VIème Chapitre

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Je passe la journée en solitaire dans la bibliothèque, où les œuvres sont restreintes. On peut demander certaines œuvres ou auteurs et on reçoit tous les mois des arrivages plus ou moins gros de livres. Certains, surtout les plus vieux ou obsolètes, sont retirés, soit pour être remplacés par des versions réécrites, moins abîmées ou parfois censurées, mais certaines œuvres sont totalement supprimées de cet endroit.

Notamment une œuvre dont je n'avais jamais lue jusqu'à mon arrivée ici. Ne voulant parler à personne, pendant peut-être un an j'avais passé le plus clair de mon temps ici, explorant le plus de livres possibles, même ceux de géographie. Et j'étais ainsi tombée sur un livre appelé " la croisée des destins " comme le film américain, par une auteur dont je n'avais pas non plus entendu parlé, une certaine " Noane Fitzgead ". Je l'ai lu peut-être 4 ou 5 fois, et chaque fois j'y découvrais un nouveau point de vue, une nouvelle histoire, une nouvelle voix, une nouvelle fin, une nouvelle morale. Un roman dystopique inspiré de la société et ses travers. Il a été supprimé il y a trois ans, sans explications.

J'ai actuellement l'impression d'être dans un roman de ce genre, de ce censurés, où les non-dits sont de mise, où le quotidien est bippé par des machines sans vie.

Joachim me réveille de ma transe littéraire en me tapotant l'épaule alors que je suis plongée dans un livre, assise sur la chaise en plastique blanche à la table grise de la bibliothèque. Je relève les yeux vers lui, et il s'assoit à côté de moi.

  -Tu vas bien ?

-De quoi tu parles ?

-Bah t'as perdu connaissance et on t'a pas vu pendant des heures. Je me suis inquiété. Tu sais à quoi c'est lié ? La vue du sang ? L'hypoglycémie ?

-Je sais pas... C'est tout ce que t'es venu me dire ?

Il pose sa main sur mon poignet droit.

-Je suis désolé. Je voulais bel et bien te parler d'informations que j'ai récoltées, hier... J'étais vexé. Mais je crois que c'est assez important pour que je ravale ma fierté.dit-il en baissant d'un ton et prenant un ton enjôleur pour ne pas éveiller le soupçons des gardes à la porte, et qu'ils ne nous entendent pas.

-Je t'écoute.je lui réponds, en rentrant dans son jeu.

-La dernière fois qu'on m'a fait mes examens, on m'a fait ce test de réflexe, où on te donne des petits coups à certaines zones, j'ai trouvé ça bizarre... Mais j'avais vu que celui qui me faisait les examens avait laissé un " bonbon " . C'était trop gros pour que je laisse passer cette chance. J'ai donc donné un gros coup de genoux dans son nez, c'était pas discret mais au moins il est parti nettoyer l'intérieur de sa combinaison qui été tachée de sang.

-Tu m'avais caché cette force dans ton genoux.

-Tu ne connais pas tous mes talents, tu sais. Bref. J'ai réussi à avoir son " bonbon "...

-Et ce bonbon, c'est..?

Il caresse le creux de ma taille, ce qui conforte les gardes dans l'idée qu'on est dans une simple conversation à but érotique.

-Viens le chercher dans une demi-heure, dans ma chambre...

Il m'embrasse au creux du cou et s'en va. Je le regarde partir, restant dans le jeu, et me replonge dans la lecture. Quand la demi-heure arrive, je demande aux gardes si je peux laisser mon livre avec un marque- page à mon nom au bureau de l'entrée de la bibliothèque pour continuer plus tard, puis m'en vais retrouver le "bonbon".

Prison Orassio 412Où les histoires vivent. Découvrez maintenant