Yellito Sanchez

<5> Première leçon

<<Retournons dehors si tu veux bien mon garçon. Je pense que tu as besoin d'entraînement, déclare Jean Paulo (JP pour les intimes)>>.

L'humble prophète ouvre la porte, mais se retourne brusquement et pointe du doigt un pot de crayon posé sur l'unique table de la maison. Yellito est encore une fois de plus confus et mal à l'aise.

<<-Je dois prendre un crayon ? Demande le jeune aventurier. 

-À ton avis petit con? Réplique JP.>> 

L'aventurier hoche donc la tête et prend un crayon avant de suivre son nouveau maître dehors. Une fois de retour devant cet étrange oasis et ses palmiers pneumatiques ridicules, les deux hommes se regardent dans les yeux, ce qui met mal à l'aise (encore) notre petit Yellito. 

<<-Euh, c'est quoi cet entraînement dont vous parliez plus tôt monsieur ? Demande-t-il.

-Regarde le crayon que tu as en main garçon...

-C'est un HB monsieur.

-Oui c'est cool je m'en bat les cacahuètes. C'est pas ça que tu dois savoir petit merdeux. Je veux savoir ce que tu peux faire avec.

-Dessiner monsieur ? Tracer un triangle rectangle et appliquer le théorème de Pythagore pour trouver la longueur de l'hypoténuse?>>

Le vieil homme se fait un facepalm monumental puis regarde Yellito avec un regard d'assassin. 

<<Où est-ce que tu vois une feuille blanche Yellito? Demande le prophète.

-Euh, nul part...

-Et est ce que tu peux dessiner sans feuilles blanches Yellito ?

-Je crois pas....

-Et bien voilà. Tu ne peux PAS dessiner puisque tu n'as pas de feuille.>> L'aventurier n'avais visiblement pas pensé à ce paramètre et est une fois encore confus. 

<<Garçon... Dit le maître. Soit créatif. Fais un truc! Reste pas planté comme ça! Je sais pas moi, lance le crayon ou je ne sais quoi histoire de pas rester là comme un cactus endormi.>> Le petit Yellito obéit avec hésitation et lance donc son crayon en arrière. Celui-ci se plante, dans toute sa splendeur, sur l'un des palmiers gonflables de l'oasis. Forcément, comme ce truc est hyper fragile et date d'un temps reculé vu la qualité du caoutchouc, il se dégonfle en trois secondes. <<Mon palmier! S'exclame JP>>.Yellito Sanchez se retourne et constate avec horreur le fait : il a assassiné un palmier. Le pauvre garçon est complément traumatisé (on note quand même qu'il a tué un être humain il y a quelques heures tout de même). Le maître, lui, est en état de choc. Il avait acheté ce palmier pour 300 euros au supermarché du coin (c'est cher pour un truc comme ça) ! Ça lui a coûté une fortune et son lit (c'est donc pour cela qu'il n'y a pas de lit chez lui!). JP s'effondre sur le sable brûlant du désert, en pleurs, comme si il avait perdu un membre de sa famille.