L'élémentaris

VIII

PDV Winter

Les arbres sont remplis de petites lumières, et des fils lumineux parcourent les rues.

Pourquoi suis-je ici? Je devrais être avec les autres, au temple.
À moins que ce ne soit un autre rêve.

Nous sommes en automne, les feuilles mortes craquent sous mes bottes noires. Ah tiens, je porte également un manteau noir. Je passe devant une vitrine de vêtement et examine mon reflet dans la vitre.

Je dois l'avouer, je ne me reconnaît qu'à moitié.

Les yeux bleus, les cheveux blancs... ça me dit vaguement quelque chose, mais je n'arrive pas à mettre la main dessus.
Je continue à marcher, inspirant l'air frais automnal.
L'odeur des épices me pique le nez, et la température extérieure me fait frissonner. Je me rend rapidement compte que je n'ai aucune idée de ma prochaine destination. Et pas question de rester ici bien longtemps.
Il n'y a pas grand monde dehors, seulement quelques personnes qui marchent en plein milieu des chemins de pierre. Tous, sans exception, me fixent d'un air bizarre lorsqu'ils passent près de moi, et je déteste ça.

Je me suis pas une bête de foire, merde.

Je tourne un coin de rue, et continue à marcher en ligne droite. J'entendis alors des petits bruits réguliers; quelqu'un marchait derrière moi.
Malheureusement, ces bruits ne voulaient pas s'arrêter.
Quelqu'un me suivait.

Sans me retourner, j'accéléra le pas.
Les bruits de pas s'accélèrent eux aussi.
Je me mis à courir.
Tout d'un coup, une main agrippa mes cheveux et me tira la tête par en arrière.

Ensuite, les choses devinrent floues.
Mais je distingua très bien le sac qu'on me mit sur la tête. J'essaya de crier, mais le sac se serra au niveau de mon cou, il commençait à m'étouffer. Je me débâti, et quelqu'un me frappa à la tête.

Après ça, trou noir.

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PDV Spring

Six jours sont passé depuis la "crise" de Winter. Maître n'avait aucune explication pour ce... phénomène, et ça nous a tous mis de mauvaise humeur: Summer ne mange presque plus, et Autumn est devenu plus agressif. Tout les jours, il prend un déjeuner et va dans une salle d'entraînement. Il cogne sur les sacs de frappe pendant des heures, puis il va dans une salle adjacente où l'on s'entraîne au corps à corps. Ensuite, vers l'heure du souper, il revient, ne parle pas, avale son repas et va dans sa chambre. Hier, je l'ai suivi (de loin, bien sûr); après quelques minutes, il ressort de la pièce avec son uniforme de disciple, et va pratiquer sa magie.
Summer, quand à elle, continue ses leçons avec maître et moi. On ne se parle presque pas, et elle ne sourit plus. Tout les soirs, avant d'aller se coucher, elle va voir Winter.

Le sixième jour, par contre, c'était différent.

Je déjeunais tranquillement (et silencieusement) avec Summer, quand Autumn apparut. Il s'assit à la table avec nous en glissant un petit "bonjour" déprimant, comme les cinq jours précédents.
Dix minutes passèrent dans le silence avant d'être interrompues par un gros bruit sourd. Je jeta un regard inquiet à Summer qui me répondît par un haussement d'épaule.
- Je vais aller voir, dit Autumn.
- Wow. Premiers mots en six jours; c'est un gros progrès, murmurais-je assez fort pour que seul ma voisine ne m'entende.
Cette dernière gloussa, c'était bien la première fois. Un sourire s'étira sur mon visage.
Soudainement, un cri nous interpella:
- Les gars venez voir ça!
- On arrive, répliqua Summer.
- C'est Winter, bougez-vous! S'écria Autumn.
Je lança un regard remplit d'incompréhension à Summer, et elle se mit à courir vers le corridor des chambres.

Autumn était assis sur le lit de mon amie, aidant Winter à se redresser contre le mur. Ses yeux était grisâtre, presque clos, comme si elle faisait un effort incroyable pour les garder ouverts. Sa peau, déjà pâle a l'habitude, était ivoire. On aurait dit qu'elle était malade, et cela me donna un pincement au cœur. Summer, en revanche, avait les yeux vitreux, et un gros sourire sur les lèvres.
- Tu vas bien? demanda t-elle après un instant.
Contre toute attente, Winter sourit.
- Oui... murmura-t-elle.
Sa voix était si faible que je dû me pencher pour entendre.
- Est-ce que quelqu'un pourrait... m'expliquer ce qui c'est passé? demanda cette dernière.
Je hocha la tête, et dit:
- On te racontera tout... mais tu ne voudrais pas manger, avant?
Cette magnifique réponse me donna un regard noir de la part de Summer, un rire étouffé d'Autumn, et l'estomac de Winter gargouilla.

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- ... et après ça, tu t'es évanouie. Maître avait dit que c'était normal, mais...
- Tu n'avais pas l'air d'aller bien, continua Summer. D'habitude, si un disciple tombe dans les pommes après ça, ce n'est que pour quelques minutes, voire une heure ou deux, mais... tu es restée inconsciente pendant près de deux semaines. C'est du jamais vu.

Alors que Summer et moi expliquons ce qui c'est passé à Winter, Autumn est assis à côté d'elle, et la fixe. Son regard se promène entre ses cheveux blancs, ses yeux redevenus bleus, et ses bras. Ils n'étaient plus blancs, ils avaient... repris des couleurs? Difficile à expliquer. Enfin bref, elle n'avait plus l'air malade.
Autumn inspira. Il fixait le sol, maintenant.
- Est-ce que tu te rappelles de quelque chose? Une scène lors du test? Ou un rêve, peut-être?

Un silence s'installa. Même avant, Winter n'avait jamais parler de ses rêves. Ça peut paraître bizarre, mais elle n'était jamais à l'aise de parler de ce qui ce passait dans sa tête.
Pourtant, elle fronça les sourcils et ferma les yeux.
- Nous... étions jeunes, commença-t-elle. Très jeunes. Nous vivions ensemble.

Summer hocha la tête distraitement.

- Nous nous amusions. Dans un salon. Et la scène changea. Vous n'étiez plus là, j'étais dans une rue. Il y avait des maisons brûlées et d'autres abandonnées. Et quelqu'un m'a pris dans ses bras - si c'était quelqu'un. Ça... avait des yeux rouges. Et... son visage... on aurait dit un serpent.

Je jeta un coup d'œil à Autumn. Il avait toujours aimé les créatures étranges et les mythes. Ce dernier haussa les épaules.
Winter poursuivi son récit, son regard perdu dans le vide.
- Mais j'avais déjà vue cette scène auparavant. (Elle leva la tête vers Autumn, puis son regard se posa sur moi.) Quand je vous ai revus. Au motel, expliqua-t-elle.

- Je vais à la bibliothèque, j'en ai que pour quelques minutes.

Sans m'en rendre compte, je m'étais levé, et maintenant j'étais parti.
Le serpent que Winter avait vu dans son rêve, ça me disait quelque chose.

J'attrape mon manteau et sort du temple. Ou du manoir. Question de point de vue. Je descend une petite côte et arrive sur un chemin de pierres.

Les arbres sont remplis de petites lumières, et des fils lumineux parcourent les rues.
Je continue de marcher dans une ruelle recouverte de pierre. Nous sommes en automne, les feuilles mortes craquent sous mes bottes.