Deuxième Partie : Chapitre I

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   Tous en haleine de naviguer sur les eaux maudites de Malheim, nous quittons le port heureux et l'âme en paix. Il faut à tout prix ne jamais lâcher prise sur notre courage et ne jamais se laisser distraire quelque soit la raison. Toujours autant déterminé, je m'empresse de contrôler la voile car Alexej n'est pas encore assez expérimenté. J'entends l'eau se fracasser sur la coque du Blue Angel, l'eau noire et repoussante de la Mer du Nord. Sans faire attention, nous pourrions faire une erreur de navigation alors je reste vigilant à chaque action que j'entreprends. Les yeux grands ouverts, je garde aisément mon regard sur les cordages en pilotant le bateau. Mes camarades s'en sortent beaucoup mieux que ce que je pensais, voilà un immense avantage que je n'avais pas calculé. Nous continuions d'avancer tout en regardant au loin si il n'y avait pas d'obstacles pouvant ralentir notre périple. Pour l'instant je ne détecte qu'une île lointaine qui ne présentait aucun danger pour le moment. Tout d'un coup, le bateau tangue anormalement une, deux fois puis se stabilise. Un début de tempête : impossible, ça aurait duré plus longtemps. Alors qu'est-ce que cela pouvait être ? Après avoir ancré le navire pour reposer nos muscles de cette matinée, nous discutâmes de cet incident sans trop sans préoccuper, cela pourrait être tout simplement être une grosse vague causée par un bateau de croisière. Après un repas bref à base de biscuits secs et de chocolat pour maintenir notre force musculaire, nous reprîmes le voyage en se rapprochant toujours plus du centre de la Mer du Nord.

   Léo, toujours en train de vérifier le radar, fut pris de panique en voyant sur celui-ci quelque chose d'indescriptible, l'île vue plus tôt semblait se rapprocher à une allure qui n'était certainement pas lente. Une île se rapprochait, impossible ! Alexej, toujours à la barre, psychotait à l'idée de la mort toujours présente. Léo, qui ne sentait pas très bien non plus, proposa d'arrêter le voyage pour aujourd'hui. La décision fut vite prise par l'ensemble de notre petit équipage : nous allions nous reposer afin de mieux comprendre ce phénomène plus qu'étrange. Je laissai tomber l'ancre et nous dépliâmes les lits dans la cabine. Je commençais à faire le repas lorsque je vis au loin la même île toujours aussi loin. Je m'empressai alors de regarder le radar, et la chose se rapprochait toujours et était désormais seulement à une centaine de mètres. Comment pouvait-elle nous échapper, elle était pourtant si proche. C'est alors qu'une évidence me frappa, cette étrange chose allant si vite était sous la mer ou dans le ciel, seule cette option était possible. Sachant que le ciel était vierge de toute chose, cet objet si spécial était forcément sous la mer. Lorsque le radar indiquait cette chose proche, je sortis de la cabine et alla sur le pont pour ne serait-ce que l'apercevoir si grand soit-il. Mon esprit fut étonné lorsque je vis sous le bateau une immense masse visqueuse et noire de la taille d'une montagne. Mes yeux étaient absorbés par ce spécimen si grand. Jamais je ne vis si grand animal que celui-ci, il était si massif, vingt fois plus grand qu'une baleine, ses yeux me fixant étant d'un vert émeraude si profond. Mes yeux fixaient désormais son corps, qui était alors une masse verte noirâtre très foncée. Toujours plus bouche bée, je retournai dans ma cabine en me secouant la tête, comment un tel spécimen pouvait exister. Pendant un instant, je pensais au monstre d'outre-espace Cthulhu, cet immense poulpe tout droit sorti de l'imaginaire de l'écrivain H.P Lovecraft. Mais je me dis tout de suite que je délirais, un tel monstre ne pouvait pas exister sans que l'humanité le sache. Alors je pensais à une imagination de mon cerveau mais encore, cette idée fut balayée par le fait qu'il était apparu sur notre radar. Je compris alors qu'il ne fallait pas sous-estimer l'archipel maudit dont personne ne connaît réellement l'existence

   Je repris mes esprits lorsque le bateau fut quasiment retourné par un immense vague qui devait faire près de trois mètres. Il se passait définitivement des choses dans les eaux hantées de Malheim. Je fus intrigué quand, le soir même, je réussis à dormir sans aucun problème, moi qui souffrais d'horribles insomnies. Le matin suivant nous reprirent la mer à la recherche de l'île vue la veille et, par chance, elle apparaissait désormais sur notre radar à environ cinq lieues de là.

   Heureux d'apprendre cette nouvelle je notai alors quelque chose dans mon carnet de notes : notre but aujourd'hui était d'accoster sur cette île pour réfléchir à tête reposée. Après avoir dirigé le bateau vers notre destination, j'allai voir Alexej qui me paraissait étrange depuis notre entrée dans la Mer du Nord. Il me répondit encore que tout allait bien mais je décelais dans son regard une inquiétude mêlée à une peur de mourir. Encore une fois je lui demandais si tout allait bien et sans hésiter il me répondit positivement en baissant la tête. Je le laissais donc seul et me dirigeais vers le radar lorsque je vis devant moi l'île qui devait être désormais à quatre lieues, pas plus. Je me réjouissais, cette île faisait sûrement partie de l'archipel maudit où la lumière à surgit il y a des millénaires. Toujours plus déterminé à arriver avant la nuit, j'allai prévenir de l'accostage prévu Léo et Alexej qui étaient ravis d'apprendre que nous allions faire une escale. Avant de reprendre le contrôle du navire, nous nous rassemblâmes afin de procéder à une sorte de conseil. Nous allions nous dire nos plus grandes inquiétudes et nos plus secrètes peurs lors de ce périple, de cette Odyssée. Je commençai alors à dire que le fait d'être éloigné si longtemps de la civilisation et de ma famille me pesait énormément depuis un petit moment. Alors que je pensais y faire face depuis le début du voyage, actuellement il me piétine de tout son lourd poids. Alexej nous informa de sa peur de revoir ce monstre, cette aberration de la nature vue plus tôt, j'acquiesçai lourdement la tête suite à ces propos. Léo quant à lui nous dit qu'il était inquiet de ce que nous pourrions observer sur notre escale de ce soir. Cette île étrange. Plus qu'étrange que nous allions bientôt rejoindre. Les mots, la peur, la tristesse et l'enthousiasme se mélangèrent lorsque l'île tant attendue fut à portée de vue. Nous reprirent le contrôle tandis que l'île se rapprochait davantage alors que nous voyions au loin des formes noires et énervées s'agiter sur l'île. Notre courage tombait de plus en plus en lambeaux. Nous oubliâmes vite cette crainte de l'inconnu suite à la disparition de ces mêmes formes inhumaines à la surface de l'île. Nous avancions, l'île à portée de main, alors que devant nous se dressaient des nuages gris comme un anneau de peur se dressant pour nous empêcher d'avancer. La plupart auraient renoncer, nous-mêmes y avons pensé, mais si nous nous arrêtions maintenant cela voudrait dire que tous nos efforts auraient été vains. Alors, après des élans de courage de notre part, nous continuâmes notre voyage alors que la plage était devant nous, une vague de la taille d'un immeuble de quatre étages arriva derrière nous et renversa le bateau d'un coup sec. Sans que nous nous en rendions compte, le navire avait fait naufrage et nous, nous étions à la dérive des flots inconnus, ma tête me faisait horriblement mal, des idées néfastes me traversaient l'esprit . Nous aurions bien fait de rester chez nous et de ne pas contredire les génies tels que Richards Blajmann.

L'Odyssée du siècleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant