Première partie : Chapitre I

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   Il y a fort longtemps, lors d'une nuit de tempête, une lumière atrocement lumineuse explosa d'un petit archipel du fin fond de la Mer du Nord. Depuis ce jour, plus personne n'ose approcher ces îles maudites dont personne n'est jamais revenu...

   Personne ? Si, Richards Blajmann, capitaine du navire Athaïa Omega, y est allé et en est revenu vivant. Il écrit des ouvrages racontant son aventure, il est devenu légende. Pour ma part j'ai beaucoup de mal à y croire, il raconte que des civilisations cent mille fois plus avancées que nous vivent sous la mer, à l'endroit exact où la lumière a jailli trois mille ans plus tôt. Le monde entier croit à ses récits fantastiques. Ses romans sont devenus des best-sellers dominants le marché littéraire et il est devenu l'un des Homme les plus riches du monde.

   Mais qui suis-je pour critiquer ? Eh bien je suis le capitaine d'un petit bateau de pêche oui d'accord je vous l'accorde, lui il a un monstre de navigation capable de résister à la plus violente des tempêtes et le mien n'est absolument pas fait pour naviguer en haute mer. Mais vous savez quoi, avec mes deux meilleurs amis, Alexej et Léo, on s'est donné deux mois avant de partir voir ces fameuses îles. Alors même si le monde entier me dirait que j'ai tort, je resterai sur mon avis personnel je resterai sur mon avis, cet homme ment au monde entier.

   Alexej c'est mon ami depuis que l'on a sept ans, je me souviens encore de notre rencontre, il s'était interposé lorsqu'une personne avait essayé de me frapper, c'est l'homme le plus gentil que je connaisse et on est d'accord sur tout. Léo c'est différent, je le connais depuis mes quinze ans, il était dans le même cours de littérature que moi, nos goûts sont entièrement différents. Mais comme on dit « Les opposés s'attirent » .

   Aujourd'hui, je travaille dans la maison d'édition de mon petit village, je traite et trie les données, réponds aux mails et fais la fermeture du bâtiment. Alors oui certaines personnes me disent que je fais des tâches ingrates, mais j'aime ce que je fais et pour rien au monde je voudrais changer. Je vis avec ma copine Émilie et nous vivons le parfait amour depuis déjà six ans.

   Je vais devoir tout préparer afin que le voyage se passe bien. Je lave mon bateau, vide les choses inutiles pour avoir le plus de place possible, dans mon bateau il y a quatre lits, une petite cuisine, une douche, des toilettes et une grosse cale, tout cela dans un bateau de dix-neuf mètres de longueur et six de largeur. Ce n'est pas la grande classe mais c'est mon bijou et je l'entretiens chaque week-end en le nettoyant bien et en faisant une petite virée à bord. Donc pour commencer je met au fond de la cale dix gros bidons d'essence (c'est un voilier mais il y a un moteur afin d'avancer même s'il n'y a pas beaucoup de vent), je range bien les voiles, met sur les côtés de la cale trente gros cartons de boîtes de conserves, pâtes, riz, fruits et légumes lyophilisés, tout ce qui se garde longtemps en essayant quand même de varier un peu. En plus de ça je met beaucoup d'eau potable, environ quatre-vingt litres. Je finis par laver les toilettes et par acheter une caisse de médicaments de toutes sortes afin d'éviter le pire.

   Pour passer le temps pendant ces deux longs mois, je vais aller travailler, une vie monotone, mais je continue à croire que l'on va trouver quelque chose d'incroyable dans ce voyage au bout du monde. J'ai fini de tout ranger dans le bateau, maintenant je vais rentrer chez moi, prendre une bonne douche et aller me coucher, demain, il restera exactement cinquante quatre jours avant le départ...

   De longs mois passèrent, de longues semaines, de longs jours, j'allais presque jusqu'à compter chaque jour qui me séparait de mon bateau et de la haute mer. Aujourd'hui, je vais acheter des habits adéquats au voyage, on voyage vers le nord il fera très froid, des températures si basses la nuit qu'on pourrait en mourir sans matériel spécial. Si on ne veut pas y rester il faudra faire attention et aller se réfugier dans la chambre du bateau chaque fois qu'il commencera à faire froid. De mon côté je lis des témoignages, continue d'acheter des choses pour notre confort à tous les trois, j'entasse dans la cale du bateau les affaires de mes amis en même temps de travailler à la maison d'édition chaque jour. C'est dans une semaine, je commence à faire mes adieux à mes proches, je mets dans une même boîte tous les souvenirs de ma famille, mon alliance de mariage, le collier d'or blanc que m'a offert ma mère lorsque j'ai eu mon baccalauréat, la croix que mon grand-père m'a légué sur son lit de mort, tous ces souvenirs qui font ce que je suis et ce que je serais à l'avenir, mes amis font la même chose, ce sera important pour le voyage...

   Je ne compte désormais plus combien de lettres j'ai envoyées à ma famille. Elles doivent se compter en dizaines. Pourtant ma détermination pour ce voyage ne fait qu'augmenter, c'est un sentiment étrange, au fond de moi je sais que ce voyage est voué à l'échec mais je continue de vouloir y aller. Mon désir d'apprendre plus sur moi me pousse à continuer, je ne sais pas si mes amis sont prêts à laisser leurs vies en plan afin de m'accompagner dans ce rêve fou, eux qui sont des admirateurs incontestés de Blajmann. Je ne sais même pas s'ils veulent réellement m'accompagner ou si ils ne font ça uniquement pour me faire plaisir. Quel sentiment étrange m'habite depuis ces deux longs mois. Plus que deux jours avant le départ.

L'Odyssée du siècleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant