Le Temps

673 16 6
                                    

Et si je te dis que de mon point de vue, la seule véritable mesure de l'être humain est le temps que réponds-tu ? De nos jours l'être humain est capable de pratiquement tout prévoir, presque tout guérir mais nous n'arrivons toujours pas à gagner plus de temps dans ce monde une fois « notre heure venue ». Je crois que c'est l'une des raisons pour lesquelles nous sommes tant axés spiritualité, on veut savoir dans les moindres détails ce qui se passe de l'autre côté du miroir tout en essayant de ralentir au maximum notre passage sur cette Terre. Pour ce faire, au fil des années on a créé un bon nombre de superflus qui ne nous font pas gagner plus de temps mais donne l'impression physique autour de nous qu'on en gagne. Cependant ce n'est pas de cet aspect dont je veux parler aujourd'hui, parmi tous les effets que le temps peut avoir sur l'Homme celui sur lequel je porte mon attention actuellement est la façon dont il est capable de changer notre mentalité, notre vision du monde, remettre en question toute notre existence ainsi que tous ces concepts que la société nous inculque dès notre enfance et ce à partir du moment où on prend conscience qu'on est sur le point de disparaître, qu'on a plus assez de temps à vivre. Je veux mettre en avant le fait que ce choc psychologique est l'une des plus grandes démonstrations de force que le temps à sur l'Homme car il nous rappelle qu'il y'a des lois au-dessus de nous.

Dans ma vision des choses on en est complètement obsédé par le temps, raison pour laquelle on ne fait rien, ne planifie rien sans le prendre en compte, sans se soumettre à la domination naturelle qu'il a sur nous et dont nous devons inéluctablement nous contraindre puisqu'il n'écoute rien, ne s'arrête pas et ne négocie point, il suit juste son cours. Il est comme la course du soleil qui suit monotonement sa lancée de même que le jour et la nuit qui ne cessent de se poursuivre mais ne se regardent dans les yeux qu'une seule fois à l'occasion à travers cet intermédiaire naturel qu'est l'alignement des astres après maintes et maintes tentatives. Le seul choix qu'il nous donne est la possibilité d'utiliser chaque composante de son corps que ce soit les années, les mois, les semaines, les jours, les heures, les minutes, les secondes ou les tierces qui nous sont alloués comme bon nous semble. D'où le fait que je pense qu'il n'est pas juste la mesure de l'Homme, il est également celle de toute chose et de toute création, le temps est notre boussole. Pour revenir à l'Homme, comme je l'ai dit précédemment ce qui m'intéresse surtout c'est l'effet psychologique qu'il a sur nous une fois qu'on réalise qu'il ne nous en reste plus. C'est de voir à quel point il est capable de changer notre vision des choses, pour se faire il utilise trois grandes armes qui sont étroitement liées à lui. Tout d'abord la conscience parce qu'elle est directement liée à notre jugement, à notre capacité à discerner « le bien du mal », elle nous fait voir ce qu'on a pu faire ou pas mais également la façon dont on a agi tout au long de notre existence, était-ce positif ? ce qui nous amène à voir un éventail de possibilités tellement grand dans notre esprit qui donne une dimension encore plus grande à certains concepts et aussi à tous les dogmes religieux pour ne pas dire spirituels auxquels on aurait accordé aucune crédibilité ou très peu d'intérêt. Ce qui déclenche automatiquement dans notre tête un conflit entre nos convictions, ce qui est bien entendu ce en quoi nous croyons ou les principes par lesquels nous avons toujours planifié notre vie, nous nous sommes comportés... face à une éventualité sans appel : le fait de disparaître, ne plus du tout exister, c'est selon moi à partir de cet instant que le déclic se fait car on a aucune idée de ce qui pourrait nous attendre. C'est le début du conflit : « je suis proche de la fin. Dans quelques heures, minutes ou secondes je ne serai plus là, comment ais-je vécu, où j'irai ? C'est un saut dans l'inconnu, et si tout ce que j'avais jusqu'alors repoussé avait un sens réel ? Toutefois à partir de maintenant j'accepte et confesse qu'il y'a bien évidemment quelque chose de plus grand que moi et de ce en quoi je croyais qui a organisé cet univers. Était-ce vraiment ce qu'il y'avait lieu de faire ? Aurais-je pu agir autrement ou pas ? ». Ensuite c'est à ce moment précis qu'entre en jeu la peur, qu'elle étend sa toile sur tout l'ensemble de notre cerveau, prend le contrôle de nos pensées en s'installant tel un conquistador impitoyable sur l'intégralité de l'univers que représente notre esprit. Car si nous nous sommes mentalement posés des questions c'est tout à fait logique qu'on essayera évidemment d'y répondre sauf qu'au vue de la situation ce ne sera pas forcément dans le but de se rassurer, dès l'instant où on doute, on admet qu'il puisse avoir une possibilité autre que celle dans laquelle nous sommes donc que tous ces concepts qu'on a eu à refouler puissent être avérer, ce qui signifie que pour y répondre on ne va pas rechercher dans notre mémoire tous les actes positifs qu'on a eu à poser tout au long de notre vie mais plutôt nos agissements négatifs, ceux dont nous ne sommes pas fières, ces secrets qu'on a gardé si longtemps au fond de notre cœur qu'on ne s'en souvenait même plus jusqu'à ce qu'arrivent nos derniers instants. On va chercher si loin en nous parce que nous prenons conscience qu'ils pourraient entacher notre possible accession vers « un monde meilleur » après notre disparition donc on ne voudrait surtout pas se retrouver autre part d'où la crainte, l'ascendant que prend la peur. Enfin le dernier atout du temps fait son apparition... les regrets, qui n'en a pas ? je ne sais pas s'il existe ce genre de personnes car je crois que nous faisons partie de deux grands ensembles composés d'une part de celles qui auraient bien voulu faire les choses différemment ou d'une meilleure façon qu'elles ont eu à les faire et celles qui n'ont tout simplement pas fait de choix, c'est-à-dire qui n'ont même pas oser essayer de les faire. Selon leurs existences la différence entre les deux est que celles qui disent constamment qu'elles n'ont pas de regrets ont juste accepté le fait que ça aurait pu se passer autrement mais qu'elles bénéficient au moins du mérite d'avoir décidé que ça se passe ainsi du coup dans un point de vue d'ensemble leurs actions ont été la base même de tout ce qui a découlé par la suite(positif ou négatif, c'est relatif pour tout un chacun, là n'est pas la question), je veux juste dire qu'elles ont été maître de la situation alors que les autres ne peuvent l'accepter car elles n'ont fait que subir, n'ont pris aucun risque si ce n'est bien sûr le plus grand de tous qui est d'être attentiste tout en sachant au fond d'elles ce qu'elles veulent sans jamais tenter d'aller réellement l'obtenir. Néanmoins ce mur d'assurance fort de tous nos actes posés explose de mille morceaux face à nos regrets qui prennent dans ces derniers instants une toute autre envergure laissant ressortir chez certains cette humilité, cette sensibilité, qui a toujours été là en nous mais que nous avions choisi d'étouffer tandis que chez d'autres ce désir de vouloir encore plus de temps à vivre apparaissant comme un témoigne du fait qu'il est notre bien le plus précieux. Nous rappelant ainsi de plein fouet notre condition humaine qui est que tôt ou tard nous sommes tous destinés à nous éteindre quel que soit nos actes, notre couleur de peau, notre appartenance, notre beauté, notre importance, notre richesse ou notre statut social. D'où ces dernières paroles d'un bon nombre de personnalités que la société a choisi de continuer à élever depuis leur disparition. A l'instar de la Reine Elizabeth Première d'Angleterre : « Tout ce que je possède pour un instant de plus » en 1603 ; Marie Antoinette d'Autriche : « Pardonnez-moi, monsieur. Je ne l'ai pas fait exprès » au bourreau dont elle venait de marcher sur le pied en 1793 ; Beethoven : « Au ciel, j'entendrais. » en 1832 ; Hokusai : « Encore cinq ans et je serais devenu un grand artiste. » en 1849 ; Honoré De Balzac : « Appelez Bianchon ! seul Bianchon peut me sauver » en 1850 citant le nom du médecin qu'il avait imaginé dans ses romans ; Victor Hugo : « C'est ici le combat du jour et de la nuit... je vois de la lumière noir » en 1850 ; Diana Spencer : « Mon Dieu que s'est-il passé ? » le 31 août 1997 ; Bob Marley : « On n'achète pas de la vie avec de l'argent » le 11 mai 1981 ; Joséphine Baker : « Oh vous les jeunes gens, vous vous comportez comme des vieux. Vous ne savez pas vous amusez. » en avril 1975 ; Adolph Tiers : « Si je réussissais, je serai obligé d'épouser la République et je suis trop honnête garçon pour épouser une si mauvaise fille !» en 1848 ou encore Socrate : « Criton, nous devons un coq à Esculape. Payez cette dette, ne soyez pas négligent.». Pour ne citer que ceux-là je pense que durant ces derniers instants ils accordaient une importance capitale à leurs actes posés sur Terre de crainte qu'ils aient une conséquence sur le chemin qu'ils devaient suivre après leur disparition ce qui témoigne d'une peur, mais surtout de regrets qui occupaient leurs esprits une fois le bilan de leur vie fait à travers leur conscience. Ce qui m'amène à penser que même les personnalités qui étaient «au sommet» de notre échelle sociale ont cogité durant leurs derniers instants parce qu'elles savaient qu'il ne leurs restait tout simplement plus de temps. Ce qui montre l'importance unique du poids de ce concept sur nous, et le fait qu'il ait un avantage psychologique majeur dans tout ce que nous faisons mais aussi dans notre manière d'agir, nos convictions et croyances, notre façon de percevoir le monde.

Pour finir j'aimerai ajouter qu'au-delà de cet aspect spirituel ce n'est pas tant de mourir dont on a peur mais aussi de tout ce que ça implique, c'est à dire d'aller loin de ceux que nous aimons, de connaitre un univers sans eux, sans leur amour, sans notre complicité, sans leur affection, sans leur protection, sans leur motivation ou leur courage, il se pourrait aussi qu'on ne se rappelle point d'eux ou d'être sûr de les avoir connu et vécu tous ces bons moments ensemble, on a peur de ce que serait la vie sans ces personnes loin de notre routine du monde qu'on connait déjà, autrement dit du seul monde dont on est sûr de connaitre l'existence. Ton temps est ton bien le plus précieux, tu le sais, enfin tu en as conscience mais la société également, elle sait que c'est ton talon d'Achille et que tu n'es utile pour elle que lorsque que tu le mets à sa disposition alors malgré tout ce qu'elle peut utiliser comme distractions pour te le faire oublier, fais quand même de ton mieux pour bien l'utiliser. C'est juste une pensée.

psychologie du comportement humainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant