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Elisabeth

Les deux jumeaux me regardent mais leur expression faciale est différente : alors que l'un semble amusé, l'autre affiche une mine inquiète. Je soupire et serre fermement la lanière de mon sac de sport.

- Je pense que vous avez des choses à vous dire donc je vais aller m'entraîner, ravie de vous avoir rencontré, Daryl, dis-je en lui adressant un petit signe de la main.

- Tout le plaisir est pour moi, jolie colombe, me retourne t-il avec son plus beau sourire, j'espère te revoir.

Pour simple réponse, j'émets un petit rire avant de quitter le bureau. Je dépose mon sac dans les vestiaires et rejoins la salle qui rassemble quelques hommes et femmes ainsi que des enfants. Je retire ma veste pour la poser sur un banc ainsi que ma serviette et ma bouteille d'eau. Avant de frapper, j'opte pour un petit entraînement afin de chauffer mes muscles pour éviter de me blesser. Je commence par la tête, les épaules, les hanches puis les chevilles, sans oublier les poignets et enfile ensuite mes gants.

- Aller, voyons voir si je suis rouillée ou... Si ça ne s'oublie pas, un peu comme le vélo, songeai-je.

Au départ, mes coups sont timides et je cherche la position la plus adaptée pour les appuyer. Cela finit par arriver après un moment et je laisse un rictus satisfait flotter sur mon visage. Puis l'image de mon ex me revient en mémoire et la colère m'envahit, mes coups deviennent plus violents, si bien que le sac de frappe me revient dessus rapidement, me poussant à l'esquiver. Des pas résonnent derrière moi, déconcentrée, je perds l'équilibre et tombe sur les fesses.

- Bon sang, je gromelle, quelle faute de débutante...

- Beth, tout va bien ? S'enquiert Matt, accroupi à mes côtés.

- O-Oui... Juste une erreur d'inattention. Ne t'inquiète pas.

Il m'aide à me relever et l'une de ses mains s'attarde sur mes reins, me poussant à rougir. Mais, sous l'effort, il ne le remarque pas et je souffle de soulagement.

- Merci, Matt. Je suis désolée pour ce spectacle lamentable, dis-je en riant.

- A vrai dire... Je t'observe depuis quelques minutes, tu semblais avoir envie de tuer quelqu'un, m'avoue t-il.

- Oh... Ouais... Faut dire que quand tu imagines une personne que tu détestes à la place de ce sac, tu deviens tout de suite plus motivé.

Le rire qui parvient à nos oreilles est amère, le mien.

- Matt, je suppose que tu vas me dire que si j'ai besoin d'en parler, tu seras une oreille attentive et je t'en remercie mais je n'en ai pas envie.

- Je suis si prévisible ? Demande t-il en souriant. Mince, pourtant on se connait depuis peu, je pensais avoir un peu de temps pour te surprendre.

- Eh bien c'est raté, navrée de te décevoir. Je vais m'y remettre, excuse-moi.

Je m'éloigne de lui et reprends avant que mes muscles ne soient refroidis. Après plus d'une heure, je m'arrête et retire les gants, en sueur. Matt a entraîné les gamins tandis que Daryl, malgré ses nombreux coups d'oeil dans ma direction, a frappé le sac lui aussi. J'attrape ma bouteille d'eau et en vide la moitié d'une traite, assoiffée.

- Wow, tu descends aussi rapidement les verres quand on te les offre ?

Je me retourne vers l'aîné qui m'observe avec son air moqueur.

- Peut-être bien, il n'y a qu'une seule façon de le découvrir, je lance, taquine.

Son sourire carnassier s'élargit davantage et il s'approche un peu plus. Je le détaille sans me cacher, des pieds à la tête et bon sang, qu'il est bien foutu. Mon regard s'attarde sur son torse parfaitement sculpté et il se met à rire.

- Décidément, tu me plaîs, tu n'as peur de rien, Princesse. Si tu veux les toucher et plus si affinités, tu peux venir à la villa, me susurre t-il à l'oreille.

- Qu'est-ce que tu fous, Daryl ? J'entends dans mon dos.

Pour seule réponse, il s'éloigne, me tourne le dos et hausse les épaules.

- On discutait, tout simplement. J'y vais, j'ai à faire chez moi, à plus tard, Elisabeth.

Comment connait-il mon prénom ? Mince, j'ai rougi comme une midinette et mon binôme m'observe maintenant avec une mine agacée. Il s'approche et me tapote la tête. Bon sang, je n'y comprends rien.

- Désolé, mon frère peut être lourd parfois, j'espère qu'il ne t'a pas effrayée ? Questionne t-il, sérieux.

- N-Non... Par contre...

Quelque chose me gratte les reins, je l'attrape et découvre une carte de visite. Le beau brun me dévisage et soupire bruyamment.

- Il a encore fait son petit numéro mais crois-moi, ce n'est pas une bonne idée, Beth.

Je le toise et fronce les sourcils.

- Matt, excuse-moi mais tu me décris ton frère comme s'il était un criminel, ce n'est pas très gentil.

- C'est compliqué, Beth, mais tu dois me faire confiance, tu serais triste si tu le côtoyais, m'informe t-il en s'approchant de moi.

- Mais enfin, nous venons à peine de nous rencontrer, que vas-tu t'imaginer ? Certes, il m'a peut-être draguée mais je ne suis pas ce genre de filles.

Je lui montre qu'il m'a blessée et il se gratte l'arrière de la tête, gêné.

- Excuse-moi, j'ai exagéré mais tu apprendras au fil du temps que c'est complexe quand ça concerne mon frangin.

- Je... Je ne peux pas comprendre, je suis fille unique malheureusement. Mais, tu n'as pas à t'en faire à propos de Daryl, c'est ça ?

- J'ai agi comme un crétin, oublie tout ça, s'il te plait.

- C'est mieux, oui, je conclus en passant ma serviette dans mon cou.

Je me dirige sans un mot de plus vers les vestiaires pour y prendre une douche. Lorsque l'eau tombe sur mon corps, cela me fait un bien fou et détend mes muscles. Pourquoi Matt me protège autant de son frère ? Je secoue la tête et n'y pense plus, profitant de la chaleur qui se propage dans toute mon enveloppe corporelle. Après dix minutes, je suis habillée et lâche mes longs cheveux que j'avais attachés lors de l'entraînement. En sortant, je croise mon partenaire qui m'observe encore avec une lueur triste dans les prunelles. Je pousse un long soupir et pose ma main sur son bras.

- Excuse-moi, Matt, je ne voulais pas t'embarrasser ou te blesser. Nous nous sommes bien entendus au bureau, j'aimerais que ça continue et même si nous venons de nous rencontrer, tu es un homme bien, je le sens.

- Beth... Ca me fait tellement plaisir d'entendre ça, tu ne peux pas savoir à quel point. Merci, toi aussi tu es une femme merveilleuse, une autre m'aurait sûrement giflé.

Nous rigolons de bon choeur ensemble et sans m'en être rendue compte, j'ai resserré ma poigne autour de son bras. Je l'observe, Dieu qu'il est beau et ce sourire... Digne d'une pub pour un célèbre dentifrice, à tomber. Est-ce que l'amour au premier regard existe ?

[Is It Love ? Matt] Douce AttractionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant