Chapitre 5

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J'appréhendais le moment où j'allais retourner dans ce rêve. J'imaginais des monstres partout, un monde totalement noir et détruit...

Il n'y avait rien de tout ça. C'était notre monde habituel. Time Square illuminé. Il faisait nuit et Mallaury s'était arrangée pour que de nouveaux feux d'artifices apparaissent. C'était comme chaque nuit, hein ? Je voulais y croire.

Parker afficha son plus beau sourire. Il faisait toujours peur mais il était là, devant nous, tout content. Tout était comme avant. On pouvait faire n'importe quoi.
- Venez, on va chez Coleen ! s'exclama Scott. Apparemment c'est grand !
- Tu plaisante ? rit la jeune rousse. Je peux essayer d'imaginer mon appartement mais je vais l'agrandir, tu peux en être sûr.

Mallaury m'attrapa la main à cet instant. Moi, j'étais convié à aller chez elle. Cette nuit là, j'allais la passer en sa présence. Elle aurait dû venir chez moi par la même occasion. On aurait pu faire l'amour. Réellement, je veux dire.

Lukas et Mallaury. Le couple du monde des rêves. Ça sonne faux. Moi, je voulais du vrai sexe ! Alors, je lui en ai parlé. On était chez elle et je lui ai demandé si cela ne la gênait pas de se réveiller.
- Comment on fait ?
Bonne question ! En fait, on n'a jamais trouvé de solution. On devait attendre six heures.

À 3h, on a décidé de regarder la télévision. On s'imaginait une nouvelle série et c'était vraiment fabuleux. J'ai toujours rêvé d'inventer des films ou des histoires intéressantes. Seulement, je n'avais pas ce talent. J'étais juste capable de transcender la loi de l'univers.

Juste ? Il se fout de moi, me direz-vous... Je ne suis pas en position de dire que c'est ridicule, après tout, c'est moi qui suis là, à vous raconter à quel point c'était cool et tout le monde aimerait être à ma place afin d'essayer. Attendez la suite...

Il était 4h et quelqu'un frappa à la porte. Je pensais que Mallaury s'était imaginée en train de se faire livrer des pizzas. J'ai eu tort. C'était Coleen.
- Les gars sont en bas. Vous venez ?
- Pour faire quoi ? demanda Mallaury.
- On vient de créer un parc d'attraction.

Moi, je sautillais partout. Quelle joie d'aller dans un parc et faire un tas de manège virtuels. Sérieusement, j'adorais le concept. C'était ironique, d'ailleurs. J'ai jamais eu envie d'aller dans une vraie fête foraine. Je pense que le fait de me sentir oppressé par cette histoire de ténèbres me poussait à apprécier chaque bonne chose.

Le hic, c'est que j'avais terriblement envie de mettre ma langue entre les cuisses de ma compagne. Excusez-moi d'être grossier mais je tiens à vous retranscrire chaque émotion pour être dans l'ambiance. Maintenant, si on pouvait éteindre la lumière, ce serait parfait...

Dans le noir, j'embrassais ma princesse. Les autres étaient déjà au parc. On allait les rejoindre après notre petite séance érotique. Elle me caressait... Je vais éviter de rentrer dans ce genre de détail. On va passer au moment suivant.

Lorsqu'elle s'est mise au-dessus de moi, j'ai entendu comme un bruit. Quelque chose qui grattait le lit. Je ne vous raconte même pas à quel point j'ai eu peur. J'étais tellement surpris que j'ai poussé un hurlement qui a fait crier Mallaury à son tour.

J'ai poussé cette pauvre demoiselle et allumé la lampe de chevet dans l'immédiat. Super ! Une lampe rouge. On voyait à peine la chambre. L'éclairage était trop tamisé. On pouvait au moins apercevoir le contour des portes.

C'était très effrayant. Il y avait peut-être quelqu'un ou quelque chose dans les couloirs. C'était la pénombre totale. Je devais donc penser à autre chose. C'était juste dans ma tête. J'avais peur, c'est tout. Le plus drôle, c'est que j'y croyais vraiment. J'étais persuadé que tout venait de mon imagination.
- Les gars ? Parker, Scott, vous abusez !
- Arrête, tu me fais peur...

Elle m'attrapa le bras et commença à trembler. Je la regardais dans les yeux, souriant. Je devais être rassurant pour la rassurer. C'est logique, non ?
- Reprenons ce qu'on était en train de faire...
Oui parce que bon... On était clairement à poil ! Entièrement nu ! Pas de chaussettes au lit !

Pendant quelques minutes, je la faisais jouir comme une dingue. Je ne suis pas un fragile alors je ne gémis pas mais je vous assure qu'elle baise comme une déesse. J'avais envie d'hurler son nom à plein poumon. Rien que pour lui dire que je l'aimais. Je ne l'ai pas assez fait...

Soudain, quelque chose attira mon attention. C'était encore un bruit mais cette fois, j'avais envie de chialer moi aussi. J'ai entendu quelqu'un courir dans ce foutu couloir. C'était pas mes amis. Je le sais. Je n'ai pas entendu quelqu'un traîner ses pieds. Pas un vieux frottement, non. Des bruits de pas lourds. Bom, Bom, Bom, Bom ! Ce genre de son.

J'ai jeté un œil à son réveil. Pas besoin de faire de calcul avec les aiguilles, c'était numérique. Il me restait une heure de survie. Entouré par l'obscurité. Je n'osais plus parler. J'étais tétanisé par la peur. C'était un rêve, non ? Je pouvais essayer de tout allumer.

Rien ne fonctionnait. Je n'arrivais pas à penser au bien. Plus j'essayais de me sortir de cette situation horrifique, plus des images de monstre me montaient à la tête. J'étais probablement en train de créer quelque chose dans les ténèbres de la maison de Mallaury. Évidemment, je devenais parano. J'imaginais de plus en plus de bruits et ceux-ci devinrent réel. De quoi faire paniquer ma pauvre chérie.
- On... On devrait partir.
- Tu as fermé à clé ?
Oui, elle avait fermé. Heureusement, on était un minimum intelligents. Elle a imaginé une porte ouverte et au moment où elle m'a donné le signal...

J'ai couru.

Loin, très loin. Je me precipitai vers l'entrée dans cet éternel couloir. Il était infiniment long. Je ne voyais même pas le bout. J'étais perdu. C'était un véritable cauchemar. Des hurlements résonnaient près de moi. J'en avais mal aux oreilles. Du sang sortait des murs. La lumière revenait peu à peu. Je voyais de mieux en mieux ce liquide à l'odeur métallique. Ce liquide à la couleur froide. Pourpre. Me laissant dans un sentiment d'inconfort. Je voulais juste mourir et me réveiller...

Fallait juste fermer les yeux. J'étais à genoux, les mains sur la tête, j'en avais marre. Puis une main s'est posée sur mon épaule. J'étais dans le parc avec mes amis. Tout allait bien. Tout était fini.

J'ai pu profiter des manèges avec un de ces maux de ventre. Je n'oublierais jamais cette douleur et cette peur. Rien qu'en vous le racontant, j'en ai encore des frissons. Je revois ce couloir abominable. Ces hurlements me poursuivent encore. J'avais l'impression d'entendre mes amis en pleine séance de torture.

À six heures, on s'est tous réveillés. J'en voulais à Parker. Il ne pouvait pas se douter que tout se passerait mal à cause de lui mais c'était bel et bien de sa faute. Il avait provoqué cette mystérieuse force qui nous laissait nous amuser. Maintenant, on nous agresse psychologiquement. On avait peur que cela dure.

Le pire, c'est quand je me suis réveillé. J'avais l'impression que le monde des rêves se mélangeait au nôtre. La réalité fusionnait avec la fiction. L'imagination... Personne ne pourra me croire mais c'est arrivé. J'ai retrouvé mon chat à l'envers. Il marchait sur le plafond. Dingue, non ?

J'étais si mal dans ma peau que je ne suis pas allé en cours. Ce jour-là, j'ai passé mon temps dans mon lit. Personne n'est venu me voir. Je me suis dit qu'on ne s'intéressait plus à moi mais je me trompais. Les autres aussi sont restés chez eux.

La chambre de Parker était inondée à son réveil. Il m'a expliqué le soir-même, au téléphone, qu'il était dans un bassin profond dans le rêve. Une piscine dans le parc d'attraction. Scott et Coleen n'ont rien vu de leur côté.

Mallaury m'a fait pleurer. Je versais ces larmes inconsciemment. C'était juste terrifiant. Elle a retrouvé un mot sur le miroir de sa salle de bain. Quelque chose écrit avec du sang.

"Je vous observe"

C'était sûrement la personne ou la chose qui nous regardait en plein ébat sexuel. Il nous arrivait quelque chose et personne ne pouvait régler ça. La police n'allait pas nous croire et nous n'avons rien vu sur internet. Nous étions livrés à nous-mêmes face à ces cauchemars.

Il était 23h et on s'était appelé. On allait se tenir éveillés afin de chercher une solution. Aucun de nous ne devait retourner là-bas... Comme si c'était possible. Scott s'est endormi à deux heures du matin. On ne pouvait pas le laisser seul. Alors, on est retourné là-bas.

C'était d'ailleurs la dernière fois qu'on l'a vu...

Our Dream (en correction) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant