Chapitre 1

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Putain, qu'elle est bandante... Si les lois n'existaient pas je la violerai sans attendre. Elle marche et je la suis depuis que je l'ai aperçue. Il est tard maintenant. Je vois bien qu'elle sent ma présence, elle a accéléré le pas ce qui m'excite davantage. Elle semble connaître aussi bien le quartier que moi. Elle doit habiter dans le coin. Ceci dit, il me reste un temps limité pour arriver à mes fins. Une fois la porte de son immeuble passée je ne pourrai plus rien. Ses talons claquent de plus en plus fort. Je me mets à courir, elle aussi, son étoffe tombe. Je la ramasse dans la foulée. Je perçois le son d'un digicode. Merde. Ah elle recommence, je ris intérieurement et bouillonne. Je me sens comme dans un film à suspense, vais-je pouvoir désamorcer la bombe en moi avec le peu de secondes qu'il me reste ? Bam ! Explosion, la porte s'est refermée. Je l'entends haleter de l'autre côté. Je tousse, mon asthme refait surface. J'ai échoué.

- La baise !

*

Je porte cette écharpe que j'ai gagné, maigre consolation à cette rencontre remontant à deux semaines maintenant. Elle est là, devant moi. Je ne pensais pas la revoir si tôt. Je redeviens le prédateur qui ne lâche pas la proie qui lui est dévolue. Elle semble si paisible. Elle est mon antilope au milieu de ce troupeau. Lorsque le moment sera opportun je me lancerai à nouveau à sa poursuite. Je suis à l'affût du moindre de ses gestes. Il fait jour, contrairement à la première fois où nous nous sommes rencontrées. Les rayons de soleil se reflètent dans ses cheveux détachés. J'aimais pourtant son chignon, cela me permettait de voir son cou mais son épingle en a décidé autrement en cédant. Enfin, je ne regrette pas cette coiffure stricte. Elle semble joviale, tout comme moi je dois l'admettre depuis quelques minutes. Elle sort de l'épicerie, je me recule afin de me tapir dans l'ombre d'un muret. Le nez au vent, elle prend le même chemin que nous avions emprunté. Elle semble dans son monde et s'écarte un peu de la foule. Qu'il est frustrant de ressentir cette montée d'adrénaline sans la mettre à profit. Je suis une rue parallèle à la sienne, la voyant à chaque intersection. Je décide de la dépasser pour rejoindre finalement sa rue et me placer judicieusement pour qu'elle puisse me voir quand elle arrivera à ma hauteur. Chose faite. Ses yeux font la mise au point, son expression change lorsqu'elle reconnaît son étoffe. Elle regarde la porte de son allée. Je serai avant elle à l'entrée, elle le sait. Son téléphone à la main je la vois me narguer. J'entreprends d'avancer vers elle, la porte s'ouvre à l'instant même où je suis à sa hauteur. Fais chier. Un homme qui doit être son petit ami ou mari presse le pas à son encontre. Pas de bague, première option validée. Je souris en enlevant le tissu et en le lui tendant. Le macho arrive à elle alors que je ne suis plus là et vocifère ces quelques mots qui parviennent à mon oreille:

- L'est où cet enculé qui t'emmerde que je le défonce !

*

Soirée morne, restaurant chinois pas loin, pourquoi ne pas y faire un tour ? Je marche d'un pas lourd jusqu'à cet endroit, entre et la remarque. Tiens, comme le hasard fait bien les choses. Je vois le petit couple accompagné d'amis à monsieur apparemment. Elle me voit, mine de rien elle prend sur elle. Ça me plaît et je lui souris. Ma chasse est de nouveau amorcée. Bien que ma proie ne soit pas accessible je suis alerte. Je commande pour emporter. Elle s'ennuie à cette table, moi pas, à ce comptoir. Elle se lève pour se diriger vers les toilettes, aubaine ou invitation ? Quoiqu'il en soit je la suis. Quand j'entre, elle est là à m'attendre.

- Pourquoi ?

Je n'ai pas envie de parler, je suis comme qui dirait en rut. A quelques pas de mon gibier de choix. Elle n'a plus peur, je me colle à elle mais suis violemment repoussée.

- Pour qui te prends-tu ? Ça ne va pas non ? Qu'est-ce que tu cherches à la fin ?

- Je crois que c'est assez clair.

- Mais t'es malade. Il faut te faire soigner !

C'est à mon tour de réagir brutalement. Elle se retrouve plaquée à l'autre bout de cette pièce exiguë.

- Laisse-moi ou je crie.

- Vraiment ? Je t'offre une distraction et tu refuses cette alternative à ta vie plan-plan ?

Son visage trahit sa perplexité et je reprends:

- Pourquoi es-tu là ? Je pense que c'est une question à te poser. Apparemment tu ne sembles pas être incommodée par une envie pressante. Du moins pas celle-ci.

- Je voulais juste savoir ce que tu me voulais.

- D'un coup ? Tu aurais pu le faire avant et ailleurs.

Elle tente de s'extirper mais tout mon poids et ma force la retiennent.

- Crie !

Mes lèvres s'approchent de son oreille

- Crie donc, ça ne me dérange pas.

Son soupir résonne en moi comme le dernier souffle qu'accorde une proie à son prédateur lors du moment fatidique. Je l'ai, elle est à moi. J'y plonge sans concession mais deux mains violentes viennent s'abattre sur moi.

- Salaud ! T'es en train d'essayer de baiser ma femme ?

Stupeur lorsqu'il croise mon regard, il me lâche d'un air répugné.

- Viens chérie on se casse.

Elle le suit un peu paumée. Le temps d'une minute ne s'est pas écoulé qu'il revient alors que je retrouve mes idées en me passant de l'eau fraîche sur le visage. Un poing vient s'écraser sur ma joue gauche pour glisser jusqu'à mon œil, mon nez est épargné. Je tombe.

- Ne t'avise plus de nous faire chier !

Défigurée je ressors des WC et emporte ma commande. Je rentre chez moi.

Self ControlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant