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Byul-Yi tape nerveusement du pied, contre le sol en bitume usé de la grande place.

On est mardi vingt décembre, il est dix-huit heures, et le temps est plutôt -voir carrément- mauvais.

Il fait froid, il vente comme pas possible, et une bruine désagréable, même pas de la neige, persiste depuis le début de la journée, qui donne à l'air cette impression de moiteur froide, qui rend les vêtements collants, et qui aplatit les cheveux.

Déjà, ça ne partait pas bien, vraiment.

Mais en plus de ça, ça fait une demi-heure que Byul-Yi attend Yongsun, une demi-heure qu'elle est assise dans un coin plus ou moins protégé, avec son parapluie qui lui donne des crampes au bras, et ses vêtements collants, et ses cheveux aplatis.

Une demi-heure où Yongsun n'a même pas daigné répondre à un seul de ses -nombreux- messages.

Alors oui, Byul-Yi est agacée. Byul-Yi en a marre. Elle n'est même pas patiente de nature, et, rien que le fait qu'elle soit restée si longtemps, ici, juste pour attendre la jeune brune, est pas loin d'une première pour elle.

Elle a déjà dépassé sa limite depuis longtemps -un quart d'heure au moins ; et, sincèrement, si Yongsun ne se pointe pas dans les cinq minutes qui viennent, elle partira.

Elle passe une main humide et agacée dans ses mèches violettes, les plaquant en arrière du mieux qu'elle le peut, et pour la énième fois depuis qu'elle est arrivée, elle souffle d'agacement.

Bordel, ça fait à peine trois jours qu'elles se connaissent, deux fois qu'elles se voient, et Yongsun lui fout déjà un lapin.

Ça la lui met bien, tiens.

Elle regarde son portable, juste le temps de constater que, oui, les cinq minutes sont bien passées, soupire, et se lève en grognant, ses membres engourdis plutôt mécontents de leur position de ces trente dernières minutes.

Elle se met alors en marche, le pas trainant, la tête rentrée dans les épaules ; et une petite partie d'elle, toute petite, espère qu'un cris, une main attrapant son bras, juste que quelque chose vienne l'interrompre.

Mais non, rien ne vient.

Pas de cri, pas de main, rien.

Alors Byul-Yi continue sa marche, et plus elle avance, plus sa tête se baisse, plus ses yeux se concentrent sur le sol.

C'est con, vraiment, mais ça lui fait mal, d'avoir attendu tout ce temps pour... rien.

Et ça lui fait encore plus mal de ne pas pouvoir supprimer cette petite partie d'elle, pleine d'espoir, qui s'attend, qui veut, qu'on vienne la stopper.

Parce que, même si pour l'instant, ça l'aide un peu de penser ça, elle le sait très bien, qu'une fois arrivée chez elle, elle ne pourra plus espérer, et que la désillusion va lui piquer le cœur.

Lèvres à Rouge {Moonsun}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant