Chapitre 1

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Nous voilà parti ! J'espère que cette histoire vous plaira, j'ai pris beaucoup de plaisir à l'écrire (j'en prends encore d'ailleurs).Je voudrais profiter de ce premier chapitre pour remercier mon amie Tempestaire qui m'a encouragée à la rejoindre sur ce site. Je suis très heureuse de partager cette passion avec toi.

Bonne lecture à tous, 

Affectueusement

Temboreal

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_ Avance encore.

J'obéis à l'ordre soufflé à mon oreille, espérant que les tremblements frénétiques de mes membres ne soient pas trop visibles. C'était peine perdu, je le savais mais je tentais tout de même de réprimer la peur qui me contractait les tripes. Je pris une inspiration chancelante, gardant le regard fixé sur le sol en pierre et sur mes pieds nus. Je ne voulais voir rien d'autre, je ne m'en sentais pas le courage. J'avais l'impression d'avoir livré jusqu'à la plus infime parcelle de bravoure en me rendant au palais ce soir-là. À présent, je n'étais plus qu'une masse terrifiée sous une cape sombre.

_ Bien, reste là, ne bouge pas jusqu'à ce qu'on vienne te chercher.

Ça, ce n'est pas difficile. J'étais pétrifié, si tendu que tous mes muscles me faisaient mal. Je tentais de raviver ma détermination, m'accrochant à la raison qui m'avait poussé à me livrer. Je repensais à mes deux sœurs cadettes endormies chez nous sous la garde d'une voisine et je pensais à mon frère ainé probablement enfermé quelque part sous le palais dans une geôle humide et froide. Toute sa vie, Erron l'avait dédiée aux autres. Quand nos parents étaient morts, ils avaient pris soin de nous tous. Quand l'armée du Duc était venue me chercher en tant que deuxième fils, il s'était porté volontaire à ma place. Quand les démons avaient traversés la frontière et surgit des bois, il avait quitté son poste pour revenir à la maison et nous trouver un abri. Il s'était battu, bravement, fièrement pour nous sauver... Et comme tous les hommes du Duc, tous ceux encore en vie, il avait été capturé et emmené dans les geôles de Rushkalia, le palais du Duc.

Si les démons n'avaient pas pris le contrôle de la cité, j'aurai pu tenter de le faire libérer par voie légale, je me serai battu en recours mais mon frère n'était pas emprisonné pour désertion. Il était enfermé parce qu'il était soldat et que l'envahisseur voulait mettre fin à toute forme de velléité. Comme si nous pouvions vraiment nous opposer à eux et à leurs pouvoirs... Nous avions toujours vécu dans la peur que leurs regards se tournent vers notre Duché. Si notre nouveau Duc n'avait pas été aussi cupide, s'il avait accepté d'envoyer l'or et les tributs demandé de l'autre côté de la frontière nous aurions encore pu vivre en paix au lieu de nous retrouver sous la houlette de créatures aux dons aussi variés qu'étranges.

Lorsque l'armée était tombée, nombres d'entre nous avaient été enlevés et emmenés au palais, mes sœurs et moi avions échappés à ce sort et des bruits avaient commencés à courir sur le traitement des tributs. Ils subissaient des outrages que nos Dieux et nos mœurs auraient grandement réprouvés. On parlait d'humiliation, de plaisir interdis, de comportement déshonorant. On parlait de tortures, de supplices et de tant d'autres choses.

Et pourtant, j'étais bien en train de me livrer à ces monstres en tant que tribut. Je savais que je respectais les critères recherchés par nos nouveaux seigneurs. Je le savais parce qu'il existait une liste tenue par les prêtres du temple, elle recensait ceux d'entre nous qui pourraient être sélectionné comme tribut. Mes sœurs n'avaient pas encore l'âge de se soumettre au test et l'idée qu'on leur inflige ce genre d'examen un jour m'était insupportable.

Je chassais se souvenir de ma mémoire, j'étais suffisamment nerveux pour ne pas en rajouter. Je devais faire le vide, oublier que j'avais silencieusement dit adieu à mes sœurs ce soir, oublier que je ne profiterai plus jamais d'un matin tranquille en compagnie de ma fratrie, ma seule et uniquement famille. Étrangement, en repensant à tous nos moments de joies partagés et même si je savais que je les perdais définitivement, je m'apaisais. C'était pour tous ses souvenirs que j'étais là, c'était pour préserver ce qu'il restait de nous... Parce que je pouvais vivre en sachant mon frère ainé enfermé dans l'ombre, mais je ne pouvais supporter l'idée qu'on lui prenne la vie.

VolontaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant