Perfection

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Nous arrivons enfin à Forks. Bella s'est assoupie sur son siège, sa tête dodelinant au rythme des mouvements de la voiture. Je sens son cœur battre lentement à travers ma main posée sur sa cuisse. Elle est adorable quand elle dort. Un sourire étire mes lèvres tandis que je monte ma main pour lui caresser distraitement la joue. Un léger coup de frein à un feu rouge la tire de ses rêves et elle me regarde à travers ses cils en souriant.

- On est arrivés ?

- Oui, bientôt. Plus que quelques centaines de mètres et... ah.

- Que se passe-t-il ?

Elle se redresse brusquement, anxieuse.

- Rien de grave, calme-toi. Simplement...Charlie est au courant de nos mésaventures.

- Quoi ? Comment ?

- Ton ami lui en a parlé.

- Jacob ? Je ne le crois pas... quel fumier ! Comment a-t-il pu me faire un coup pareil ?

- Il nous attend là-bas. Tu vas pouvoir lui demander.

Je me gare non loin de l'orée de la forêt et sort rapidement de la voiture. Bella se rue dehors de toutes ses forces et s'élance directement sur le chemin qui va la mener vers Jacob. D'un même mouvement, je ferme sa portière, verrouille la voiture et l'attrape par la taille pour la retenir. Essayer de frapper un loup-garou est une idée un peu trop ambitieuse pour elle.

- Lâche-moi, Edward. Je vais le détruire !

- Calme-toi, il veut juste parler. Et puis... tu te feras plus de mal qu'à lui si tu l'attaques.

- M'en fiche.

Laissant échapper un petit rire, je la relâche en gardant toujours sa main dans la mienne et nous nous dirigeons ensembles vers le jeune homme à la peau bronzée. Il se tient appuyé contre un arbre, bras croisés et sourcils froncés, les yeux fixés sur Bella. Il n'a pas un regard pour moi quand nous arrivons à distance de parole.

- Tu vas me le payer Jake !

- Charlie a le droit de savoir. Il a le droit de connaître le danger qu'IL représente dans ta vie.

Alors qu'il parle, Jacob se tourne vers moi et me pointe du doigt. Puis, alors que son bras retombe le long de son corps, il tourne inconsciemment son regard vers moi et, puisque je l'observe, nos regards se croisent.

« Saleté de vampire ».

Nos regards se croisent et nos yeux se trouvent.

S'accrochent.

Résistent quand j'essaie de me tourner vers ma petite amie. Elle déverse à présent un flot de reproche sur son ami qui ne la regarde plus. Ne l'entends plus.

« Qu'est-ce que c'est que ce bor- »

Les yeux de Jacob s'écarquillent et je ressens une vague d'image et de sensation envahir son esprit. C'est comme si tous les fils qui le retenaient au sol venaient d'être coupés et rattachés à... moi ?

Jacob se courbe tout à coup. Il a le souffle court. Ses yeux se perdent autour de lui, il a l'air complètement désorienté. Je ne peux m'empêcher de murmurer :

- Qu'est-ce que...

- Jake ? ça va ?

- Quoi ?

Il se détourne de nous, cache son visage dans ses mains. Ses pensées ne sont plus qu'incompréhension et doute. Il se perd, je le sens.

« Un vampire... Un mec ! ... pourquoi ? ... Bella... Un mec ?! .. ; Qu'est-ce qu'il se passe.... Jamais on ne m'avait dit... Putain ... Plus rien pour elle.... Du vide... Un mec ??? Je... »

Sa détresse me fait de la peine. Je retiens encore Bella qui allait se précipiter vers lui. Elle aussi semble perdue. Elle lève sur moi des yeux paniqués alors que Jacob glisse sur le sol, les mains à présent serrés sur sa poitrine.

- Mais qu'est ce qui lui arrive ? Edward, qu'est-ce qu'il se passe ?

- Je crois qu'on ferait mieux de le laisser.

- Quoi ? Tu délires ! Regarde-le, on dirait qu'il fait une crise cardiaque !

- C'est peut-être le cas...

Bella n'entend pas mon murmure, toute son attention est concentrée sur son ami qui la regarde enfin et lui lance avec difficulté :

- Partez, s'il vous plaît... On se verra plus tard, Bella.

- Jake...

- Partez ! Je... j'ai besoin d'être seul.

« Dégagez... s'il vous plaît. »

J'attrape Bella par les épaules et l'entraine vers la voiture en lui murmurant que tout ira bien, qu'il n'y a aucun danger. Je la rassure comme je peux mais je sens qu'elle ne se détends pas, son cœur bat vite et ses muscles sont crispés.

« Reste. »

Une plainte mentale.

La détresse du loup-garou transparait si fort à travers ses mots que je frémis mais ne me retourne pas. J'aide Bella à entrer dans l'habitacle et referme la porte. J'entre à mon tour, pose mes mains sur le volant et démarre. La voiture file sur la route.

Le soulagement m'envahit quand les pensées désespérées de Jacob s'estompent avec la distance.