Chapitre 3

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Une journée s'écoule encore, et ce soir , en me couchant, je ne parviens pas à dormir, alors je réfléchis longuement à ma vie.

Pour je ne sais quelle raison je me sens triste à tous moments de la journée, que je sois seule ou avec ma mère et mes sœurs, je ne parviens pas à trouver de réel bonheur, c'est comme s'il manquait quelque chose à ma vie, une chose qui me cause un vide dans le ventre, et que je n'arrive toujours pas à remplir, je ne sais pas ce qu'il me manque. Mon père peut-être, étant donné qu'il nous a laissé quand ma mère venait d'accoucher de ma plus jeune sœur. Cela fait tellement longtemps que je ne parviens même plus à me souvenir de ce jour, où il a prit ses affaires et qu'il à disparu dans le froid glacial de l'hiver russe pour « une vie meilleure » selon ses dires. Mes souvenirs de son visage s'estompent peu à peu, mais au final, je crois que je me fais bien à la vie sans lui, après tout je n'ai pas le choix.

Ce n'est pas d'un père que je manque, après réflexion. 

Je commence à pleure en silence, alors je pense à une chose que j'aime : la musique ; ou plutôt jouer sur le piano de Mamie. J'ai le sentiment que si je l'avais connu, et qu'elle était encore là, elle aurait été un peu comme une meilleure amie, vu à quel point nous nous ressemblons caractériellement.

Suite à une bonne heure de questionnement sur ma vie je finis par m'endormir en pleurant.

Cette nuit là j'ai fait un rêve étrange, le genre de rêve tellement bien fait, qu'il donne l'impression d'être réel. Dans ce rêve, Mamie était là, avec moi, je pouvais enfin la voir tout entière. Nous étions assises sur mon lit et nous parlions. Elle me racontait des anecdotes sur sa vie, et surtout sa relation avec la musique et son piano, évidemment.

Et plus elle parlait de sa vie et plus je me reconnaissait à travers ses récits, et plus j'avais l'impression qu'elle pouvait mettre des mots sur mes sensations de vide et de tristesse, c'est comme si elle possédait le pouvoir de lire en moi les questions que je me pose, et qu'ensuite elle trouvait une solution à mes problèmes.

Ensuite, elle m'a dit qu'elle était fière de la jeune fille que je suis devenue, et qu'elle est encore plus fière de la musicienne que je suis. Et peu avant que je ne me réveille, elle m'a fait promettre de ne plus avoir peur de la vie, de l'inconnu, des regards qui jugent. Elle m'a dit que je devais vivre ma vie à ma façon sans avoir peur de déranger qui que ce soit.

Elle a caressé ma joue en me disant qu'elle m'aime, puis elle a commencé à disparaître tel un nuage qui s'évapore, tout en fredonnant tendrement la même mélodie en boucle.

Je me suis réveillée en pleur, tout en étant perturbé, j'étais à la fois heureuse de l'avoir vu, mais aussi triste que ce ne soit seulement qu'un rêve. J'ai tenté de me rendormir, mais sans succès, alors je me couvre chaudement et ouvre ma fenêtre de chambre, laissant entrer le froid.

D'ici je peux voir une isba bleue un peu délavé. Mon regardbalaye rapidement le paysage enneigé, puis je m'attarde sur un chat blanc, quiprend l'air par la fenêtre aussi.

Ce matin je me sens bien, un peu comme, soulagée, ou plus sereine et plus sûre de moi que ce que je n'étais avant. Je décide de fermer cette fenêtre, et de rejoindre Maman dans la cuisine, avant qu'elle ne parte au travail. Je m'installe à table après l'avoir embrassée, puis, suite à un silence, je prend mon courage à deux mains et prononce les mots qui restaient bloquées en moi.

- Maman, tu peux me parler de Mamie ?

Elle se retourne vers moi avec un air surpris, comme si j'avais prononcé des mots interdits.

- Je n'ai pas trop envie de parler d'elle, d'accord ? une autre fois peut-être.

Déçue, je pars me blottir sous un plaid sur le canapé tout en regardant la télé, en attendant que Maman s'en aille, pour me laisser seule à la charge de mes trois petites sœurs, Victoria, Alexandra et Lina qui, pour l'instant dorment encore.

Je laisse mon esprit divaguer, puis sans savoir comment, chacune de mes pensées sont troublées par une mélodie qui m'est familière, alors sans plus attendre, je m'installe au piano. Je commence à jouer n'importe quoi afin de reproduire ce qu'il se joue dans ma tête, puis après quelques fausses notes, la mélodie sors toute seule, et mes mains jouent de manière automatique.

Maman s'approche de moi en courant, l'ai effaré.

L'âme du pianoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant