Martyr

Les Regards

Assise sur le lit, les genoux ramenés sur sa poitrine, la jeune femme semblait ailleurs. A la fois exténuée et perdue dans ses pensées. Elle tourna la tête posée sur ses genoux vers la fenêtre à sa gauche. Il faisait clair et chaud dehors. Dans sa chambre aussi, désormais redevenue belle et lumineuse.

Elle essayait de remettre de l'ordre dans son esprit. Jamais, malgré tout ce qu'elle avait vécu, elle n'avait vu une telle chose. Tellement d'évènements avaient eu lieu durant si peu de temps, en seulement quelques années. Au fur et à mesure, après les sévices, des phénomènes se produisaient.

Elle se leva doucement de son lit, et se dirigea vers la fenêtre de sa chambre. Elle contempla le jardin richement décoré. Il y avait des rosiers. C'était assez classique dans les jardins, mais ces roses-ci étaient magnifiques. Les roses pouvaient être cependant dangereuses avec leurs épines. C'est d'ailleurs à cause d'une épine que le premier phénomène s'était produit...

Un jour où elle avait voulu jouer dans le jardin, encore enfant, elle avait couru vers les rosiers, bien que sa mère lui eût dit de faire attention. Elle avait trébuché et s'était quelque peu écorchée. Rien de grave, bien que sa robe en soit abimée. Sa mère avait accouru, un mouchoir en tissu dans la main pour essuyer les mains de sa fille. Elle avait alors vu les plaies se refermer d'elles-mêmes. Phénomènes étranges auxquels ses parents en avait fait un véritable tabou.

Elle regarda ses jambes dont les pansements avaient été changés. Elle toucha doucement ses jambes et sentit que sa guérison était achevée. Elle enleva alors doucement ses bandages. Sa peau était totalement lisse, sauf à quelques endroits où l'on pouvait percevoir comme de minuscules cicatrices, comme d'anciennes brûlures. Mis à part cela, rien ne pouvait laisser penser que, 2 jours plus tôt, elles avaient été lacérées.

Elle releva la tête vers le jardin. Elle vit un jeune garçon de son âge, aux yeux bleus et cheveux blonds avec des barrettes rouges, s'occuper du jardin. Il était souriant, mais ne semblait pas avoir la main verte.

La jeune femme était capable de ressentir la bienveillance et l'innocence qu'il dégageait. Elle espérait que d'autre personne comme ce jeune homme vivait en ce lieu. À l'inverse elle souhaitait ne plus recroiser cette chose qui l'étouffait tant et qui l'effrayait, bien que quelque chose en elle, elle ne saurait expliquer quoi, voulais la rassurer.

C'était encore un phénomène nouveau qui lui était arrivé et qu'elle ne comprenait pas encore. Comme à chaque fois, la première expérience était de loin la plus violente.

Mais ce qu'elle avait ressenti, ce matin même, ce n'était en rien comparable à ce qu'elle avait connu. Aujourd'hui, elle l'avait ressenti, elle l'avait vu.

Il n'était pas humain.

Qu'était-il exactement ?

Quelque chose qui s'est éloigné de la volonté de Dieu.

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_ Monsieur, votre dîner est servi.

Le compte ne broncha pas, ne daigna même pas regarder son majordome qui lui servait son plat. Toujours contrarié par la situation, il ne savait que répondre à la Reine. Le marché humain, auquel ils avaient assisté, n'existait désormais plus. Mais que dire à sa majesté sur le cas de la jeune femme qu'ils avaient trouvé ? Il ne savait rien d'elle. Et elle semblait relever du domaine de l'ombre comme les dieux de la mort. Était-elle dangereuse ? Faudrait-il se débarrasser d'elle ? Ciel en pensant à tout cela jouait avec sa nourriture.