Je ne me posais plus qu'une question. "Pourquoi ?"
J'ai étudié de longues heures et je n'ai jamais eu ma réponse. Seul, dans mon appartement, je traînais sur internet. Aucun lien ne m'a aiguillé sur ce que je cherchais. Je ne comprenais pas pourquoi ça nous est arrivé.
Finalement, après quelques jours, j'ai décidé d'arrêter. Cessez-le-feu, comme on dit. Ben là, mon cerveau n'arrêtait pas de le crier. Cette guerre entre la rationalité et notre rêve était terminée. J'en avais assez de me rendre fou.
J'ai eu une révélation. Je pensais être une sorte d'élu. Parker pouvait aussi bien l'être mais vu ce qu'il m'a fait, il ne méritait pas ce titre. N'empêche, je n'avais sûrement pas assez de chance pour en être un. J'ai donc abandonné tout espoir. Après tout, c'était du passé. J'ai perdu mes quatre amis et mes parents. Je n'avais plus d'université... J'ai failli me tuer.
Un couteau dans les mains, face au miroir de ma salle de bain, je me regardais. Se fixer soi même est une étrange expérience. Seul, dans son propre appartement, c'est pas comme avec ses potes. Là, je me demandais ce que je faisais et je me demandais si je me jugeais moi même. C'était délirant.
La pointe de l'arme commençait à me piquer. Je ne comprenais pas les suicidaires à ce moment. C'est vrai, une coupure ça fait mal ! Ceux qui se sentent mal dans leur peau ne devraient pas s'infliger de nouvelles blessures. Déjà, ils ne devraient pas payer alors qu'ils ne le méritent pas mais surtout, je trouve ça horrible tout ce sang qui sort des veines du bras. Immonde.
Du coup, j'ai pris une grande inspiration et j'ai lâché le couteau. Je voulais réellement quitter ce monde. Je n'ai rien demandé et tout me tombait dessus. Honnêtement, si je suis resté, c'est simplement parce que j'avais peur. Mourir en soi ne m'effrayait pas. C'était la douleur avant de partir.
- ALLEZ TOUS VOUS FAIRE FOUTRE !
Ai-je hurlé dans ma salle de bain.C'est idiot mais ça m'a fait un bien fou. Malgré le fait que personne ne m'ait entendu, j'avais l'impression d'avoir évacué quelque chose. J'avais besoin d'en parler. Du coup, j'ai appelé mes parents et je leur ai tout raconté. Ils ne me croyaient pas. J'étais mal...
Lorsque je pensais me laisser mourir de faim, allongé auprès de mon chat, j'ai entendu mon téléphone sonner. Ils pouvaient bien m'appeler, je ne comptais pas répondre. Il fallait me croire la première fois.
Deux appels manqués. Puis trois. Ainsi qu'un quatrième. C'était du harcèlement. Si ces vibrations n'avaient pas étés aussi chiantes, je l'aurais laissé sonné. Je me suis donc redressé et à cet instant, j'ai versé une larme de joie.
- Allô ? C'est... C'est bien toi ?
- Oui.Cette petite et douce voix détruite par les grésillements m'a réchauffé le cœur. Je captais mal mais j'ai reconnu Coleen à travers ces bruits parasites.
- Je sors de l'hôpital. Ça fait trois jours que je suis réveillée et apparemment, tout va bien. Je peux venir te voir ?Bien-sûr ma belle. Toi, tu étais la seule qui pouvait m'écouter et que je pouvais consoler. Après tout, elle a perdu ses amis, elle aussi. Penser que j'étais le seul à souffrir... Quel égoïste.
On était installés dans mon lit. On discutait. Lorsque je lui ai dit que je n'avais plus nulle part où aller, elle m'a dit cette phrase qui me donnera toujours des frissons.
"Viens chez moi si tu veux."
Non. Je ne veux pas. Je ne voulais pas. Profiter de sa gentillesse, c'était trop pour moi.
- Je ne suis pas d'accord.
- Alors je te l'ordonne.
Elle était forte. Forte et têtue. J'ai refusé un bon nombre de fois mais elle forçait jusqu'à ce que j'accepte sa proposition.
- Au début, m'a-t-elle dit, je serais chez mes parents pour leur montrer que je vais bien.Elle ne voulait pas me laisser tomber. C'était une vraie amie. J'allais partir ce soir-là en laissant mon chat seul pour la nuit. Je comptais le récupérer le lendemain, à l'aube.
Face à ma porte, mes bagages en main, je fixait Coleen. On se regardait sans rien dire, les yeux dans les yeux. Puis j'ai lâché mes affaires afin de saisir son visage. Mes mains sur ses joues, je l'embrassais. Ça m'a échappé. Est-ce que j'étais possédé par un esprit pervers ?
- Désolé !
- Ce n'est rien, rassure toi.Ses lèvres se sont approchées de moi à toute allure. À peine les ai-je aperçues qu'elles s'étaient collées aux miennes. On entremêlait nos langues avec passion. J'étais peut-être retombé amoureux. Non seulement une nouvelle vie m'attendait mais en plus de ça, une belle relation s'offrait à moi. Quelque chose de sincère.
C'était le destin. Vous croyez au destin ? Moi, oui. On pense toujours avoir le choix. Seulement, quand on croit pouvoir dire oui ou non, c'est que l'opportunité de répondre se présente à nous. Elle nous ordonne de répondre. Faire ou ne pas faire. C'est ça le destin. Je pense...
Bien. Je pense que j'ai fait le tour. J'ai dit ce que j'avais à dire pour enchaîner sur le plus important. Si je suis venu là, c'est pour confesser mon péché.
Trois mois plus tard, avec Coleen, on était heureux. Vous voulez rire ? J'ai réussi à faire l'amour pour de vrai ! C'était dingue. J'étais vraiment amoureux de cette fille. Encore à l'université, ma dulcinée étudiait de jour en jour. Moi, j'avais un travail.
Dans une épicerie de 8 heures du matin à 17 heures, je bossais avec un des meilleurs collègues qui soient. Il s'appelait Jody. J'ai toujours cru qu'il était chinois parce qu'il était un peu... Jaune. Sans vouloir me moquer de lui. C'était devenu mon meilleur ami.
Un soir, avec Coleen, on a fait un barbecue dans notre jardin. Y avait Jody et trois amis de fac de ma petite amie. On était adultes. On était chez nous. C'était parfait.
Ce que je veux vous dire, monsieur le psychologue, risque de vous choquer. En fait, vous allez peut-être vomir. La surprise sera si forte que vous allez m'en vouloir. Je vous prie de ne pas réagir tout de suite. Laissez-moi tout vous raconter lors de notre prochaine séance.
Je vous dis juste une chose. Je suis retourné dans ce rêve...
C'est moi, qui ai tué votre fils.
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Our Dream (en correction)
Mystery / Thriller5 amis découvrent qu'ils sont capables de faire un rêve commun lorsqu'ils dorment. Ensemble, ils décident de faire ce qu'ils veulent et de profiter des possibilités infinies. Jusqu'à ce que leur rêve vire au cauchemar... C'est une novella. Il y a en...