room 27 - jjk; kth

$47

It isn't that hard boy to like you or love you
I'd follow you down down down you're unbelievable
If you're going crazy just grab me and take me
I'd follow you down down down, anywhere anywhere
lana del rey, million dollar man

Quelques heures après, Jeongguk est allongé sur le lit de l'hôtel, à côté de Yoongi. Ce dernier est en train de jouer sur son téléphone, et ce dernier émet des petits bruits à peu près toutes les minutes. Inutile de dire que l'envie actuelle de Jeongguk est de confisquer le portable de son meilleur ami, puis le jeter de toutes ses forces contre le mur de la chambre. Enfin, ce ne serait sûrement pas un problème pour Yoongi, qui s'en rachèterait un le lendemain même pour continuer à jouer à ses jeux insupportables.

"Yoongi, éteins ce téléphone, ou je te jure que je t'étrangle."

Son meilleur ami ricane mais obéit, déposant le portable sur la table de nuit.

"Ok, à condition que tu me racontes ce qu'il s'est passé ce soir."

Jeongguk hésite un peu. Ce n'est pas qu'il ressent particulièrement de honte ou de regrets par rapport aux événements de la soirée, il est surtout perplexe. C'est étrange, cette sensation de ne pas vraiment être sur de ce qu'on ressent. Est-il content de ces derniers moments, ou bien peu emballé ?

"Y'a rien de spécial à dire." murmure-t-il.

Le lit bouge, car Yoongi se redresse pour lui donner une tape violente sur l'épaule.

"Bien sur que si. Si tu ne me racontes pas, je peux peut-être demander à Tae'?"

Jeongguk se retourne, et observe le plafond de la chambre.

"Comme tu veux. On aura la même version, lui et moi, parce qu'on a discuté, et on s'est mis d'accord."

"Ah bon ? Sur quoi ?"

La chambre est silencieuse, seuls les bruits étouffés de la rue en contrebas troublent son calme. Jeongguk se sent apaisé par cette ambiance. Et vraiment, c'est quelque chose qu'il ressent depuis qu'ils sont arrivés à New-York. Il a cette drôle d'impression, celle d'être à sa place, chez lui. Et il se demande comment il va faire pour retourner dans son petit appartement, à quelques heures de route.

"Sur le fait qu'on veut baiser, mais sans rien de sérieux. Voilà la version courte."

Yoongi reste silencieux pendant quelques instants, et ce n'est pas un bon signe.

"Et la version longue ?"

"La version longue, tu veux toujours tout savoir, hein ?" soupire Jeongguk. "Eh bien, on a un peu discuté. Il a admis qu'il était jaloux à cause de la fille du concert, et moi que j'avais fait exprès pour le provoquer. Et je me suis assuré qu'il n'avait pas vraiment de sentiments, juste de l'attirance."

Il y a encore une fois un silence, cette fois plus long. Jeongguk commence à se demander pourquoi Yoongi, qui est d'habitude volubile et expressif, ne commente absolument pas.

"Et après ?" finit-t-il par demander.

A vrai dire, Jeongguk ne s'attendait pas vraiment à l'honnêteté, et la manière d'agir directe de son ancien colocataire. Taehyung avait ce regard grave, cet air un peu trop sérieux qu'il n'apprécie pas vraiment. Il avait l'air vraiment décidé à arranger les choses, et Jeongguk ne peut vraiment pas le blâmer pour ça. Lui même a essayé mais n'a pas réussi, il fallait bien que quelqu'un d'autre s'en charge. Et on peut dire que Taehyung a vraiment été plein de bonne volonté, surtout quand Jeongguk lui a fait signe de s'approcher et qu'il est venu s'asseoir sur ses genoux.
Et ce moment a semblé durer une éternité, mais être infiniment rapide en même temps. Il sonnait étrangement, un peu trop sérieux pour un simple rapprochement physique, un peu trop grave. C'était comme l'hésitation qu'on éprouve avant de prendre une décision importante, le moment de flottement où l'on se rend compte que tout peut basculer, et que tout va basculer. Taehyung était sur les genoux de Jeongguk, son corps chaud collé contre le sien, et il a appuyé son front contre le sien. C'était bien trop intime pour un autre baiser, un simple moment entre deux personnes qui ne veulent pas se prendre la tête. Il y avait là un message presque explicite que Jeongguk a choisi d'ignorer. C'est à ce moment là que l'instant a été brisé, et que l'action est arrivée. Taehyung est celui qui a agi, il a embrassé Jeongguk. C'est là que la décision, tacite, s'est faite ; ce soir là allait être décisif, il devait l'être. Après leur réconciliation plus ou moins efficace, quoi de mieux qu'un peu d'intimité ?
Les souvenirs de Jeongguk sont un peu flous, par la suite, à cause de l'alcool, sûrement, et puis de l'euphorie. Ils sont partis du festival, ont couru dans les rues de New-York. Tout était amplifié, les sons des voitures, les voix des gens, les lumières nocturnes, et puis surtout la main de Taehyung dans la sienne. C'est en revenant à l'hôtel que les bruits sont soudainement devenus feutrés, ils ont du être discrets après s'être faits houspiller par la réceptionniste. Jeongguk a été sage jusqu'à l'ascenseur. La main de Taehyung dans la sienne était un peu distrayante, il ne pouvait pas s'empêcher de penser à sa présence juste à côté de lui, son corps et ses lèvres. Ces simples secondes ont suffi à le rendre impatient, et Taehyung a ri en le voyant s'agiter nerveusement en attendant que l'ascenseur arrive au rez de chaussée. Dès que le petit chiffre zéro rouge s'est affiché et que les portes se sont ouvertes, Jeongguk l'a poussé à l'intérieur et plaqué contre le miroir de la cabine. Aussitôt, ses lèvres étaient sur celles de Taehyung, et il avait la terrible impression de ne jamais en avoir assez.