𝐼-𝐿'𝑖𝑛𝑐𝑜𝑛𝑛𝑛𝑢 𝑑𝑢 𝑚𝑒́𝑡𝑟𝑜

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Elle errait sans but. Ça faisait un moment que Céleste avait quitté son appartement. Ses deux colocataires et amies, Cassiopée et Léonor, se prenaient encore la tête pour des broutilles. La jolie blonde en avait assez et avait donc vissé ses écouteur dans ses oreilles avant de partir. Le claquement de la porte avait dû être suffisant pour que les filles se rendent compte qu'elle n'était plus là. En même temps, les deux filles s'étaient habituées à la fâcheuse tendance de leur amie Céleste à n'être qu'un mirage. Elle avait soupiré doucement, la mélodie d'Oxmo Puccino «Pam Pa Nam» dans les oreilles, une musique relativement pertinente puisque c'était le paysage décrit dans la chanson qui défilait sous ses yeux. Elle ne faisait pas attention à là où elle allait. Elle se fichait beaucoup de sa direction, puisqu'elle savait très bien que peu importait où elle allait, la direction qu'elle prenait, elle pourrait rentrer chez elle. Ses mains étaient enfoncées dans les poches larges de son sweat, et son regard analysait tout ce qui l'entourait. Elle ne faisait jamais attention à ce qui se trouvait devant elle, préférant se concentrer sur le paysage, qui lui offrait plus de possibilités de rêver. Elle se dirigeait machinalement vers la bouche de métro qu'elle utilisait habituellement, Oxmo Puccino toujours dans ses oreilles. Les semelles de ses vans usées et couvertes par des dessins qu'elle s'amusait à faire claquaient sur le bitume. Elle aurait du penser à prendre son skate. Elle avait descendu les escaliers, toujours distraite. Une fois arrivée en bas, elle avait attendu que la rame n'arrive, dans la lune. Elle était montée, direction centre ville. Elle était seule dans le métro, c'était normal. Il était presque deux heures du mat', et personne ne montait à son arrêt à deux heures du mat',à part elle. Mais elle n'avait pas eu à attendre très longtemps avant que quelqu'un ne la rejoigne. Un homme, un peu éméché au vu de sa démarche, avait rejoint sa rame. Il s'était assis juste en face d'elle, et elle avait pu découvrir son visage. Ses cheveux étaient cachés par un bonnet, mais quelques mèches brunes dépassaient, pèle-mêle, mal arrangées. Ses yeux étaient d'une couleur étrange, oscillant entre le vert et le marron, une barbe peu entretenue poussait sur ses joues et il aurait pu ressembler à un gars de cité, s'il n'avait pas déjà l'allure d'un Junkie. Il était exactement le contraire de Céleste, avec ses cheveux blonds, ses joues constellées de taches de rousseur, ses yeux bruns et son attitude enfantine. Soudain, d'une manière aussi inattendue qu'imprévue, leurs yeux s'étaient rencontrés. Ceux de l'homme étaient imbibés d'alcool, ses pupilles étaient dilatées, montrant à la petite blonde qu'il avait vraiment beaucoup bu. Il avait aussi détaillé Céleste avec le peu de discernement qui lui restait et en avait conclut qu'il la trouvait plutôt bonne.Elle avait secoué la tête, se plongeant de nouveau dans sa musique,sentant encore le regard de ce mystérieux inconnu sur elle. Elle ne s'en formalisait pas, tant qu'il ne tentait rien d'incorrect.Curieuse comme elle était, Céleste se demandait qui était cet homme, pourquoi il avait bu, pourquoi il était dans le métro à cette heure-là? Elle s'était fustigée mentalement. Ça ne la regardait pas, seulement cet homme. Finalement, lorsqu'ils avaient atteint son arrêt, elle s'était levée. Elle s'était rendue compte que c'était aussi l'arrêt de l'inconnu. Elle s'était dirigée vers le Jardin des Plantes, et une fois sûre d'être seule, elle avait escaladé la clôture pour rentrer dans le grand jardin, le seul lieu capable de la calmer en pleine nuit.

-C'est pas bien de rentrer par effraction, avait dit une voix près d'elle.

Elle s'était retournée, face à l'inconnu de tout à l'heure.

-Les gardiens ont l'habitude de me voir en pleine nuit, à force, avait répondu Céleste, se faisant la réflexion que la voix de l'étranger lui correspondait plutôt bien.

Il lui avait sourit avant de hausser les épaules.

-Ravi de t'avoir rencontré, la blonde!, il avait lancé en s'éloignant.

-Ravie aussi, le mec au bonnet! , avait rétorqué Céleste du tac au tac.

-Tu peux m'appeler Gringe.

-Moi c'est Céleste.

-Ouaip. On se recroisera, Cosmos.

Sur ces paroles énigmatiques, la blonde l'avait vu disparaître au coin de la rue. Elle avait fait un tour dans le Jardin avant de rentrer chez elle dans un calme plat, troublée de la rencontre avec cet inconnu.

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