Jusqu'au bout du monde (En Cours)

Chapitre 2

/!\ Légère description de torture implicite dans ce chapitre.

3 Novembre 2018 – Nord de Charlestown

Debout au milieu de parfaits étrangers, l'attente se faisait de plus en plus longue pour le soldat de l'Amérique. Le faciès pourtant modifiée par la technologie du Shield, sa nouvelle apparence le rendait mal à l'aise et particulièrement méfiant de se faire repérer. Son contour de visage n'avait pas changé afin de garder une harmonie avec sa carrure carré mais son nez était plus fin, deux fossettes lui donnaient l'air d'être un don juan bad boy, ses sourcils étaient épaissis et ses yeux n'étaient plus bleus mais d'un marron basique. Par-dessus un haut blanc, il avait revêtu une veste en cuir marron clair et un pantalon noir seyait sa taille, entourée d'une ceinture elle-aussi noire. En revanche, ses chaussures lustrées ne se fondaient pas vraiment dans le décor poussiéreux de l'entrepôt, ni dans le chic huppé décontracté des autres personnes qui l'entouraient. Si trois hommes étaient habillés d'un costume et d'une chemise respectable, le reste des potentiels candidats se trouvait affublé de jeans –dont certains comportaient des trous-, et de t-shirts pour la plupart foncés. Contrairement aux films sur les trafics de drogues qu'il avait pu voir depuis son réveil de la glace, leurs coiffures restaient simples, courtes ou longues, mais correctes et leurs visages n'étaient pas envahis par d'innombrables piercings. Il en repéra néanmoins six avec des tatouages situés au niveau du poignet droit. Tous similaires. Une espèce de tribal représentant une vague entourée d'un losange. Attentif, il le mémorisa de façon à pouvoir le redessiner pour le photographier et l'envoyer ensuite aux experts du Shield. Peut-être que remonter la piste via une autre gang serait une deuxième alternative possible ? Peut-être que ce détail insignifiant lui serait d'une utilité quelconque ?

Faisant quelques pas afin de ne pas rester immobile dans ses pensées, il continua son analyse, étudiant tout autant le danger des mafieux que le lieu malsain dans lequel on lui avait donné rendez-vous. Comme prévu, il s'était manifesté à l'heure que lui avait indiquée Fury. Il n'était pas arrivé le premier mais il n'était pas arrivé le dernier non plus. Ses différents papiers, -cartes d'identité ainsi que permis de conduire-, lui avaient été aussitôt confisquées et on lui avait donné un badge avec son prénom. Légèrement isolé des autres dans un coin de l'entrepôt, il pouvait apercevoir une grande cheminée industrielle construite au milieu du bâtiment. Elle semblait inactive, cependant, une odeur de chair brûlée lui emplissait les narines et les bureaux qui se dressaient autour de cette cheminée s'étalaient sur trois niveaux. Vraisemblablement ils étaient en plein travaux. De la peinture blanche tentait vainement de recouvrir des traces noircies qui ressemblaient à du sang séché. Des gravats de tailles aléatoires emplissaient les différents espaces et c'est pourquoi une fine couche blanche recouvrait les sols.

L'ambiance malfamée que cela lui inspira lui fit dresser les poils d'épouvante. Il ne préférait pas imaginer les choses qui s'y étaient déroulées. Le lieu était garni de mauvaises ondes. L'atmosphère était lourde. Il ne se sentait pas à sa place. Il faisait bonne figue par devant mais intérieurement, il n'était absolument pas serein. D'autres agents auraient été certainement meilleurs que lui pour accomplir cette mission.

D'autres agents formés à l'art de l'infiltrati...

« On dirait bien que ça va s'animer, » le sortit de ses réflexions une voix féminine.

Pris par surprise, il réprima un sursaut et fit pivoter son attention sur sa gauche. Une chevelure blonde platine le ramena dans la réalité du terrain et il détailla le corps qui allait avec. Plutôt petite et ronde, la jeune fille devant lui ne devait pas avoir plus d'une vingtaine d'années. Contrairement aux autres personnes présentes, elle portait de la couleur. Des couleurs vives et électriques. Un maquillage volontairement explosif mettait l'accent sur le côté exubérant qui devait l'habiter et même si ses longs cheveux étaient rabattus en chiffonnade sur le dessus de sa tête, elle paraissait vouloir être sexy.