3 - TOUS LES CHEMINS RAMÈNENT À ROME

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16 décembre 2013, 21 h 15, Rome.

À peine débarqué du train, Jules traversa la Gare de Roma-Termini d'un trait et se dirigea vers une sortie, sur la gauche, qui donnait directement dans la rue de son hôtel. Il remonta le trottoir le long de la gare, sur une centaine de mètres, puis traversa la rue et entra dans l'hôtel San Bernardino ; celui-là même dans lequel il s'était caché avec Leduc quatre ans auparavant, après avoir échappé à l'attentat de la Place Navona. Revenir en ce lieu lui rappela les sombres heures qu'il avait passées enfermé avec Christophe dans une petite chambre, à regarder les informations sur l'attentat à la télévision et à fouiller désespérément Internet à la recherche d'éléments sur le lieu de l'effroyable cérémonie de la Secte.

Il prit la clé de sa chambre à la réception et monta au troisième étage dans un petit ascenseur où deux personnes, à peine, pouvaient se tenir. L'hôtel San Bernardino était d'un confort minimal, mais il avait l'avantage d'être tenu par l'Église Catholique romaine, et c'était, selon Leduc, un gage de sécurité vis-à-vis du Crépuscule : jamais la Secte n'avait réussi à enrôler des ecclésiastiques jusqu'à présent. Jules posa sa petite valise sur un banc prévu à cet effet, dans un coin de la chambre, puis balança son sac à dos sur le lit. Il en sortit un dossier un peu plié qu'il posa sur son oreiller pour l'étudier plus tard, puis il redescendit au restaurant pour dîner. Son repas terminé, il remonta dans sa chambre et s'allongea sur le lit pour étudier son dossier. Il alluma machinalement la télévision pour se faire de la compagnie, mais ne la regarda pas. Celle-ci, réglée sur un canal d'information continue, diffusait des images d'un crash d'avion dans des montagnes. Jules se plongea dans le dossier qu'il avait apporté et étudia les informations sur Claudia, son oncle et le cousin de Christophe. Même s'il ne comprenait pas ce que les commentateurs italiens racontaient, son oreille se laissa distraire par le flot de paroles ininterrompu des journalistes qui commentaient l'événement et il ne put s'empêcher de regarder les images. Il chercha à décrypter le bandeau qui défilait rapidement en dessous. Il semblait parler d'un crash, dans les Alpes, d'un Airbus qui faisait la liaison Paris-Rome... le vol 3245... son vol ! Celui qu'il aurait dû prendre à Paris ! Son sang se glaça. Il posa ses papiers à côté de lui et porta toute son attention aux informations qui défilaient dans le bas de l'écran, sans en comprendre les détails. Il était abasourdi, figé d'effroi sur son lit et morbidement fasciné par les images prises d'hélicoptère qui montraient des centaines de débris éparpillés sur les flancs des montagnes avoisinantes. Il pensa aux pauvres gens qui avaient perdu la vie dans cet accident, aux familles qui les attendaient à Rome et dont la vie avait été brisée en quelques minutes. Il n'y avait aucun survivant apparemment, l'avion avait été pulvérisé, et les gens avec. Si Christophe l'avait mis en garde, c'est que c'était un attentat... un nouvel attentat de la Secte. Et sans son message, il serait mort à présent. Pourquoi n'avait-il pas aussi averti la compagnie ou la police de l'aéroport ? Empêché le décollage ? Christophe l'avait sûrement fait, le connaissant, mais les autorités ne l'avaient sans doute pas pris au sérieux. Maintenant que le crash avait eu lieu, la police devait le rechercher activement pour connaître son degré d'implication.

Jules resta hypnotisé par les images qui défilaient en boucle devant ses yeux. Le Crépuscule avait encore frappé... Mais pourquoi ? Que revendiquaient-ils ? Que voulaient-ils démontrer ? Qu'ils étaient tout puissants ? La vie de centaines de gens n'avait donc aucune valeur pour eux ? Comment avaient-ils fait ? Avaient-ils mis une bombe dans la soute ? Difficile, vu les mesures de sécurité et la radiographie systématique des bagages. Alors quoi ? Un nouveau « 11 septembre » ? Non, le Crépuscule n'avait pas de pilotes kamikazes dans ses rangs, ou alors c'était une nouveauté. Le piratage à distance des commandes de vol ? Était-ce possible ? Jules n'en savait rien, mais il se doutait que c'était la méthode la plus probable connaissant la Secte et ses hackers... C'était une première ! Et cela allait faire grand bruit dans les médias et dans le monde aéronautique. Ou plutôt non ! Les autorités allaient sûrement invoquer une faute grave du pilote, sinon ça serait la panique, et plus personne n'oserait prendrait l'avion. Il n'en restait pas moins que les avions étaient devenus des armes, désormais, que la Secte pouvait faire s'abattre n'importe où , n'importe quand.

Les flammes du Crépuscule    (Dans l'ombre du Crépuscule - Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant