13. Soutenance

173 20 5
                                    

A peine deux jours plus tard, la classe d'Adeline reçut l'information que les résultats de leur projet étaient accessibles. C'est pourquoi tous les étudiants sortirent précipitamment de la salle pour se rendre là où les attendaient les professeurs Kehani et Sorel. Lorsqu'ils arrivèrent, une chaise sur les deux était vide. Seul Sylvain avait pu répondre présent aujourd'hui, et ce n'était pas pour son plus grand plaisir. Il commença à s'agiter lorsque le premier groupe se présenta à lui.

Finalement, tout se déroula le plus simplement du monde. Les trinômes s'asseyaient, disaient leurs noms, recevaient leur compte-rendu corrigé et quelques commentaires de la part du professeur. Evidemment, certains en sortaient déçus de leur note ou de leurs commentaires, mais la plupart de la classe s'en était bien sortie. La meilleure note ne revint pas à Adeline et ses amis, mais peu importait.

Alors que chacun assimilait encore leurs résultats, Sylvain leur demanda de rester un instant et se planta devant le tableau blanc. Il gribouilla quelques dates le temps de chercher comment formuler son discours. Il se retourna subitement et prit la parole, couvrant les chuchotements des élèves.

– A partir d'aujourd'hui, vous avez deux semaines pour modifier votre compte-rendu et préparer un oral. La soutenance se fera dans trois semaines, de lundi à mercredi. Préparez-vous à répondre à des questions auxquelles vous ne vous attendez pas, dit-t-il en tentant de reboucher son feutre. Si vous avez des questions, contactez-moi, ajouta-t-il dans l'espoir que les étudiants s'en aillent rapidement.

Ni une, ni deux, Adeline, Juliette et Martin se mirent d'accord sur la stratégie à adopter. Ils mirent en place quelques rendez-vous après les cours et distribuèrent les tâches de chacun. Comme la journée se termina tôt, ils en profitèrent même pour aller boire un café en ville.

* * *

Les mains posées sur le bureau méticuleusement organisé, les jambes soigneusement croisées et les cheveux bien coiffés, le regard du professeur se planta sur celui d'Adeline. Cette dernière, dont les mains n'avaient pas bougé de derrière son dos depuis dix bonnes minutes, était fortement agaçante. Parmi les trois étudiants, c'était elle qui avait la parole la plus fluide, et qui avait toujours réponse à toutes les questions. Soit les deux autres étaient complètement désintéressés, soit celle-ci aimait prendre les choses en mains. Plutôt handicapant dans un projet de groupe.

Mais le vieux professeur ne se laisserait pas déstabiliser par si peu. Il se racla la gorge et se replaça sur sa chaise peu confortable, afin de reprendre la parole.

– Monsieur Jibell, commença-t-il en fixant Martin, pouvez-vous m'expliquer pourquoi avez-vous mis en œuvre la deuxième expérience ?

Le jeune homme, dont le stress se lisait sur chaque parcelle de son corps, bafouilla. Il ne s'était pas préparé à cette question. Il lança un regard indiscret à Adeline, en espérant que celle-ci viendrait à son secours, mais le professeur leva la main et haussa les sourcils avant de reposer ses yeux sur lui. Martin avala sa salive, et tenta de réciter ce que lui avait dit son amie, le jour où elle était arrivée, un grand sourire sur ses lèvres roses, pour leur annoncer qu'elle avait eu une idée.

Le vieil homme fronça les sourcils. Il savait que Martin ne faisait que répéter, et pourtant, la réponse était juste. Ne pouvant rien faire de plus, il libéra finalement les étudiants impatients de sortir, et ramassa ses affaires. Ces derniers ne purent retenir ni un sourire, ni un soupir.

Une bonne chose de faite.

Un carnet de RosesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant