La prise d'otages émotionnelle

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Je vais aborder un thème courant, qui se produit assez souvent dans nos relations sociales, on passe obligatoirement par cette étape. Qu'est-ce que j'appelle la prise d'otages émotionnelle ? Bah, tu vois ce moment où tu te rends compte que tu perds complètement l'ascendant que tu avais sur une personne à qui tu tiens ou avec qui tu as vécu des situations émotionnelles fortes. Alors une fois que tu réalises la dure réalité, tu n'es pas prêt(e) à te séparer de toute cette attention, de tout ce contrôle que tu avais sur elle qui te faisait te sentir vivant(e) et aimé(e). Le fait que ça te surprenne tant, montre à quel point tu t'étais psychologiquement enfermé(e) dans un monde où tu n'imaginais pas que les choses puissent changer un jour. Parfois quand ça nous tombe dessus, on refuse de se résigner à lâcher prise du coup, on joue désespérément notre dernière carte : l'émotion ou les sentiments. On cherche à atteindre la personne qui se libère de notre joug par les sentiments, le problème n'est pas d'essayer de la retenir, mais plutôt la façon dont on cherche à la manipuler en utilisant l'affection qu'elle a pour nous. Car oui dans la majeure partie des cas pour ne pas dire tous, le but recherché est de la faire culpabiliser parce qu'on a conscience que l'affection qu'elle nous porte associée à la culpabilité mettra son mentale en position de faiblesse.

Pour prendre un exemple, c'est un peu comme si vous savez que vous avez une influence « maladive » sur une personne, que vous savez qu'elle peut tout vous concéder pas parce qu'elle le veut toujours, mais juste parce qu'elle n'a pas la force de vous dire «non », mais que tout en le sachant vous lui demandez tout de même de faire quelque chose que vous savez qu'elle n'apprécie pas. Si elle vous dit « oui », elle fait quelque chose de bénéfique pour vous, mais qu'elle désapprouve. Et si elle dit « non » vous le prenez de façon négative, vous le lui montrez et malgré le fait qu'elle ait fait le bon choix, elle ressent malgré tout au fond d'elle cette culpabilité qui se transforme en mal-être pour aboutir à une remise en question de son choix qui pourrait la faire revenir sur sa décision. Au final, quelle que soit sa réponse, elle se sent mal à cause de vous. Dès cet instant, vous la prenez émotionnellement en otage, et ce genre de scénario, on le vit plus fréquemment qu'on ne le croit. Quand on tient à une personne, on a tendance à essayer de la blesser le moins possible parce qu'on a conscience qu'à chaque fois qu'on lui inflige de la douleur, elle est partagée. Si je tiens à toi et que je te fais souffrir, je me fais aussi indirectement souffrir parce que la souffrance que je vais t'infliger, je vais en ressentir une partie dès l'instant où je souffrirai de t'avoir fait du mal, car je n'aime pas ou ne veux pas te voir dans cet état. Il y en a aussi qui ne veulent juste pas être la cause de cette souffrance. Je sais, il y a une forme de tautologie dans les phrases précédentes, mais c'est fait dans le but que vous compreniez mieux où je veux en venir. Dans toute relation sociale, il y en a une qui aime plus, une qui a plus d'affection, une qui a plus de difficulté à s'affirmer, une qui ne sait pas dire non, une qui prend sur elle, une qui met ses rêves ou aspirations en suspend aux dépens de l'autre, une qui vit uniquement de l'attention, une qui sait mettre ses émotions en pause. Néanmoins, selon moi tout ce qu'il y a de plus fort que tous ces aspects, c'est l'ascendant, car la personne qui l'a peut obtenir tout ce qu'elle veut de vous ou vous pouvez obtenir tout de l'autre.

En bref, il y a des personnes qui se servent de ce que vous ressentez pour elles afin de vous garder sous leur joug. Selon les circonstances la prise d'otage émotionnelle à plusieurs visages, ça peut être un de vos parents (mère, père ou autres) qui a contribué à votre éducation ou que vous ne manquiez pas du minimum et veut constamment décider de votre vie à votre place en mettant tous ces arguments en avant. C'est votre partenaire du moment qui veut que vous alliez toujours dans son sens. C'est votre ex qui malgré le temps n'arrive pas à assimiler le fait que ce n'est pas parce que vous restez en contact ou couchez toujours ensemble à l'occasion qu'il (elle) a malgré tout le même impact(ou la même importance) dans votre existence. C'est ce mentor qui à défaut de vous laisser les mains libres, croit qu'il est plus avantageux pour lui de vous garder sous son influence afin de vous dicter vos actions. C'est ce frère ou cette sœur qui ne comprend pas que bien que vous ayez le même sang qui coule dans vos veines, vous êtes malgré tout différent dans votre façon de fonctionner, que vous n'avez pas forcément les mêmes centres d'intérêts. Que le fait que vous le (la) tolérer chaque jour de votre vie malgré les propos souvent sarcastiques ou ironiques, les regards difficilement descriptibles, vous continuez de poursuivre votre but. C'est cet(te) ami(e) qui par manque de confiance en lui (elle) veut te dicter ta façon d'agir et de te comporter. Pour ça, il (elle) ne lésine pas sur les moyens entre crises d'hystérie et disputes à répétition, aucun superflu n'est proscrit. Le contrôle de certains aspects de ta vie est le bien-être de la sienne, c'est sa preuve irréfutable qu'il (elle) existe, qu'il (elle) a de l'importance, qu'il (elle) est capable de dominer ou d'avoir ce qu'il (elle) veut dans son entourage. Quand rien ne va autour de lui (elle), tu es la preuve que tout ne lui glisse pas entre les doigts, qu'il n'y a pas à se remettre en question.

Pour finir, je voudrais mettre en avant un aspect du texte. J'ai terminé le chapitre en me basant sur le fait qu'on puisse côtoyer des personnes qui veulent nous prendre émotionnellement en otage, par contre je l'ai commencé en utilisant à chaque fois « on » de façon inclusive. C'était une manière de vous faire comprendre que la prise d'otages émotionnelle ne vient pas toujours d'autrui, on peut aussi en être l'investigateur ou investigatrice et ça arrive plus souvent qu'on ne le croit. Il suffit d'avoir... La bonne foi de le reconnaître.

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