Chapitre 8

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Je devenais fou. Fou de rage. La police allait encore enquêter sur moi alors je ne pouvais pas me permettre de tuer Parker.

Vous croyez donc que je me suis gêné ? Non, non, non, non, non... Non ! Je ne pouvais pas laisser passer ça. Cette souffrance que je ressentais. Il fallait qu'il la ressente aussi. Je voulais régler ça. Bien entendu, je ne pouvais pas le tuer chez lui. J'ai dû attendre de retourner dans ce cauchemar pour la dernière fois...

Coleen était à l'hôpital. Elle avait tellement de chance. Ses chances de survie étaient à l'origine nulles. Bon, comme elle était dans le coma, je ne savais pas vraiment si c'était mieux. Peut-être qu'elle était perdue de l'autre côté. Que pour elle, ce serait encore plus long et douloureux.

J'attendais à son chevet. La fac m'a appelé pour me virer. J'étais suspect pour la mort d'un camarade, je loupais des cours et j'aurais participé à l'affront entre Parker et Jack.

Je me demandais... Comment ma vie se serait déroulée si j'avais été ami avec lui ? Scott ne serait probablement pas mort, Parker ne m'aurait pas déçu et puis... J'aurais peut-être enfin fait l'amour. Pas dans un rêve.

Parfois, on me demandait de sortir de la chambre de ma petite rousse. Je ne savais pas ce qu'ils lui faisaient et je ne voulais rien savoir. Je préférais penser à son bonheur. Au fait qu'un jour, elle puisse se réveiller et reprendre un nouveau départ.

Finalement, elle aura été la plus douce avec moi. Je regardais son ventre tout rond. Je souriais en me disant que j'aurais quand même pu être papa. Puis, je me suis souvenu de notre tout premier rêve. Celui qu'on a fait tous ensemble. Coleen était enceinte de Scott. Ils allaient l'appeler Carla.

Putain, j'aurais dû veiller sur lui. C'était dur d'imaginer cette petite fille avec uniquement sa mère pour l'élever. J'en étais certain : il aurait été un père formidable.
- Monsieur, vous devez rentrer chez vous...
- Je n'ai plus de chez moi.

J'ai menti mais j'ai toujours rêvé de faire une scène dramatique comme celle-là. Pour le coup, même si c'était en partie faux, j'étais à deux doigts de finir à la rue. Sans l'argent de mes parents, j'avais à peine assez pour me loger.

Mon chat m'attendait avec impatience. Il n'avait pas mangé depuis un moment lui aussi. Heureusement que je suis rentré à temps, il commençait à manger ma couverture. Je l'ai toujours trouvé con ce chat.

Les heures défilaient lentement ce jour-là. J'avais tant hâte de buter Parker. Le pousser en haut d'une nacelle, lui aussi. Dans mon lit, j'attendais qu'il soit minuit. Le souci était que je devais attendre que lui aussi, il s'endorme. S'il était avec Mallaury, ça posait problème.

On peut dire que je ne manquais pas de chance. Cette chienne est allée voir son amie à l'hôpital. J'avais juste à régler mon compte avec lui. On était sur un toit d'immeuble. Face à face. Il faisait nuit.
- Lukas...
Mon regard devait en dire long. Je le voyais, apeuré. J'avais presque envie d'être clément envers lui. En y repensant bien, il n'a fait que fuir ses responsabilités. Il n'a jamais demandé à ce que tout ça arrive. Le truc, c'est que je suis rancunier.

J'ai fait un pas en avant et j'ai pris une grosse inspiration.
- Alors tu vas vraiment me tuer ?
- Tu t'attendais à quoi ?
- Je voulais juste que tout s'arrange...
Il fit apparaître une cigarette. C'était rare de le voir fumer. En fait, c'était dans des situations de stress intense. Avant un examen, même s'il était sûr de le réussir, il s'allumait sa clope.

Puis, il me tourna le dos. La tête levée, les yeux dirigés vers la lune, il sourit. Je le connaissais vraiment trop. Sans le voir, j'avais compris qu'en même temps, il pleurait.
- On a eu une belle amitié quand même.
Je n'osais pas répondre. C'était triste. J'avais la poitrine en feu. Comme si mon cœur voulait sortir.

J'entendais sa respiration saccadée. Ensuite, il se mit à rire pendant quelques secondes.
- Je me rappelle de ce moment où on est sortis tout les trois pour la première fois. On parlait d'habiter ensemble dans une villa, plus tard. On y aurait fait les plus grosses soirées du monde.

Je m'en souviens également. Je peux le dire avec certitude. C'était un des plus beaux jours de ma vie. J'avais enfin un rêve à accomplir. Un objectif dans la vie.
- Je suis vraiment désolé d'avoir tout gâché, Lukas.
Il se retourna et ferma les yeux. Concentré, il forçait jusqu'à faire apparaître un révolver dans sa main.
- Mais je veux vivre...

J'avais ce foutu moment en tête. Cette promesse qu'on s'était fait. Une promesse d'hommes.

"N'oubliez jamais ça, les gars. Moi, le grand Parker, je serais toujours plus fort que vous. Je travaille mes muscles sans arrêt. Par contre, vous, vous me dépassez sur un point... Vous êtes les meilleurs amis que j'ai jamais eus."

La balle est partie. Pendant que je divagais, il s'était permis de tirer. Pourquoi m'aurait-il laissé le temps de réagir ? J'aurais dû être plus concentré. J'avais entendu ce bruit sourd. Cette détonation...

Parker aurait pu me tuer. Son arme avait disparue. Les ténèbres nous entouraient. J'avais réussi à les dompter. Ma haine et ma souffrance ne faisaient plus qu'un avec ce cauchemar. C'était moi le nouveau dieu de ce rêve. Je contrôlais tout. Alors, d'un geste de la main, j'ai effacé cet endroit comme si je tournais une page. On s'est retrouvé sur une plate-forme pétrolière.

Je ne me souviens pas du combat. Puis, je vous avoue qu'on s'en fout un peu. Vous êtes psychologue, pas un mec qui regarde un film d'action. Savoir que j'ai failli tuer ce bâtard plus de dix fois ne vous intéresse pas... Puisque j'ai échoué.

Dans le sable, face à la mer, je ne parvenais plus à bouger. C'était peut-être une paralysie du sommeil qui survenait au mauvais moment ?
- Lukas. Laisse-moi tranquille. Je te promet que je vais sortir de ta vie.

Parker était debout, lui. Il était capable de bouger. Je le voyais partir. Pourquoi est-ce qu'il faisait jour ? Pourquoi les enfants hurlaient de joie en courant jusqu'à l'eau ? Je venais de comprendre qu'au fond, j'ai vaincu le cauchemar.

J'ai vaincu l'horreur, la colère, la tristesse et tout ce que je devais combattre. J'étais devenu quelqu'un de bien.

Le réveil sonna à six heures. J'ai allumé ma lumière, je suis allé à la fenêtre et j'ai observé la ville au lever du soleil. C'était magnifique et surtout, il n'y avait plus de parc d'attraction. Le rêve était fini.

Vous pensez que cette histoire est terminée ? Non, voyons. Je ne suis pas venu vous raconter ça pour évacuer ce que j'avais sur le cœur. En fait, je suis venu faire quelque chose de plus intéressant, monsieur le psychologue. Restez à l'écoute, je vous prie. On arrive à la meilleure partie de l'histoire.

Pourquoi est-ce qu'on s'est tous retrouvés dans ce rêve ? La réponse était évidente. On avait tous un lien très puissant. Cependant, je n'étais pas convaincu. Après tout, personne n'a vécu ce genre de chose, hein ?

Voici maintenant le chapitre finale de mon histoire, l'ami.

Our Dream (en correction) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant