Lèvres à Rouge {Moonsun}

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Lundi dix-neuf décembre.

Cinq jours avant que n'arrive Noël.

Cinq jours avant que ne débute cette journée là.

Avant.

Mais ce dimanche, il n'est pas seulement avant, non ; il est aussi, et surtout après. Après la rencontre de Yongsun et Byul-Yi. Juste après.

Deux jours, seulement.

Deux ridicules jours. Même pas ; un jour et quelques heures. Vingt précisément.

Un jour et vingt heures, et cette rencontre, elles n'ont fait, et ne font qu'y penser. En permanence. Pas en gros plan, pas constamment ; mais toujours derrière, en fond, dans un coin de leurs têtes.

Un jour et vingt heures, et le visage de l'autre les hante toujours, refuse de les quitter ; jusqu'à s'incruster dans leur nuit, à prendre une place dans leurs rêves.

Pour toutes les deux, c'est la même chose. Le même schéma, à quelques détails près.

Et toutes les deux elles trouvent ça bizarre. Toutes les deux ça les perturbe, au moins un peu. 

Parce que c'est étrange de penser comme ça à une presque inconnue, c'est inhabituel. Vraiment bizarre. Surtout d'en rêver.

Déconcertant.

Enfin, c'est la manière dont elles le perçoivent.

Toutes les deux.

"Surtout pour une fille aussi maquillée."

"Surtout pour une fille avec des cheveux couleur lavande usée, et un clou enfoncé dans le sourcil droit."

Sincèrement.

Les deux sont dépitées. À la limite de l'exaspération.

Mais c'est vrai qu'elle était sympa, cette fille, tout de même.

Et belle. Oh, tellement belle...

"malgré le maquillage."

"malgré la chevelure usée, le clou du sourcil droit."

Oui, elle était belle.

Et c'est vrai que la revoir, ça leur fera plaisir. Cette fille...

"Yongsun."

"Byul-Yi."

Vraiment, ça ne les dérangera pas.

Voir même un peu plus que ça.

Peut-être même qu'elles apprécieront. Voir même qu'elles adoreront.

Mais en attendant, elles n'en sont pas là. Pas encore.

Byul-Yi est au travail, Yongsun en cours.

Ah non, elles sortent maintenant. C'est la pause de midi.

Elles s'élancent vers l'extérieur, toutes les deux avec un sac sur le dos, toutes les deux avec une mine satisfaite, un pas vif.

Elles quittent leurs établissements respectifs. 

Elles ont l'air exagérément pressées, exagérément guillerettes aussi. Elles sont... différentes, par rapport à d'habitude. Pas de grand chose, mais tout de même, quelque chose.

Parce qu'elle est inhabituellement souriante, Byul-Yi.

Et qu'elle est anormalement concentrée sur sa route, Yongsun - une seconde sur deux.