Chapitre14

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~ JARED ~

Il était presque deux heures du matin quand je m'allongeai sur le canapé un peu près confortable du salon. Pendant que Vick était en train de s'habiller dans la salle de bain, j'avais pris soin de demander à Scott de ne pas rentrer cette nuit. Il en avait l'habitude. Quelquefois je lui demandai de partir pour inviter une fille ce genre de truc. Ce n'est pas tant pour les trois/quatre filles en question qui étaient venue ici que je le faisais, certaines n'auraient absolument pas été gênées par la présence de Scott mais par respect pour lui, je préférais tout simplement.

Je ne m'inquiétai pas pour lui. Soit, il finirait chez Lizzy ou au pire des cas chez Lucas. Je ne l'aurai jamais mis dehors sans être sûr qu'il trouverait un toit pour dormir.

Pour Vick par contre, je m'inquiétais plus. Tout garder pour soi, intérioriser comme elle le faisait, n'était pas sain. Je m'y connaissais.

Doucement, mes paupières se firent lourdes et je m'endormis la tête pensante.

***

Je n'avais aucune idée de l'heure qu'il était, ni depuis combien de temps je m'étais assoupi lorsque je me réveillai sous les cris de Vick. Sans même avoir le temps de penser à quoi que ce soit, je me précipitai dans ma chambre.

Vick, en sueur, le corps secoué de spasmes, semblait se débattre avec le vide.

-Monsieur...S'il vous plaît...Ne me
touchez pas...

Ses cris se transformèrent en sanglot. Elle répéta je ne sais combien de fois cette phrase, la voix de plus en plus brisée.

Je me doutai alors à l'entente de ce "Monsieur" dit d'une manière si personnelle que ce qu'elle avait vécu cette nuit, c'était déjà produit par le passé. Ceci expliquait donc ses tressautements quand on la touchait de manière inattendue, ou alors ce masque qu'elle avait réussi à remettre directement après avoir quitté mes bras. Peut-être me trompais-je mais si mes doutes s'avéraient fondés, il fallait qu'elle en parle. Pas à moi mais à sa mère ou spécialiste ou à je ne sais qui d'autres. Elle ne pouvait pas intérioriser ça, c'était impossible.

Doucement, je m'essayai sur le lit près d'elle, la secouant légèrement. A ce contact, elle se réveilla et vînt entourer ses jambes de ses bras. Elle se mit à se balancer d'avant en arrière, comme essayant de se bercer.

-Désolée de t'avoir réveillée. Chuchota-t-elle le regard dans le vide.

-J'étais déjà réveillé. Mentis-je pour la rassurer.

Elle me jeta un regard prouvant qu'elle me croyait qu'à moitié mais ne dis rien.

Immobile, ne sachant pas vraiment quoi faire, je la regardai se bercer sans un mot. Si j'avais été un autre, je l'aurai sûrement prise dans mes bras, pour la bercer à mon tour ou je lui aurais dit des mots pour la rassurer. Mais non, je restais là à simplement la regarder souffrir.

-Tu sais quelle heure il est ? Me demanda-t-elle en brisant le silence.

-Cinq heures du mat. Lui répondis-je en regardant mon réveil poser sur ma table de nuit.

Elle acquiesça en silence.

-Tu peux prendre une douche si tu veux. J'ai laissé tes affaires dans la salle de bain.

-J'aimerais bien, merci.

Elle se leva pour rejoindre la salle de bain en me jetant un petit regard. Un regard si timide, si différent d'elle qui me brisa le cœur et pourtant je ne bougeai pas.

Parfois, il suffit d'une main tendue...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant