Chapitre 9- Suite

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J'avais simplement envie que cette boucle infernale s'arrête. Je voulais rentrer chez moi et ne plus repenser à cette fichue mission donnée par mon ancêtre. Pourquoi m'avait-il choisi ?

J'en avais assez de me compliquer la vie, je voulais revenir en arrière, tout recommencer à zéro. Mais c'était impossible et j'en étais bien conscient.

A chaque fois que je revenais ici, il y avait toujours un problème

Puis Solène s'approcha de moi doucement. Ses cheveux étaient délicatement noués par un ruban bleu, et de jolies mèches blondes détachées tombaient sur ses épaules. Elle portait une robe courte en coton cousue dans un motif fleuri qui la rendait plus lumineuse. Elle s'essaya sur l'herbe face à moi, les genoux repliés sur elle-même :

"Ca ne va pas ? Demanda-t-elle

-Je me sens...vide, expliquais-je

-Vide ?

-Ma vie n'a plus aucun sens... Je cherche quelque chose dans un monde qui n'est peut-être qu'une illusion, et je ne sais même pas pourquoi je cherche cette chose.

-Ne dis pas ça... Il y a pleins de belle choses que tu peux trouver ici.

-Ah oui tu trouves ? Comme apprendre que ce monde est la cause de la mort de mes parents ! M'écriais-je en colère "

Solène ne répondit pas. Tant de colère bouillonnait en moi que je ne savais plus réellement ce que je disais. J'étais fâché, mais en réalité ce sentiment n'était qu'un voile cachant ma tristesse, mon immense peine.

"Je suis désolé, je ne voulais pas dire ça...

-Je ne t'en veux pas, explique-t-elle. Je comprends. Mes débuts ont été très douloureux aussi, particulièrement ma toute première quête.

-Que devais-tu faire ?

-Trier les souvenirs de la famille. J'ai dû rentrer dans un cabinet rempli de cartons contenant des dossiers de souvenirs. C'était dur de voir toutes les horreurs qu'ont pu faire les êtres vivants sur terre. Maintenant je comprends à quoi cela sert de les protéger. Notre rôle est bien plus important que l'on ne peut le croire. "

Je lui pris la main, lui montrant que je portais avec elle sa douleur. Et je compris sur son visage que cela l'avait rendu heureuse.

Elle me proposa ensuite de se promener dans l'immense jardin de notre propriété familiale pour se vider l'esprit. Elle me tendit sa main pour que je la suive et m'emmena donc découvrir les recoins les plus secrets. A gauche de la maison se trouvait un grand potager où poussait toute sorte de plantes aromatiques : de la menthe, du thym, du romarin, de l'estragon... Il y avait également de grands arbres fruitiers qui embellissaient l'endroit par leur couleur. Solène courut le long du cerisier et secoua l'arbre afin d'y faire tomber ces petites boules d'un rouge si vif. J'en ramassai une et la plaça dans ma bouche. C'était un délice. Elle avait un goût légèrement sucré qui fondait sur le palet. J'en repris une, puis deux, puis trois sous le regard étonné de Solène.

"Je ne savais pas que tu étais si gourmand ! S'exclama-t-elle en riant"

En effet j'avais la bouche pleine de cerise, et à chaque fois que ce goût sucré disparaissait, je voulais ressentir cette sensation à nouveau. J'avais l'impression que quelque chose resurgissait à la surface, comme si j'avais associé ce goût à un souvenir. Je ne savais pas lequel, car c'était trop flou pour me souvenir.

Puis Solène me proposa d'aller voir la vieille ferme qui était à droite de la propriété, car elle voulait à tout prix voir les cochons dont Ophélie lui avait parlé.

Je ne savais pas pourquoi les animaux l'intéressaient tant, et c'en était presque devenu une obsession pour elle. Solène m'avait néanmoins toujours fait penser à une fille de la campagne car elle semblait être en parfait accord avec la nature. Elle courut donc vers la vieille étable, le sourire aux lèvres. Cette ferme d'apparence, manquait de s'effondrer car la plupart des poutres en bois qui la soutenaient, étaient craquelées. Cependant d'après Ophélie, cette vieille bâtisse avait des siècles et elle ne s'était jamais effondrée jusqu'à lors. C'était peut-être là toute la magie de ce monde : les choses ne disparaissaient jamais vraiment.

En voyant les petits cochons, Solène se pencha immédiatement par-dessus la barrière pour mieux les apercevoir. Leur enclos n'était pas très grand mais ces animaux de ferme semblaient s'y plaire. Leur terrain était recouvert de boue ainsi que d'épluchures de pommes de terre, dans lequel deux cochons se chamaillaient.

On s'asseyait sur deux mottes de foin pour discuter tranquillement, mais cependant je n'avais pas envie de parler. Tout allait trop vite dans ma tête et bien que cette mini-promenade m'avait apaisé, mes pensées étaient trop confuses. D'un autre côté je ne prenais jamais le temps de réfléchir calmement, car j'avais l'impression de ne jamais en avoir le temps.

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Le pays oubliéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant