2 - LA GRANDE BOUTIQUE DES HORREURS

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12 décembre 2013, 20 h 30, gare de Paris-Bercy.

Planté en début de quai, le capitaine Cordis attendait que le train en provenance de Tonnerre s'immobilise totalement. Quand les portes s'ouvrirent et que le flot de voyageurs se déversa sur le quai, il scruta attentivement la foule pour y repérer son ancien chef. Son mètre quatre-vingt-dix lui permettait de regarder au loin, par-dessus la foule, sans se mettre sur la pointe des pieds. Avec son visage anguleux et ses yeux bleus perçants, ses cheveux blonds coupés en brosse, son corps massif et son blouson de cuir noir, il ne passait pas inaperçu auprès de voyageurs qui s'écoulaient autour de lui. Mais malgré son examen attentif de la foule, c'est Jules qui l'aperçut en premier. Il s'avança vers lui la main tendue et un large sourire aux lèvres. Avec son jean bleu délavé, sa veste molletonnée grise, ses traits tirés, ses cheveux hirsutes et sa barbe de trois jours, l'ancien commissaire faisait pitié à voir. Pour tout bagage, il avait un sac à dos en toile qu'il portait sur son épaule gauche et qui contenait tout ce qu'il restait de sa vie : ses papiers, un téléphone portable, quelques affaires de toilette et un change de vêtements qu'il avait emporté pour passer la nuit à la DCRI. Pascal serra chaleureusement la main de Jules quand il fut à sa hauteur :

— Bonsoir Commissaire ! Cela me fait vraiment plaisir que vous m'ayez appelé ! C'est effroyable ce qui vous arrive ! Vous n'avez toujours pas de nouvelles de votre femme ?

— Non, Pascal. Toujours rien...

— Et vous ? Comment allez-vous ?

— Secoué ! Je survis, comme quelqu'un qui a tout perdu et qui est à la rue. Tout est compliqué et j'angoisse de ne jamais revoir ma femme. Je ne sais pas si elle est partie, ou si elle a été enlevée... Sa voiture n'est plus là... Je n'ai pas l'ombre d'une piste et la gendarmerie non plus.

— Ah ! S'ils trouvaient quelque chose ceux-là, ça se saurait ! » ricana Pascal. « Vous savez ce que c'est : entre eux et nous, ça n'a jamais été le grand amour... Et vous avez essayé du côté de sa famille ?

— Oui, j'ai tenté d'appeler son frère, mais ça ne répond pas non plus...

— Bon... On va chercher de notre côté. On va trouver. Vous pensez que le Crépuscule est à l'origine de tout cela ?

— Enlever des gens et tout faire cramer... c'est bien dans leurs manières de faire, non ?

— Oui... mais pourquoi vous ? Pourquoi maintenant ? Vous ne représentez plus une menace pour eux.

— Non, mais Christophe Leduc si !

— Quel rapport ?

— Il est en cavale.

— Merde ! Il s'est enfui ?

— Oui, pendant son transfert entre la prison et la DCRI.

— Et le Crépuscule voudrait faire pression sur vous, une nouvelle fois, pour que vous le retrouviez et leur livriez ?

— Je ne vois que cette explication pour le moment.

— Vous auriez reçu un message, une revendication du Crépuscule !

— Cela va sans doute venir... En tout cas, je te remercie de m'accueillir quelques jours chez toi, le temps que je m'organise.

— Mais c'est tout naturel Commissaire ! Cela me fait plaisir de vous revoir après tout ce temps.

— Tu es toujours capitaine ?

— Oui ! Toujours au 36, et toujours à la Crim !

— Tu aurais pu monter en grade. Tu en as les capacités...

Les flammes du Crépuscule    (Dans l'ombre du Crépuscule - Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant