à l'hôpital, non ?

— Oui, tu es au centre hospitalier psychiatrique.

— Désolé de vous décevoir, mais, je n'ai rien à faire ici. Je n'ai pas tenté de me suicider, j'ai juste fait une chute qui a mal tourné, cela arrive.

— Nous en discuterons pendant notre séance de demain, elle est planifiée à dix heures. Un aide-soignant viendra te chercher dans peu de temps pour te montrer les lieux. Je te conseille de manger pour reprendre des forces et de bien dormir, à demain.

Il tente de répliquer, mais le regard du docteur lui fait comprendre de se taire. Il est préférable de rentrer dans les rangs rapidement, s'il veut être libre dans tout juste trente jours.

Il est tout juste dix-huit heures et la lumière du soleil éclaire encore la chambre où Johan est installé. Le voilà dans de beaux draps, il y croyait vraiment cette fois-ci, il avait réussi à sauter et ne s'était pas débattu. Le courage avait été au rendez-vous, il était bien. Il va devoir rejouer un rôle maintenant, montrer qu'il veut remonter la pente, que tout le monde le voit bien dans ses baskets. Pourtant, il en a marre de faire semblant de paraître normal, ça l'épuise.

Mais quelle est la norme aujourd'hui. Avoir une famille, des amis et un travail. Tout ça il l'a, sauf l'amour, cette saleté le fuit comme la peste. Après tout, il n'en a pas besoin pour l'endroit où il veut se rendre, qu'il reste où il est.

— Bonsoir, je m'appelle Sam. Je te fais une visite des lieux ?

— Oui, pourquoi pas ! Il en a marre de faire semblant pour paraître normal.

L'homme le fixe avec un sourire gêné, comme s'il se doutait que le séjour de Johan durait un certain temps. Mais ça, le psy lui expliquera demain.

— Suis-moi !

Ils arpentent un long couloir assez bien décoré. Ce qu'il trouve bizarre vue le lieu où-il se trouve. Des tableaux de paysages sont placés sur toute la longueur de celui-ci, c'est joli.

— Voilà la salle commune, tu peux y venir quand tu veux. Elle est libre d'accès, tu y as des livres, des feuilles pour dessiner ou écrire. La télé, quant à elle, est allumée le midi et le soir, la journée nous privilégions les activités et les groupes de parole.

Johan le suit sans broncher, il regarde les autres ... Comment les appeler ? Patients ? Malades ? Fous ?
Ils ont l'air bien, ce sont sûrement les cocktails de médicaments qui leur sont distribués. Il avait vu ça pendant les visites qu'il rendait à son grand-père. Lui, était vraiment fou.

— Ici, c'est le réfectoire, tous les repas se passent ici, sauf exception. Pour ton repas de ce soir, tu viendras ici. Il est mieux que tu ne manges pas seul.
Les douches sont au bout du couloir, pour les toilettes, tu en as dans ta chambre. Ça ira ?

— Oui, j'ai une bonne mémoire et puis ce n'est pas si grand.

— D'accord, il reste une demi-heure avant de manger, va te poser dans la grande salle en attendant. Fais connaissance avec les autres, ils ne mordent pas.


— Vous en êtes sûr ?!


Sans attendre la réponse de Sam, il tourne les talons. Il n'a pas envie de s'éterniser à ses côtés. Son air mielleux l'énerve. Il n'est plus un enfant, donc être materné comme ça l'irrite au plus haut point.


Il n'y a que trois personnes dans la pièce, deux femmes et un homme. Ils les évitent et se dirigent vers l'étagère où sont placés plusieurs livres. Les titres sont flippants : le bien-être, aime-toi. Tous dans ce genre-là, rien de tel pour déprimer d'avantage. Où sont les récits de science-fiction ? Les romans dark ?
Il s'effondre sur le fauteuil le plus près est ferme les yeux.

— Eh ! mec, moi c'est Julien.


Il ouvre juste un ?il pour observer le type qui lui parle, et lui répond par un soupir, le fait qu'ils se sentent tous forcer de se présenter avec cette fameuse phrase : moi c'est. Mais qu'est qu'il s'en moque de leur nom.

— Désolé, je ne voulais pas te déranger.


Et voilà, qu'il se met à culpabiliser. Voir les yeux embués de son interlocuteur est au-dessus de ses forces. C'est une de ses faiblesses et elles sont nombreuses. Le fait de s'inquiéter pour tout le monde sans arrêt, d'avoir peur qu'ils leurs arrivent quelque chose, le mets dans des états pas possibles. Donc il préfère les faire passer en premier quitte à s'oublier.

— Johan.

Tu as l'air réserver comme mec, ne t'inquiète pas ça ira, après tu seras comme un poisson dans l'eau ici !


Pas sûr que ça soit son cas. Un poisson dans l'eau c'est ce qu'il était, il n'a même pas chercher à remonter à la surface pour respirer. Ici, il n'y a que de l'air et rien qui ne le mette dans son élément.

— Si tu le dis.


Julien passe le reste du temps qui sépare sa présentation de l'heure du repas à parler. Le pauvre Johan est sur les nerfs à l'écouter se plaindre de sa vie. Il a déjà la sienne à gérer, depuis sa chute, le sort des autres l'affecte moins bizarrement.

Un homme habillé en blanc vient leurs signifier que le repas est prêt. Comme s'il ne pouvait pas être vêtu autrement, avec un peu de couleur pour être raccord avec les tableaux du couloir.

En se levant, il jette un œil derrière lui, l'une des filles n'a pas bougé et ça l'intrigue. Il a toujours réussi à voir le mal- être des gens et il y en a un chez elle.

C'est peut-être cela qui le rend spécial, comme un super héros. Mais s'il doit en être un il est plus Hancock que Super man.



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