Chapitre 1

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Pdv Katsuki
"- MAIS BORDEL DE MERDE! ON VA OÙ PUTAIN?
- Mec mais calme-toi!", répète pour la troisième fois l'espèce de con qui me sert de pote. "On y est presque, tu veux pas arrêter de gueuler pour une fois?
- MAIS ON VA OÙ?
- Mais arrête de crier!
- PUTAIN MAIS RÉPOND ALORS!
- C'est une surprise. Contente-toi de ça.", il fait avec un petit sourire.
J'en connais un qui va se contenter de mon poing dans sa gueule. Je soupire bruyamment - pour bien lui faire comprendre qu'il me fait chier - et le suit dans le dédale de rues sombres. Il fait nuit, ça fait super longtemps qu'on marche, j'ai putain de faim, mal à la tête, et aucune envie de découvrir où cet abruti m'emmène.
"- Je te préviens. On y va, on rentre, et je me casse.
- T'es pas drôle, Kats'.
- ARRÊTE DE M'APPELER COMME ÇA BORDEL...
- Ça doit être crevant d'être chiant h24 comme ça."
Je m'arrête d'un coup au milieu de la rue. Je. Vais. Le. Tuer.
"- Eijiro?
- Ouais?
- T'es un hOMME MORT!!!", je crie en lui fonçant dessus.
Il esquive en rigolant. Je lui cours après. On dévale les rues noires en hurlant, moi de rage, lui de rire. Ou de peur.
Il ralentit devant un vieux bâtiment vitré et se tourne vers moi. Je lui balance une gifle derrière la tête.
"- Ow! Putain, tu veux pas arrêter deux minutes d'être comme ça?
- Ta gueule. On est où, là?"
Il sourit fièrement en ouvrant la porte de verre et répond :
"- C'est là où je travaille."
Je m'avance lentement. C'est une laverie. Abandonnée. Depuis facilement trente ans. La poussière vole dans tous les coins, les vitres sont sales au possible, il n'y a pas de lumière. Enfin, si, mais les néons brisés, ça compte pas.
"- Tu te fous de ma gueule?
- Mmmmmnon.
- Putain, je comprend pourquoi t'es toujours à sec niveau fric.
- Raaaaaah, mais non!"
Il se dirige vers le fond de la laverie et ouvre l'un des lave-linges alignés contre le mur.
"- C'est là que je travaille."
Je me retiens de le frapper. Ça doit se voir d'ailleurs parce qu'il continue précipitamment en reculant de deux pas :
"- Écoute, ça fait deux mois que tu sors plus et que tu fais plus rien avec nous, que t'as plus de taf, que tu restes à te morfondre tout seul à cause de D...
- Abrège", je le coupe.
J'ai pas envie de parler de lui. J'ai pas envie de parler de ce con. Je suis déjà assez énervé comme ça. Si il rajoute un mot sur cet enfoiré, je répond plus de moi.
"- ... ok, donc je me suis dit que j'allais t'emmener ici pour te changer les idées.
- Hmm-mh. Et tu t'es dit que le meilleur truc à faire, c'était de me traîner à travers la moitié de la ville pour me faire une vanne pourrie. Putain, je vais t...
- Mais non mais t'as rien compris!", il soupire. "Attend encore un peu avant de gueuler, ok?
- Mais attendre quoi bordel?! Sérieux, Eijiro...
- Attends de voir avant de crier.", il répète. "Et si vraiment tu trouves que je t'ai fait perdre ton temps, si vraiment tu t'emmerdes à en mourir ce soir, je... te payerais un verre.
- Tu te fous de moi?
- MAIS de toutes façons ça n'arrivera pas," il continue très vite, "parce que tu vas halluciner quand je vais te montrer ça.
- Mais me montrer quoi putain de merde?!
- Ça."
Il s'engouffre dans la machine à laver en me faisant signe de le suivre. Je me pince l'arrête du nez. J'ai vraiment, vraiment envie de le tuer. Ça sent un le foutage de gueule, deux le plan merdique.
"- Kat's, dépêche!"
Je passe rageusement la tête dans le lave-linge.
- Putain, combien de fois je t'ai dit de pas m'appeler com...", je commence.
Et ne finis pas.
Le fond de la machine est ouvert. D'un côté, t'as la laverie. Et de l'autre, t'as un bar. Un putain de bar caché dans une laverie. Qu'est-ce que c'est que cette merde?
J'attrape la main de l'autre con qui sourit et me relève. La salle est sombre. Aucune fenêtre. La seule lumière provient des stroboscopes disposés un peu partout dans le bar, projetant des rayons colorés sur les murs et les visages. Tous les visages. Tous les visages de tous les gens. Parce que c'est bourré de monde. Il fait putain de chaud.
Eijiro me tire vers le comptoir et s'assoit à côtés des autres abrutis. Donc mes potes.
"- T'as réussi à ramener Katsuki?", demande Denki, un verre à la main. "Putain, t'es un génie, Ei.
- Ouais, je sais," répond l'autre d'un air fier.
Je le frappe à nouveau derrière la tête.
"- C'est quoi cette merde?
- Hmmm, c'est juste de la bière.
- Putain mais pas ton verre ducon, ça!", je lance en désignant de la main la salle.
"- Mon lieu de travail, son lieu de travail, ton lieu de travail.", répond le rouge en s'asseyant à côté de l'autre con.
"- Wowowow, comment ça MON lieu de travail? Depuis quand...
- Bon ok, ton lieu de travail SI TU VEUX.
- Qu'est-ce que tu veux que j'aille foutre dans un bar-boîte de nuit-passage secret de mes deux alors que j...
- Alors que tu pourrais passer tes journées à continuer de râler dans ton canapé?"
Putain, je vais le tuer.
"- Tu sais quoi? Va te faire foutre.", je lâche en me laissant tomber sur un tabouret à côté d'eux.
J'ai pas la force de lutter. Surtout que je sais qu'il a raison. Un peu.
Je prend des mains la bière que Mina me tend et observe la salle en buvant. En vrai, ça pourrait aller. Et de toutes façons, j'ai besoin de ce putain de taf.
"- Vous faites quoi ici, vous?
- Je te l'avais dit.", lance Eijiro à Denki avec un clin d'œil. "On est serveurs. Tu peux aussi être musicien, mais t'es moins bien payé.
- Musicien? C'est des juke-box à la con qui font la musique, pourquoi musicien?
- Attend, tu vas voir. C'est presque l'heure.
- L'heure de quoi, putain?"
Je commence à en avoir ma claque de tout ce mystère à la con. J'ai mal à la tête, bordel. L'atmosphère est chargée d'alcool, de bruit et de chaleur. Ça devient insupportable.
"- Tu vas voir.
- Non, y'a pas de tu vas voir. Tu me dis maintenant ou je me casse.
- Pfffff... t'es pas possible.
- Ei...
- Ok, ok! La laverie par laquelle on est entrés date des années 80.
- Mais qu'est-ce que j'en ai à branler, putain de merde?
- Raaah, mais attend trente secondes!", il soupire. "Donc, elle date des années 80. Elle a rapidement été abandonnée. Récemment, un mec a fini par racheter le bâtiment et celui d'à côté, donc celui dans lequel on est, et en a fait un bar. Des années 80. "
Je dois faire une gueule chelou parce qu'il ajoute :
" Me demande pas pourquoi, j'en sais rien. Et il a rajouté un truc. Un orchestre. T'as plein d'instruments, un peu partout dans le bar, que n'importe qui peut prendre pour accompagner le chanteur.
- Putain, parce qu'il y a un chanteur en plus?
- Ouais. Et tous les soirs, pendant qu'on fait le service, il chante tout ce que le public lui demande. Mais que des chansons des années 80.
- Ok. Donc c'est une secte en fait.
- On peut voir ça comme ça.", il sourit. "Alors?
- Alors quoi?
- Ça te plaît? 'Fin, j'veux dire, tu... vas prendre le boulot ou pas?"
J'ai pas le temps de répondre. Enfin si mais non. La lumière baisse d'un coup. Je me retourne vers le fond de la salle. Là où c'est encore éclairé. Assez pour voir un mec aux cheveux verts essayer de monter sur une petite scène, un micro dans la main et un morceau de papier dans l'autre. C'est lui, le chanteur? Il a l'air mignon. En tous cas, il a un beau ptit cul.
"- Bon, on y va, nous.", me fait Eijiro à l'oreille en se levant.
"- Quoi? Vous allez où?
- Travailler. Quand lui, il commence à chanter," il dit en désignant le vert, " on commence à servir. Parce qu'il y a de plus en plus de monde à partir de ce moment-là."
Ils s'éloignent en souriant, récupérant Hanta au passage.
"- Ok," fait une voix à l'autre bout de la salle, "alors la première chanson c'est..."
Je me retourne à nouveau vers la scène. Le vert est en train de déplier son papier. Je tend un peu le cou pour le voir. Ouais, il est pas mal du tout.
"- Ok, Big in Japan! Vous êtes prêts?"

Big in JapanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant