1917

La mission

Mon nom est William Schofield mais je préfère qu'on m'appelle Will. Je suis un caporal britannique envoyé en France, sur le front Ouest, pour combattre contre les Boches et leurs alliés. Nous sommes le 6 avril 1917. Je suis là. Dans un champ de fleurs. Je somnole à moitié adossé à un arbre, à côté d'un autre caporal qui devait sans doute dormir d'après son casque posé sur son visage de façon à cacher ses yeux. 

Je n'ai pas vu qui mais un des sergents, il me semble, est arrivé aux côtés du caporal Blake qui dormait. 

"Blake."

Aucune réaction. Un bruit semblable à celui d'un coup de pied se fait entendre. Le sergent insiste alors : 

"Blake !"

Je décide alors d'ouvrir difficilement les yeux mais assez rapidement pour voir le caporal Blake retirer son casque de devant ses yeux et se redresser légèrement.

" - Désolé sergent..

Il se frotte les yeux pendant que je tourne la tête dans sa direction.

- Choisis un homme et prends ton bardas.

- Oui sergent. "

Mes yeux refermés entre temps, Tom Blake se redresse et se tourne vers moi en soupirant. Il se lève et vient se poster devant moi l'air décidé avant de me tendre la main. Sentant son ombre, j'ouvre de nouveau péniblement les yeux et jette un coup d'oeil à sa main avant de poser mon regard sur son visage. C'est à cette main tendue que je comprends que je suis l'homme désigné pour venir avec lui. J'esquisse un très léger sourire en soupirant avant d'attraper sa main. J'aurais préféré dormir. Il m'aide à me relever puis je donne un coup d'épaules pour redresser mon sac dessus avant de prendre mon fusil à baïonnette dans mes mains. Je n'ai pas encore prononcé une seule phrase depuis mon réveil. Le sergent commence alors à s'impatienter : 

 - Ne traînez pas ! 

- Non sergent ! 

Blake lui répond du tac au tac et commence à marcher. Il remet son fusil sur son épaule. Je le suis et fais de même sans oublier de positionner soigneusement mon casque sur ma tête. Une fois à son allure, il me demande :

- On a eu le ravitaillement ? 

- Non. Que le courrier. 

Je sors alors une lettre de ma poche, regarde l'inscription sur l'enveloppe et la lui tends. Il la prends, l'ouvre et la lit. Au fur et à mesure de sa lecture, un sourire se dessine sur son visage. 

- Ma chienne vient d'avoir des petits ! 

Il me l'annonce fièrement avant de me demander : 

- T'as reçu une lettre ? 

- Non.

Nous continuons d'avancer au milieu des autres soldats éparpillés un peu partout.

- Oh bon sang, je crève de faim, pas toi ? J'avais espéré qu'ici on allait bien becqueter. Si je suis pas rentré dans les ordres, c'est uniquement à cause de ça. 

Il rit et je souris tout en sortant un mouchoir de ma poche. Je déplie le mouchoir qui me sert en réalité d'emballage et redécouvre un peu de nourriture que j'avais pris soin de garder. Blake me regarde, intrigué : 

- T'as quoi là ? 

- Jambon et pain.

Je croque un morceau de ma "collation".

- Où t'as dégoté ça ? 

- Je fais mes combines.

Je souris légèrement et coupe un bout avant de lui tendre.