Insensible

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Un énième reproche à mon égard, est-ce un reproche, une réflexion ou juste un conseil ? Je n'en sais rien, il faut avouer qu'à la longue, je ne sais plus faire la différence et je n'essaie même plus de la faire. Il n'y a pas si longtemps, il s'agissait de mon comportement, hier, c'était ma façon de communiquer, aujourd'hui, c'est ma manière de penser et demain, ce sera à nouveau quelque chose d'autre ou une synthèse de tous ces points. Voilà maintenant plusieurs années que ça dure, au début, je m'emportais à chaque fois, je n'essayais pas d'écouter ou de faire le tri entre ce qui pourrait être vrai et non, je ne me remettais jamais en cause. Ensuite, au bout d'un moment, tu te dis : « s'il y a des choses qui reviennent tout ce temps, c'est qu'il doit y avoir du positif dans tous ces reproches », alors tu décides de travailler sur ces aspects. Mais tu te rends malgré tout compte qu'à chaque fois que tu améliores ces aspects, où la ,les personne(s) autour t'en demandent encore plus. Elles passent à autre chose et ça ne s'arrête jamais, c'est comme dans un jeu avec une carte interminable style candy crush. Plus tu te rapproches de ce que tu croyais être la fin et plus tu t'en éloignes. 

Enfin, tu réalises que tu ne fais qu'adapter ta personnalité selon la façon dont les personnes que tu côtoies le veulent. Mieux elles taillent sur-mesure ta manière d'être, c'est à ce moment que tu commences à te demander : « À quel moment suis-je moi ? ». C'est bien d'avoir des proches, on a tous besoin d'avoir une base sur laquelle s'appuyer dans les moments difficiles, mais le souci est qu'autant, c'est bénéfique, autant ça peut devenir très négatif. Le problème se situe dans la place qu'ils occupent dans ta vie, et ce que je vais dire est, je pense valable pour les gens en général. Il y a deux types de personnes, celles qui ont toujours fait partie de ta vie depuis ta naissance ou ton enfance et celles dont tu fais connaissance et finissent par en faire partie. 

Pour le premier type de personne, le problème se trouve dans le fait qu'elles t'aient vu grandir et que vous ayez vécu toutes ces années ensemble, elles n'arrivent toujours pas à assimiler le fait que tu sois passé step par step, que tu sois sorti de ce cocon familiale chaque jour de ton existence depuis la première fois qu'on t'a laissé devant cette maternelle jusqu'à présent. En t'ouvrant au monde qui t'entoure, tu es passé par plusieurs étapes pour aboutir à la personne que tu es aujourd'hui, ce qui implique logiquement que tu aies changé. Mais ce type de personne est constamment bloqué sur la personne que tu étais ou mieux elles sont bloquées sur l'idéal qu'elles se faisaient de toi. La façon dont elles te représentaient dans leur esprit au moment où tu aurais eu cet âge, acquis cette maturité dont tu fais preuve maintenant. Elles ont du mal à dissocier cet idéal de la personne que tu es, en d'autres termes ne l'acceptent pas, ce qui se matérialise par une présence « envahissante » dans ta vie. Quand je dis « envahissante », je ne parle pas d'affection, je fais allusion à cette présence oppressante qui juge tout ce que tu fais et veut décider à ta place de ce qui doit être bien pour toi. Ça va de ta coiffure à ton style vestimentaire en passant évidemment par ta personnalité pour aboutir à ton ou ta partenaire, tout devient une confrontation morale et sociale placée sous le sceau de ton « bonheur » car la famille... « Veut toujours ce qu'il y a de bien pour toi ». Néanmoins, bien que cet argument soit tiré par les cheveux, la famille reste légitime du moment où que tu le veuilles ou non, ça reste ton sang.

J'avoue que des deux types celui qui me consterne reste les personnes qui entrent dans ta vie au cours de ton existence parce qu'elles ne proposent pas, ne demandent pas... Elles exigent ! Forte de leur assurance acquise de par tous les compromis que vous avez fait pour elles ou la place que vous daignez leur accorder dans votre réalité, elles arrivent à ce niveau où elles sentent qu'elles sont sur le point de faire pencher l'ascendance en leur faveur. Parce que voyez-vous, elles entrent dans votre vie par la petite porte, quand vous êtes heureux dans votre façon de fonctionner se sont les gens qui viennent à vous. Je ne dis en aucun cas que vous en avez besoin ou pas, je dis que malgré tout, elles viennent vous compléter. Dès cet instant, il se crée une relation et dans toute relation il y a une influence dominante (vous, vu que mon argumentation se base sur ce fait), et une ou d'autres que je ne qualifierais pas d'inférieur, je dirais plutôt qu'elles ont leur rôle à jouer. J'aimerais également préciser une chose, quand je dis « elles » ou « personnes » au pluriel ça peut représenter un nombre ou faire partie d'une seule personne si vous êtes du genre à s'attacher qu'à un individu, en fait, c'est relatif. Si l'ascendance nous échappe souvent dans ce genre de relation sociale, c'est parce que selon moi, nous faisons une grosse erreur... Nous ne bougeons pas assez.

Ce qui signifie que nous n'utilisons pas assez notre réseau potentiel, donc nous octroyons l'essentiel de notre attention aux personnes qui résident dans l'espace où nous passons la majeure partie de notre temps. Pour l'illustrer, je pourrais dire que c'est la différence entre une personne qui voyage assez souvent et partage son attention ou affection avec plusieurs personnes qu'elle rencontre durant ses voyages et une autre qui restent constamment au même endroit et ne fonctionnent qu'avec les mêmes individus. Pour faire simple, c'est par exemple quelqu'un qui voyage et se fait plusieurs connaissances tandis que l'autre ne veut pas bouger du coup fonctionne avec les mêmes. La différence est que lorsque je bouge ou côtoie différents individus, je n'ai pas le temps de m'attacher à un niveau problématique, oui il y a une affinité qui se créée, mais elle reste circonstancielle. Le fait que je me déplace ou côtoie d'autres personnes fait en sorte que je ne peux me focaliser sentimentalement uniquement sur un individu ou un groupe d'individus. Je les estime sans qu'ils ne puissent prendre le temps de s'imposer dès lors que je bouge à chaque fois que j'en ai l'occasion.

Par contre une personne statique évolue avec les mêmes personnes autour d'elles, à la longue certaines se soustraient, c'est vrai, toutefois la base reste inchangée et la différence se passe dans le temps qu'on passe avec cette ou ces personne(s). Plus elles se rendent compte du temps qu'on passe avec elles, plus elles réalisent l'affection qu'on leur porte, plus elles nous testent, plus on réagit positivement à leurs tests et plus elles prennent de l'ascendant dans notre existence... Jusqu'à ce qu'elles ont assez d'argument pour nous rendre dépendante d'elles et agir de façon délibérée. Puis ça devient un cercle vicieux pour revenir au début du texte, vous rentrez dans cette spirale de reproches envers votre personne. La vérité est qu'à la longue, vous devenez comme une lame, vous ignorez les avis ou les voix extérieures et ne faites que ce qui vous plaît. Si vous avez la possibilité de trancher, vous le faites sans remords, vous agissez selon votre bon sens, vous ne faites plus réellement de différence entre ce que vous devez écouter et entendre. Tout reproche, conseil, déclaration ou tirade ne devient qu'un bruit, un bruit assourdissant qui rentre dans une oreille et ressort par l'autre. Vous ne le réalisez pas encore, mais... vous êtes devenu insensible ! Pourquoi le deviens-t'on ? Parce que ces deux types de personnes ne comprennent toujours pas après toutes ces années, QU'ELLES SONT LES SEULES à pouvoir nous atteindre sentimentalement et psychologiquement. Que même si on ne le leur montre pas en face, ça n'empêche pas qu'on soit submergé de chagrin dans notre intimité...

PS:  Soit dit au passage, "voyager" ne signifie pas forcément prendre l'avion ou quitter son continent ou aller d'un Etat à un autre. Avant d'aller visiter chez autrui, tu peux déjà commencer par chez toi, une ville, un département, une province, la campagne etc c'est du pareil au même. Tu bouges, tu expérimentes, tu te fais des connaissances et tu évolues. Paix sur toi!

psychologie du comportement humainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant