Jour 6

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Aujourd'hui, nous sommes Dimanche. Et Nao m'avait aussi promis de m'emmener à la plage Dimanche.
Après ce que je lui ai dit hier, je me rappelle qu'il n'a rien dit, interdit. Puis il a murmuré qu'il fallait qu'on rentre, avec une expression triste.

Ce mec me rend ouf. Il me donne envie de croire en la vie alors que tout est déjà perdu. Il me donne l'impression d'être complète et heureuse, alors que je meurt demain et que ma mère est morte.

Je meurt demain.

Depuis ce matin je tourne cette phrase dans ma tête. Il y a des catégories de gens.

Les gens heureux,
Les gens tristes.
Les gens optimistes,
Les gens pessimiste.
Les gens seuls,
Les gens accompagnés.
Les gens chanceux,
Les gens malchanceux.
Les gens vivants,
Les gens morts.

Je fais partie de la catégorie des gens malchanceux. J'ai seulement 13 ans... Je n'ai pu profiter de rien. J'ai passé mon enfance enfermée dans une chambre, à étudier des cours à distance parce que ma mère avait trop peur qu'il m'arrive quelque chose si je sorte.

Je n'ai pas pu aller dans une forêt, je n'ai pas pu être joyeuse, je n'ai pas eu le temps d'avoir des amis, ou de tomber amoureuse, du moins pas vraiment.
Je n'ai pas eu le temps de vivre.

Je n'ai pas eu le temps de sourir,
Je n'ai pas eu le temps de souffrir.

Je n'ai eu le temps de rien.

Tout est allé trop vite.

Je n'ai même pas eu le temps d'aimer Nao.

Je suis sortie de mes pensées plus que lugubres par la voix de Nao qui me hurle de ne pas rester plantée là, et d'avancer. Je presse le pas. De même qu'hier, dès que je pose mes chaussures sur le sable chaud, je ressens une impression de sérénité qui m'entoure, m'enlaçe et c'est comme si j'avais envie de mourir ici, maintenant, de ne pas attendre demain et de me laisser succomber par la tentation.

Mais le visage de Nao me ramène à la réalité. Je n'ai plus qu'aujourd'hui et demain pour profiter de lui. Aujourd'hui et demain. Aujourd'hui et-

"- À quoi tu penses ?"

"- A ton avis ? Je meurt demain."

J'ai vu les yeux de Nao se mettre à briller, et des larmes humidifier ses yeux, puis il a murmuré :

"- Je vais faire de ces deux derniers jours les plus beaux de ta vie."

Il m'a pris par la main, il s'est mis à me faire tourner, en prenant à contrecœur un sourire éclatant, puis quand je suis arrivée dos à la mer, il m'a poussé dedans tout habillée. J'ai commencé à l'engueuler, étant absolument pas credible sachant que je me retenais de pouffer de rire.

Nao ricanait en me regardant d'un air qui voulait dire :

"CHEH MON GARS!"

Du coup, telle la sadique que je suis, j'ai tiré sur ses bras pour qu'il tombe dans l'eau, mais calculant mal mon coup, il est tombé sur moi, et j'ai failli tomber. Nao et moi nous sommes mis à rougir de façon TOMATO.

Je l'ai fait tourner et je lui ai fait une clé de bras (le moins fort possible hein, je ne suis pas non plus une tortionnaire). Ou est ce que je l'ai apprise ? Haha, mes débuts avec les hommes blancs, les "scientifiques" on était quelque peu... Périlleux, si on puis dire.

Il a commencé à se débattre en rigolant, et tout en maintenant la clé de bras d'une main, j'ai commencé à le chatouiller de l'autre. On est remontés sur le sable chaud et on était en plein fou rire quand on a vu quelqu'un juste devant nous, sur le sol de la plage.

C'était un garçon du collège, un de ceux qui m'avaient envoyé la boulette de papier. Mon corps s'est figé et mon sang n'a fait qu'un tour. Je me suis agrippé à Nao, les mains tremblantes, et j'ai dit, avec le peu de courage que j'avais :

"- Qu'est ce que tu veux ?"

"- Ce que je veux ? Te dégoûter pour ce que tu est, sale petite bête de foire ! Tu nous a cassé les oreilles avec ton cri le jour de la rentrée. Tu ne te rends pas compte de l'horreur que tu es ? Une petite suggestion... Pourquoi ne pas te suicider ? Ce serait facile de te noyer dans la mer, la, maintenant, non ?"

Ha, si il savait. Si il savait à quel point j'en avais envie. Mais je dois tenir jusque demain. Pour Nao. Nina, rappelle toi que tu ne dois pas céder.

Mais c'est vrai ; je suis horrible. Totalement. Mon cerveau a été souillé par les expériences de pauvres types désespérément cons et dérangés.

Le gars s'est approché de moi, toujours plus près, et son nez se collait presque au mien. Je sentait mes yeux briller, brûler, avoir peur. J'avais envie de lui foutre un coup de pied dans les couilles pour qu'il s'en aille une bonne fois pour toutes. J'avais l'impression d'être horriblement faible et fragile face à une des menaces les moins horribles que j'ai affronté jusque maintenant. Les  larmes me brûlaient les yeux.

Nao est venu s'interposer doucement, sûrement, entre nous deux, cette lueur de rage et ces poings serrés désormais si familiers pour moi, sourd à tout bruit extérieur à part sa colère.

Il a foutu un coup de poing dans le nez du gars et il a chuchoté :

"- Tu n'as pas intérêt à la rendre malheureuse aujourd'hui. Tu n'a pas intérêt."

De la part du mec, je m'attendais à tout, sauf à la réaction qu'il a eu :

"- Hahaha, la petite poule mouillée défend la monstruosité qui lui sert de copine, on aura tout vu !

"- Ouais, et alors ?"

Le ton de Nao était froid, cassant, comme du verre. La lueur de rage qui emplissait ses yeux s'agrandissait à chaque secondes.
Il avait les poings serrés et n'était plus lui même. Je crois que l'idée de me voir malheureuse alors que je ne serai plus de ce monde demain lui est insupportable.

Le mec s'est enfuie en courant, comprenant bien que si il disait encore un mot, mon magnifique Nao le déchiquetterait en milles morceaux.

Mes yeux ont brillés de larmes et je ne sais pas ce que j'ai fait, comment ça s'appelle, pourquoi je l'ai fait, dans quel but, avec quelle intention, et tout pleins d'autres choses.

Mais j'ai posé mes lèvres sur celles de  Nao. Ses lèvres avaient une saveur de bonheur. Ses lèvres étaient douces, elles étaient tout ce dont j'avais besoin pour pouvoir m'éteindre tranquillement, pour pouvoir reposer en paix. J'ai voulu imprimer cette sensation de mon corps, afin qu'elle ne s'en aille jamais. J'étais électrisée, et grisée par cette sensation. J'ai observé ses magnifiques yeux, en me disant que je ne vivrai pas assez longtemps pour en voir d'autres plus beaux encore et en me demandant de la même façon si de plus beaux yeux que les siens existaient.
























Nao, quand je mourrai,






















J'aurai la couleur de tes yeux imprimée dans mes rétines.





















Et ce sera
Mon
Dernier
Souvenir


NDA : Merci pour les 180 vues ça augmente tellement vite vous êtes adorables 😭❤️

Les gars j'angoisse à l'idée d'écrire le prochain chapitre 😭😭😭😭
On va quitter notre chère petite Nina lmaoooo 😭

Je suis en plein dans l'écriture de la Fic qui va sortir après "Sous la pluie", vous seriez des amours si vous alliez y jeter un coup d'œil une fois qu'elle sera parue ❤️

Merchiii *-*

Sous la pluie | TERMINÉEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant