Je referme la porte derrière moi, et me voila dans le froid glacial de l'hivers russe. Maman m'a demandée de descendre acheter des produits français pour préparer un bon repas en l'honneur de ses invitées, collègues de travail. J'essaie de ne pas trop tarder sur le chemin, je n'aime pas trop la population . Sur la route, perdue dans mes pensées, je tourne trop tôt et arrive au port, ce qui n'était pas prévu. J'avance prudemment et prends appuis sur un petit muret de pierre, puis je contemple avec plaisirs la beauté du Monde. Face à moi se trouve un bateau amarré, puis a ma droite, un chemin bordé d'arbres. Tout allait bien jusqu'à ce que je me rende compte que je me suis égarée, que je n'ai pas encore acheté de quoi cuisiner, et que maman m'avait dit qu'elle viendrai me chercher, à un endroit où je ne suis pas ...
Cela fait maintenant dix minutes que je suis perdue et le froid m'envahit déjà. Les odeurs se bousculent et les bruits extérieur commencent a m'insupporter. Vivement qu'on me sorte de là. Les gens qui passent me dévisagent, comme si je n'avais rien à faire ici, ce qui est un peu le cas.
Maman m'a promit de venir me chercher mais j'ai l'impression d'attendre indéfiniment. Cela fait vingt minutes maintenant, le froid me raidit les doigts et je peine à les bouger. Le crépuscule arrive discrètement. Je me lève et commence à marcher sans la moindre idée de la direction à prendre. Le froid s'amplifie et mes extrémités me brûlent, mon nez coule et mon corps tremble. Je ferme les yeux de douleur, mais une voix appelant mon prénom me ramène très vite à la réalité.
- Julia, chérie, où es-tu ?
Ma mère court, affolée, vers moi et me sers contre elle. Je lui explique ce qui s'est passé, puis elle m'emmène acheter ce dont nous avons besoin avant de retourner à la maison.
Une fois au chaud et en sécurité, étant frustrée de m'être perdue, je me réfugie dans le seul endroit de la maison où je me sens le plus à l'aise : devant mon piano. Je pose mes mains gelées sur le clavier et commence à jouer la partition installée sur le pupitre.
Maman m'a dit de ne pas dire « mon piano » mais « le piano de Mamie », parce qu'il appartenait à ma grand-mère avant qu'elle ne nous quitte, et son piano était la chose la plus importante à ses yeux, après sa fille.
Je n'ai aucun souvenirs d'elle, je crois d'ailleurs que je ne l'ai jamais connue, mais étrangement je me sens liée à elle d'une manière inexplicable.
Je continue à jouer du piano, je ferme les yeux de plaisirs , et je me sens transportée, je ne sens plus mon corps, des frissons me transpercent, puis une image du visage souriant de ma grand-mère se fige dans ma tête, ce qui me fait revenir à la réalité.
Ayant arrêté de jouer, je réfléchis à ce qui vient de se passer en une fraction de seconde, et me rend compte que ce visage, j'ai aperçue le même en rêve il y a à peine trois jours...

VOUS LISEZ
L'âme du piano
EspiritualC'est l'histoire d'une petite fille russe qui n'a jamais connu sa grand-mère et qui pourtant ressens un manque permanent de celle-ci. La seule chose qu'il lui reste de sa mamie est son piano, dont elle seule sait en jouer... ( J'ai eu du mal à écrir...