Chapitre 3

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J'avais passé toute la semaine dans la bibliothèque, à lire des tas et des tas de livres. Je m'étais également replongé dans les deux manuscrits qu'on m'avait envoyé, bien qu'ils fussent toujours incompréhensibles. C'était probablement écrit dans un vieux français ou dans un langage crypté. Mais j'étais sûr d'une chose : je ne pouvais à peine comprendre le sens des mots.

Nous étions ce jour-là samedi, et toutes les bibliothèques étaient fermées. Allongé sur mon lit, les yeux rivés sur le plafond de ma chambre, je restais pensif. Je ne savais que faire de ces quelques heures qui me restaient de l'après-midi. L'ennui me gagnait et grignotait à présent les quelques heures de mon après-midi.

Je fixais toujours le plafond bleu nuit de ma chambre recouvert d'étoiles, où la peinture commençait à craqueler à cause de l'humidité.

Regarder ces étoiles m'apaisait. Et puis, elles me rappelaient de si bons souvenirs ! Je me revoyais là, quatre ans plus tôt, en train de repeindre ma chambre avec mon ami de l'époque, Victor. Nos rires avaient résonné si fort dans la maison, que je pouvais encore les entendre dans ma tête. Pinceaux et pots de peinture à la main, nous avions alors décidé de rendre ma chambre un peu plus créative... Victor avait lui-même eu l'idée de ces étoiles. Depuis, elles étaient un petit fragment de bonheur pour moi. Chacune était spéciale, et nous avions d'ailleurs peint notre propre étoile, où nous avions gravé nos noms.

Je me levai, contemplant toujours le plafond, à la recherche de ce petit dessin, qui ressassait tant de choses chez moi...

Je laissai tous ces bons souvenirs m'envahir pendant plusieurs minutes, jusqu'à me perdre dans mes pensées.

Puis soudainement, alors mes pensées divaguaient, j'avais songé à la mystérieuse soirée que j'avais vécu mi-juin.

Etrangement, je me sentais particulièrement intrigué par la gare dans laquelle j'avais atterri. Quelque chose m'y attirait, me donnait envie de la contempler attentivement une dernière fois. J'avais besoin de comprendre ce qui s'était passé ce soir-là.

Était-ce une de mes illusions, un de mes rêves ? Etais-je fou ?

Je semblais vouloir revenir dans cette gare abandonnée, malgré l'immense peur que cela me procurait.

« Juste une dernière fois... Tu n'y retourneras plus jamais, tu le sais bien » murmurai-je inconsciemment. »

C'était la seule manière de me prouver que je n'étais pas fou. J'en avais réellement besoin. En quelques secondes, sur un coup de tête, je semblais décidé : je devais retourner dans cette gare. Convaincu que c'était le bon choix à faire, je pris la veste posée sur ma chaise de bureau, un sac avec quelques affaires et descendis les escaliers à toute vitesse :

« J'y vais, maman. A ce soir ! m'écriai-je.

-Et où vas-tu comme ça ?

- Des amis... m'ont proposé de passer le reste de l'après-midi avec eux ! mentis-je, un peu honteux.

- Il est presque dix-sept heures ! Tu vas renter trop tard.

- Maman, c'est les vacances !

-Bon très bien, mais je veux te voir ici pour le dîner, s'exclama-t-elle. »

Je venais de lui claquer la porte au nez. Enfin j'étais libre, débarrassé de toutes ses questions. Je me dirigeais joyeusement vers la gare, l'excitation me brûlant l'estomac. Je ne faisais plus attention à quoi que ce soit : mon seul but étant de comprendre ce qu'il avait bien pu m'arriver.

En montant dans le train, quelque chose semblait m'endormir à nouveau. Mais cette fois-ci j'allais lutter contre ce sommeil. Malgré ma volonté, les choses se passèrent très vite. Le paysage défilait tout autour de moi, le train dévalait les campagnes à toute vitesse.

Il s'arrêtait maintenant au terminus. Les quelques passagers restants descendirent du train sans prêter attention à ma présence. Je semblais être un fantôme à leurs yeux.

Puis le wagon redémarra et emprunta un long tunnel ombragé, et très étroit. Après quelques minutes à observer à travers les fenêtres, je reconnus enfin ce souterrain. C'était bien le même que j'avais aperçu lors de ma première venue ici. Il était effectivement très long, il s'étalait probablement sur une quarantaine de kilomètres.

Une vingtaine de minutes passèrent, lorsqu'enfin le train s'arrêta. Je ne pus m'empêcher de lâcher un cri de joie en regardant à travers les fenêtres. Je venais d'arriver à la gare tout en verre ! Non, je n'avais pas rêvé : ce lieu existait réellement.

Bien que mes paupières semblassent lourdes, je n'hallucinais pas. J'étais maître de moi. Bien sûr, cela ne prouvait pas encore l'existence d'un monde perdu, mais j'étais trop heureux pour réfléchir à cela.

Je sortis du train et m'assis sur le même banc que la fois précédente. Rien ne pouvait me rendre plus excité que cette gare. Celle-ci semblait d'ailleurs très ancienne. On y voyait encore les traces d'ornements et de dorures datant du dix-neuvième siècle. Le plafond avait été bâti en arc de cercle, et le principal matériau utilisé pour le construire avait était le verre. Deux couloirs entouraient l'allée principale, et j'observais de magnifiques peintures sur les murs, qui avaient malheureusement perdu leurs couleurs depuis tout ce temps.

J'étais impressionné par cette architecture si minutieuse et si précise qui rendait la gare romanesque et impressionnante.

Alors que je me perdais dans tous les détails de cette architecture, je découvris une silhouette au loin qui s'avançait vers moi. Mes yeux se plissèrent pour mieux voir de qui il s'agissait. Je pensai tout de suite qu'il était question de M. Carwich. Mais après quelques secondes, je reconnus une silhouette féminine qui s'avançait vers moi.

Une peur fléchissante s'empara de moi. Que faisait-elle là ? M'avait-elle suivie ? Je tournai la tête et essayai de l'ignorer. Cependant, cette fille marchait vers ma direction.

Ducoin de l'œil, j'examinai sa délicate silhouette. Cette adolescente avait demagnifiques cheveux blonds ondulés sur les pointes qui tombaient légèrement surses épaules. Son visage pâle faisait ressortir la teintes foncée de ses yeuxbruns. Je pus également observer qu'elle souriait du coin de lèvres.

Chapitre coupé en deux car il est un peu long. Enjoy reading !!

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