CHAPITRE 49. You left me no choice

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Abigail fronça les sourcils. Son regard de glace transperçait le dernier de ses adversaires, tandis qu'elle maintenant son pied contre son torse pour qu'il ne bouge pas. Si ses yeux étaient les canons de deux revolvers, il serait déjà mort.

"Et ton secret va mourir avec ton arrogance." conclut-elle finalement en retirant la sécurité de l'arme qu'elle pointait sur son front.

Une dernière détonation se fit entendre. Il tomba à terre mollement, foudroyé par la balle qui lui avait traversé la tête. Abigail recula d'un pas, et enjamba les corps éparpillés autour d'elle. Les statistiques étaient bonnes pour les humains. Impossible de quantifier les chances d'un super soldat seul mais armé contre une quinzaine de personnes à mains nues.

Puis elle s'approcha tranquillement de ceux qu'elle avait sauvé après avoir rangé son pistolet dans sa ceinture, et glissa dans leurs dos pour défaire leurs liens. Aucun ne fit de commentaires. Elle finit par Gabriel, qui ne disait toujours rien - ce qui était très étrange, lui qui avait la langue si pendue.

Il voulut finalement, mais fut interrompu par l'arrivée d'un nouveau protagoniste dans la pièce. Un homme entra, seul, et sans armes lui aussi, à première vue.

Gabriel s'était retint de parler, pas parce qu'il était entré, mais parce qu'au moment où il était arrivé, Abigail l'avait pincé au niveau de l'avant-bras, pour lui sommer de se taire.

"Ah, tu les as finalement trouvé !" demanda l'inconnu à Abigail, sans avoir besoin de l'interpeller, car elle savait très bien, elle, qui il était.

"Oui." répondit-elle simplement en finissant de jeter les liens de Gabriel par terre, et en repassant devant lui, faisant face à son interlocuteur. "Il y a eu quelques complications, mais je me suis occupée de tout."

Son interlocuteur jeta un oeil sur les dites complications qui jonchaient le sol.

"Le chef du petit gang de rebelles des quartiers Sud de la capitale." expliqua calmement Abigail en s'avançant pour ramasser le pistolet qui était par terre.

Il ne répondit pas immédiatement, et on entendit alors que le cliquetis mécanique du chargeur qu'on ouvrait puis qu'on refermait.

"Bien." conclut-il simplement en attrapant les pans de sa veste et en posant enfin son regard sur les trois autres. "Nous n'avons pas été présentés je pense. Gabrielle, as-tu fait les présentations ?"

Le dit Gabriel haussa un discret sourcil, surpris, mais fut vite interrompue par l'autre Gabrielle.

"Non, j'étais malheureusement trop occupée avec les invités indésirables jusqu'à maintenant. Veux-tu que je le fasse ?"

Il sourit.

"Non, ce ne sera pas nécessaire."

Puis, avec une gestuelle qui paraissait presque exagérée, s'adressa à nouveau au trio.

"Je vous souhaite la bienvenue dans cette grande réception. Je suis désolé des petits désagréments auxquels vous avez été exposés. Je suis Ceren, le deuxième cavalier londonien."

Tous furent obligés de faire un gigantesque effort pour cacher leur surprise.

Les cavaliers des cinq continents... Les patrons d'un des plus grands réseaux de mafia au monde... Bordel Abigail, mais comment est-ce que tu as fini là ?

"Et je n'ai pas besoin de vous présenter mon fidèle bras droit, Gabrielle."

La dite Gabrielle passa brièvement en revue les trois qui la dévisageaient. Elle s'arrêta malgré elle dans les yeux du véritable Gabriel, qui posait l'évidente question.

Ne me demande pas, je t'en supplie.

"A t-elle eu le temps de vous dire que je souhaitais m'entretenir avec vous ? Vous, seulement." dit-il en désignant du menton Reyes.

Gabriel soupira doucement.

"Non, elle n'a pas eu le temps d'évoquer ce détail."

Et le Commandant de Blackwatch tendit une main faussement amicale, que Ceren serra sans hésiter. Il reprit en retirant doucement sa main.

"Et si je refuse ?" demanda t-il tout aussi calmement, avec un air assez froid.

Ceren eut un petit rire. Mais il ne s'y attarda pas : un son métallique avait attiré son attention sur le côté.

Abigail avait ressorti un de ses pistolets et le pointait désormais sur la tempe de son ancien boss.

Mccree ne put cacher sa surprise - mais ne dit rien - et Moira, comme à son habitude, demeura parfaitement neutre. Le Commandant de Blackwatch transperça de ses deux yeux de charbon les iris bleutés de la jeune femme : elle avait l'air impassible en surface, mais n'importe qui la connaissant un minimum, aurait vu, tout au fond de sa pupille, cette hésitation et ce dilemme qui la rongeait de l'intérieur.

Le silence dura encore un peu.

"Bien, je pense que mon choix est vite fait." finit par conclure Gabriel.

"Parfait." répondit Ceren alors que sa fidèle subordonnée baissait son arme. "Gabrielle, peux-tu guider ce monsieur jusqu'à mon bureau, et nous y attendre là-bas ? Je vais discuter un peu avec ses accompagnants."

Il fallut un effort surhumain à Abigail pour cacher son inquiétude à propos de la fin de sa phrase.

"Bien." se contenta t-elle de répondre sans vaciller, avant de se tourner vers Gabriel. "Si vous voulez bien me suivre."

Il acquiesça d'un simple signe de tête, et tous deux se dirigèrent vers la porte. Il fut difficile pour l'un comme pour l'autre de ne pas regarder au-dessus de leurs épaules respectives pour voir ce qui se passait derrière eux. Mais aucun des deux n'était en position de poser des conditions. Ils sortirent donc de la pièce.

Abigail n'eut même pas à lever la tête vers lui pour connaître l'expression de son visage.

"Ne me regarde pas comme ça. S'il te plaît."

Je t'en supplie.

Le silence est d'or, le silence de la mortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant