Chapitre 3

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Kizetsu. Give up. C'était la musique que j'avais en tête. Une mélodie douce qui m'emmenait loin. On était dans une rue animée de Time Square en pleine nuit et tout était faux. Les passants n'existaient pas, certains magasins étaient nouveaux et il en manquait d'autres.

En courant, on hurlait de joie. J'avais vraiment l'impression d'être dans un film. Ou plutôt de le regarder. Je ne savais pas si je contrôlais mes actions. C'était si flou. Après tout, ça restait un rêve. C'était dans ma tête, tout ça.

Mallaury s'arrêta un instant. Elle leva les yeux. Il y avait un feu d'artifice et cela venait d'elle. Mon amie venait d'ajouter quelque chose dans notre paradis. Alors, j'ai pris mon courage à deux mains. J'ai saisi les siennes et je l'ai regardée dans les yeux.
- Je t'aime...

Ces mots résonnent encore dans ma tête aujourd'hui. J'ai l'impression d'être dans ce rêve à nouveau. D'entendre sa putain de réponse.
- Moi aussi, Lukas. Moi aussi !

Le monde s'était arrêté. J'ai touché ses lèvres avec les miennes. On s'embrassait avec passion et envie. Collés l'un contre l'autre, dans la rue, on ignorait nos amis. Je ne savais pas ce qu'ils pouvaient penser mais j'étais convaincu d'une chose. Ils étaient heureux.

L'heure était exacte dans nos rêves. Sur une pendule, une montre ou bien un réveil, on savait combien de temps il nous restait avant de nous endormir.
- Bon !
Parker attira notre attention.
- On va se faire une soirée ?

Nos yeux étaient luisants. On aurait dit des enfants devant un jouet plus grand qu'eux ou bien avec un chocolat dans les mains. On était surexcités. C'était la meilleure idée de la nuit !

Il n'y avait pas de police. Pas de mec détestable de la fac. Pas de risque d'overdose ou de black-out. On pouvait profiter à fond sans en subir les conséquences.

J'ai essayé toute sorte de drogue. Je ne suis pas comme ça en réalité mais j'ai voulu essayer. Je n'allais pas ressentir les mêmes effets, je le savais. C'était juste une façon de me dire que moi aussi, j'ai fait ce que les étudiants de ma fac ont fait.

Cocaïne, Herbe, Canabis et j'en passe. Je buvais sans faire attention à mes amis qui étaient perdus dans la foule en chaleur. Entre odeur de transpiration, musique à fond, rires et hurlements, j'avais l'impression d'y être. Comme si finalement, il n'y avait jamais eu d'histoire de rêve commun.

Lorsque je suis allé aux toilettes, j'ai vu une femme faire une fellation à Parker. Je n'ai hélas jamais pu me sortir ça de la tête. C'était comme un parasyte qui luttait quand on essayait de l'éliminer. Un acharnement douloureux. Plus je souhaitais me passer de ça, plus j'y pensais.

Les heures passaient si vite. On s'amusait tellement. Ce fut étrange d'entendre le son de mon réveil interrompre cette musique défilant dans la gigantesque maison. Je voyais le monde se brouiller autour de moi. Scott venait de disparaître sous mes yeux. Puis, ce fut le tour de Coleen.

Les autres, je ne les ai pas vu partir. J'ai fini par ouvrir les yeux. J'étais émerveillé par ce qu'on a pu vivre. C'était impensable. On a défié les lois du monde. La vie était si mystérieuse. Comment avons-nous pu créer cet univers ?

Mon chat se trouvait à mes côtés. Il ronronnait en se frottant à moi.
- Salut petite boule de poils.
Je lui parlais comme si j'attendais la moindre réponse de sa part. Un "salut, comment ça va ? Tu as bien dormi ?". Soyons réaliste, un peu. J'ai peut-être fait un rêve paranormal mais un chat qui parle ? Je manquais de sommeil... Six heures, ce n'était pas assez. Surtout que la veille, je n'ai pas pu me reposer plus longtemps.

Quelqu'un frappa à ma porte deux heures après mon réveil. C'était ma nouvelle compagne. Oui, j'ai pu l'embrasser mais il n'y avait rien de réel. C'était un simple rêve. Alors, j'ai décidé de lui donner un baiser de si bon matin.
- Bonjour. dis-je, les joues sûrement rouges.
- Tu as les joues rouges.
Qu'est-ce que je disais ? Je le savais. Je n'avais pas vraiment oublié, j'ai toujours les joues rouges. Ça fait du bien de me remémorer ce genre de moment. C'était encore tout rose. J'avais mes amis, ma chérie et une bourse.

Assise sur mon lit, mon chat sur ses cuisses, ma petite amie m'observait mettre mon sac. Petite correction, elle se moquait de moi. J'avais du mal et forcément, je ne pouvais pas me permettre de faire mon hurlement rituel.
- Tu ne peux pas le mettre sur une seule épaule ?
Bonne idée. En fait, c'est ce que je faisais à chaque fois. Je ne pouvais juste pas arrêter d'essayer. Chaque matin, c'était la même torture.

Main dans la main, on avançait. Tout le monde nous regardait à la fac. Je ne savais pas trop comment réagir. Est-ce qu'ils nous trouvaient mignons ? Parker avait agressé un de ces sales types et il était aussi fort probable qu'on nous méprise.

En saluant mes amis, je me dirigeais vers les toilettes. Deuxième pipi du matin. Puis, comme d'habitude, on s'est observés devant le miroir.
- Au fait, tu t'es fais plaisir, souriais-je en fixant Parker.
- Comment ça ?
- Cette nuit, tu t'es fait... Sucer ! Par qui ?

Mon ami fronça les sourcils. Il me regardait également à travers le miroir, les mains sur le lavabo, le dos légèrement courbé vers l'avant.
- Je ne comprends vraiment pas.
- Allez, t'inquiète, j'ai pas tout vu. De toute façon, tu aurais pu ajuster la taille de ton penis vu que c'était un rêve.
- Je ne fais pas semblant, je n'ai juste pas ce souvenir.

Nous n'étions pas saouls. On a bu de l'alcool, on s'est drogués, on a tous fait n'importe quoi mais on n'a pas pu perdre la mémoire.
- Tu as oublié ton rêve ?
- Pas du tout.
C'est à ce moment qu'on s'est tous posés la question. Nous en avons parlé le midi même. Pourquoi mon camarade avait oublié cet acte ? Est-ce que nous étions finalement dans un rêve différent ? Je ne savais plus quoi penser. C'était beaucoup trop farfelu pour moi et j'en avais assez. J'ai décidé d'arrêter.

Coleen, Scott et Parker m'évitaient. Toute la journée, je suis resté avec Mallaury et encore, elle m'a parfois laissé seul pour aller les voir. Pendant ces longs moments de solitude, je restait assis sur un banc. On n'avait pas cours de l'après-midi.

Ils s'amusaient sans moi et c'était mieux ainsi. Pourtant, j'ai fait la connerie d'aller les voir. J'étais de nature curieuse. Bien-sûr que j'allais continuer. Qui n'a jamais voulu s'évader avec ses amis ? Invasion de monstre, pouvoirs divins, soirées parfaites, nourriture à volonté. On pouvait s'imaginer n'importe quel scénario. On avait juste une règle : réveil à six heures.

Pendant plusieurs jours, tout était amusant. Parker et Scott s'étaient trouvés des copines imaginaires. J'aurais pu me moquer d'eux mais au moins, ils ne se prenaient pas la tête. Après tout, on était capable de ressentir les émotions et le plaisir.

J'avais tort de penser qu'il n'allait rien nous arriver. Quand je me suis réveillé, un matin, j'ai cherché mon chat. Il n'était plus dans ma chambre pourtant fermée. C'était une connerie, je sais mais je mettais sa litière dans la pièce pour la nuit. Ça ne sentait pas la rose mais au moins, j'avais une présence dans mon appartement.

La petite bête était dans la cuisine. Heureusement, il était vivant. Au départ, je pensais qu'il n'y avait aucun lien avec mes rêves. Un chat peut être intelligent, n'est-il pas ? Le pire reste à venir. Si je m'attarde sur ce matin, c'est qu'on a appris quelque chose.

Mallaury était enceinte. Je n'ai fait l'amour qu'une seule fois avec elle et...

C'était dans notre rêve.
- Tu n'as vraiment couchée avec personne d'autre ? demanda Coleen.
- Je ne t'en voudrais pas, ai-je ajouté. Dis-moi que tu m'as trompé, je m'en fout.
- Tu t'en fous ? Alors tu ne m'aimes pas ?
- Ce n'est pas ce que j'ai dit. Ce qui me fait peur, c'est l'influence de ce rêve sur la réalité.

On venait à cet instant de comprendre qu'on est allés trop loin. C'était dangereux de nous retrouver là-bas. Le problème, c'était qu'on ne savait rien gérer. C'était un événement surnaturel qui dépassait l'entendement. On n'a rien pu faire. Nous devions juste continuer de rêver et de faire attention.

Vous vous doutez bien que ça ne s'arrête pas là. Après tout... Scott est mort.

Our Dream (en correction) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant