- Non ! Pas la princesse, vilain chevalier. Tu n'as pas le droit !
J'étais dans ma chambre en train de jouer sur le tapis avec de jolies figurines que le Père Noël m'avait apportés pour les fêtes de cette fin d'année. Quand ma mère était montée et que, son téléphone à la main, elle m'avait prise dans ses bras en sanglotant. Je n'avais pas compris tout de suite pourquoi ma maman pleurait. était-ce seulement possible ? Une maman qui pleure, je n'y avais jamais pensé. Je n'y connaissais rien moi sur les mamans qui pleuraient. Fallait-il que je la prenne sur mes genoux comme elle faisait avec moi ? Pas sur que je sois assez solide pour ça, alors je fis ce qui me vint à l'esprit. Je la pris dans mes bras et me mis à chanter de ma toute petite voix la chanson des Aristochats :
Quels sont les chats
Qui habitent les grands quartiers?
Quels beaux minets
Ont le plus haut pedigree?
Quels chou-chou
Dans la soie se prélassent?
Naturellement les AristochatsArrivée la je m'arrêtais car maman venait de se redresser avec un petit sourire triste sur les lèvres.
- Je suis désolée. Dit-elle d'une voix tremblante.
Je ne voyais pas bien pourquoi mais je ne dis rien car je ne voulais pas revoir maman pleurer. Elle prit son air sérieux et me dit tout doucement :
- Ma petite chérie, ton papi est parti cette nuit. Une larme coula sur sa joue, puis une autre et c'était reparti.
Tout en continuant à lui chanter les Aristochats, je m'interrogeais : Où papi était-il parti ? Je ne comprenais pas pourquoi. Si il était parti, il ne fallait pas être triste, il allait revenir. Mais maman n'avait pas l'air de le comprendre. Bon, si il était sorti cette nuit, il avait du avoir froid mais il portait toujours son gros manteau de laine alors ça devait aller. mamie allait se sentir seule dans leur grande maison. Heureusement que Kakao, leur chien, lui tiendrait compagnie le temps que papi revienne de je ne sais pas où. Kakao était un gros et vieux Labrador de onze-ans. Depuis toute petite, j'avais passé des heures à l'embêter alors qu'il dormait, à lui courir après dans la rue et à lui cacher sa gamelle. Mais je l'avais aussi couvert de câlins quand il en avait besoin, lui avait souvent glissé les restes de viandes en douce sous la table et retiré la muselière que mamie c'était mis en tête de lui faire porter suite à une morsure de rien du tout.
La fin de la chanson arriva, maman avait l'air de se sentir mieux et triturait un mouchoir d'un air encore plus désolée que tout à l'heure. Je n'ai pas plus compris pourquoi. Enfin, elle est sortie de ma chambre en disant:
- On mange dans dix minutes Élise. Soit prête ! Puis elle a refermé la porte et j'ai écouté ses pas sur le palier.
Des millions de questions me taraudaient l'esprit mais le moment semblait mal choisit vu la réaction de maman.
Quand le diner fut près, je descendis et me mis à table. Papa me servit une barquette de raviolis surgelés et me laissa seule. Je ne dis rien mais je trouvais cela bizarre que papa me serve un plat tout préparé, lui qui pestait toujours contre maman quand, à une période elle s'était mise à en acheter.
En silence, j'avalais ce plat sans gout et, vite remontais dans ma chambre. Et j'attendis, j'attendis. Mais personne ne vînt me dire de me brosser les dents ou de me mettre en pyjama. Peut-être mes parents étaient-ils occupés. Pour le montrer comme j'étais grande, je fis tout ce qui habituellement nécessitait leur présence. Toute fière, je me mis au lit, attendant mes câlins et bisous du soir. Mais personne n'arriva. Résignée, je me roulais en boule et sanglotais :
- Pourquoi vous ne venez pas ? Vous m'avez oublié ?
Je fermais mes yeux et me laissais bercer par le murmure du vent dans les arbres. Juste avant de me laisser aller au sommeil, je chuchotais pour moi même :
- Papi, depuis que tu es parti, rien ne va plus. J'espère que tu vas vite revenir et que Maman va arrêter de pleurer car je ne sais plus quoi lui chanter.
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La disparition de Papi
No FicciónElise, neuf-ans, futée et intelligente, se retrouve brusquement confrontée à la réalité. Et c'est avec son innocence d'enfant qu'elle aborde la nouvelle mal annoncée du décès de son grand-père. Chacun le vie à sa manière.