Chapitre 5 : La nécessaire adaptation de l'économie aux réalités locales

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Comme dans beaucoup de pays du monde et notamment du << Tiers-Monde >> terme auquel préfère l’expression << pays du sud >>, le modèle économique choisi par les autorités peine à produire des résultats satisfaisants au regard du niveau de vie des populations. Faut-il le rappeler ?  Le Gabon est un pays au sol et au sous-sol gorgé de richesses. Or, diamant, bois, manganèse, uranium etc… et surtout beaucoup de pétrole qui est sa ressource principale. Malheureusement, l’exploitation de ces richesses ne profitent qu’à un cercle très restreint d’individus… dois-je vraiment dire qui ? Tout le monde sait bien de qui il s’agit, ce sujet a été documenté à de multiples reprises. Ici, il s’agira plutôt de faire une brève analyse des deux grands modèles économiques mondiaux que sont le libéralisme et l’Etat providence et d’essayer de définir la combinaison la plus adéquate à l’économie gabonaise.
En l’espèce, le libéralisme se traduit par une action limitée de l’Etat dans la gestion économique au profit des entreprises et autres opérateurs économiques. Le jeu de la concurrence se fait librement, par l’action de ceux-ci. Concrètement, l’Etat s’abstient de recourir aux leviers dont il dispose pour faire augmenter ou baisser les prix, pour favoriser ou défavoriser tel ou tel acteur. Ici, le marché est régulé… par le marché. Dans ce système, les États mettent en place des politiques incitatives en matière d’entreprenariat car ce sont des entreprises que vont dépendre l’activité économique. L’Etat s’abstient de nuire à  l’opérateur économique mais il s’abstient aussi de l’aider… en principe du moins.  Cette action limitée de l’Etat a également un impact sur les salaires donc sur le pouvoir d’achat. 
L’Etat providence c’est au contraire un système dans lequel s’investit et investit lui-même dans le domaine économique. La volonté de l’Etat étant de garantir une certaine égalité entre les citoyens dans un tel système, il va beaucoup intervenir ce qui restreint la liberté ou la marge de manœuvre des opérateurs privés. Une des actions significatives de l’Etat providence est la nationalisation. C’est un système protectionniste dans lequel on va donner la priorité aux acteurs nationaux voire publics afin d’orchester une meilleure redistribution des richesses.
Pour faire simple, le libéralisme peut se résumer comme suit : un cadre législatif assez large peu contraignant permettant aux opérateurs de se mettre en concurrence, tant mieux pour ceux qui réussissent et tant pis pour ceux qui échouent.
L’Etat providence quant à lui peut se résumer comme suit : un cadre législatif plus contraignant pour les opérateurs mais plus bénéfique pour les marginaux, ceux qui n’ont pas réussi à se placer dans une situation économique confortable.
La France est une exception en Occident en ce qu’elle a un système mixte, semi-liberal et semi-providentiel. Ainsi elle peut par son système social venir en aide aux << perdants >> tout en adoptant des législations libérales. Le problème (mais c’est un autre débat que nous n’aurons pas ici) est qu’à terme, à force de libéraliser elle devra abaisser ses standards de protection sociale. L’équilibre entre les deux est donc très difficile à trouver.
Au Gabon, les endettements répétés auprès du FMI oblige le pays à adopter un certain nombre de mesures (baisse des dépenses publiques, gel de l’emploi public, privatisations des marchés, libéralisation etc…) ayant pour objet de favoriser l’émergence d’une économie de marché calquée sur les modèles occidentaux, anglo-saxon notamment. Demandez donc au Ghana et aux ghanéens ce qu’ils en pensent…  Ce genre de modèle économique n’est pas adaptée à des populations qui manquent de tout comme la notre. L’Etat se doit d’agir dans le domaine économique. Toutefois, l’état de nos finances n’est pas très glorieux. Il faut donc trouver un modèle dans lequel l’Etat peut répondre aux besoins des populations sans pour autant faire exploser la dépense publique et l’endettement. Pour ce faire il faut identifier les secteurs clés de notre économie. 
Le pays regorge de ressources naturelles, il faut donc que l’Etat mette les moyens dans la formation de personnel destiné à les exploiter dans des entreprises qui seront publiques afin que ces richesses profitent aux gabonais en priorité. Nous disposons d’une faune et d’une flore unique ainsi que de paysages à la beauté sans commune mesure. Il faudrait une politique incitative en faveur des acteurs du marché touristique pour développer cet axe. Elle pourrait se manifester par le versement de subvention à ces derniers. Il faut aussi investir dans la formation agricole et subventionner davantage les acteurs existants afin d’atteindre l’auto-suffisance alimentaire et ne plus dépendre ainsi de nos importations et faire baisser le chômage. Il faut également construire de nouvelles infrastructures routières, ferroviaires, scolaires, sanitaires, sportives etc etc…  ces chantiers peuvent faire l’objet de partenariats public/privé afin d’en faire baisser le coût pour l’Etat. Pour les routes par exemple nous pourrions concéder à une entreprise privée la création d’autoroutes dont elle serait responsable de l’entretien en échange du prélèvement d’un droit de passage sur celles-ci payés par les utilisateurs de ladite route. L’importance d’avoir des infrastructures permettant une meilleure mobilité dans le pays, aussi bien sur les plans, économique, social et culturel n’est plus à démontrer .
Économiquement je plaide pour un mix entre les deux systèmes à l’instar de ce qui se fait en France.  L’Etat pourrait prendre en charge les frais de santé, d’éducation et de logement des plus démunis, partiellement ou intégralement. Il faudrait se concerter avec les professionnels de santé pour identifier les domaines médicaux les moins pourvus en professionnels et inciter à la formation dans ces domaines. Il faut en outre investir dans le matériel hospitalier et dans des infrastructures sanitaires en province.
Où trouver l’argent ? 
En effet, toutes ces actions coûtent de l’argent, or le Gabon en manque à priori. Il faut donc dans un premier temps orienter les crédits budgétaires vers les ministères et les politiques prioritaires que sont l’éducation, la santé, les affaires sociales, l’agriculture et la justice. Ces ministères devraient avoir une part plus importante dans le budget de l’Etat. En 2016 par exemple, la part de l’agriculture dans le budget de l’Etat était inférieur à 1% quant à l’éducation, elle représentait 5 à 7% du budget de l’Etat à peu près. Ces montants sont largement insuffisants. Dans un second temps, il faut une meilleure politique fiscale et en finir avec les exonérations injustifiées d’impôts au bénéfice de particuliers et d’entreprises.  Bref, récupérer l’argent dans les poches de ceux qui le détiennent et ne le transfèrent pas là il où devrait être transféré.
Notons que la décentralisation permettrait d’avoir des politiques économiques plus rationnelles car pensées et appliquées au plus près des administrés. Économiquement la réflexion qu’il nous faudra mener sera longue et laborieuse tellement l’économie a d’implications sur les autres pans de la vie sociale.

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