Chapitre 15 : On est là-dedans ensemble

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« Lucas ne va aller nulle part, Patrick ». Jane savait que son fils n'allait aller nulle part – c'était logique, puisqu'il avait à peine une semaine, et avait quitté l'hôpital le matin même, mais il ne pouvait pas s'empêcher de faire ce qu'il faisait, de faire des nuits blanches, de passer toute la nuit assis à côté du berceau, regardant le nouveau-né avec un sentiment d'anxiété qu'il ne se souvenait pas avoir ressenti quand il avait eu sa fille.

Bien sûr, c'était ça le problème – il avait échoué en tant que père la première fois, pourquoi est-ce que cette fois serait différente ? Bien sûr, il ne se vantait plus d'être un mentalist, et avait tendance à garder sa bouche fermée en présence des caméras, mais ça ne voulait tout de même pas dire que ...

« Patrick, Lucas ne va pas nous quitter d'ici peu. Je veux que tu reviennes au lit – alors que Teresa l'enlaçait par derrière, lui donnant un rapide baiser sur l'épaule, il se retourna et embrassa, en même temps, ses cheveux, tandis qu'il se tenait toujours devant son fils. – Patrick, je sais ce que tu ressens... ».

Tu n'as pas tué ta famille, allait-il dire, mais ensuite, il pensa à se dont il était réellement question. Ce n'était pas seulement John Le Rouge, étant donné que John Le Rouge était mort, c'était quelque chose d'autre. Il était... il était devenu un père. Il frissonna à la pensée d'avoir une fille adolescente... Ça aurait été difficile, il le savait. Avec un soupçon de sourire sur le visage, il passa un bras autour des épaules de Teresa, et la reconduisit au lit, sachant que ce n'était pas à propos de tueurs, de fous et de criminels, c'était à propos de la vie. Il était devenu un père, voilà tout.

« Chéri, je sais que tu étais habitué aux insomnies – dit-elle alors qu'ils étaient emmêlés sous la couverture, ne faisait quasi qu'un – mais je pense que l'un de nous devrait faire une petite sieste, de temps en temps. Comme tu as dis – dit-elle en embrassant le bout de son nez en riant – Lucas tient de moi pour ce qui est des cris ».

« Peut-être que je devrais rester éveillé, pour te l'amener. Après tout, nous avons seulement, quoi, moins de 15 minutes avant qu'il ne se réveille ? »

Il n'avait pas terminé sa question que, comme s'il les avait entendu parler de lui, Lucas décida de faire le show préféré de son père au monde, au début faiblement puis de façon extrêmement forte, il fit remarquer sa présence.

« Est-ce que je t'ai déjà dit combien je détestais quand tu avais raison ? ». Elle s'asseya dans le lit, ajustant les oreillers, de façon que l'allaitement de Lucas ne soit pas un problème, et accepta avec joie son fils dans ses bras, faisant comprendre à Patrick que ce n'était pas uniquement la grossesse qui avait changé nombre de choses en elle – c'est d'être devenue une mère qui la rendait si belle et radieuse.

« Vraiment, et moi qui pensait que c'était la raison pour laquelle tu m'aimais tant ! – il s'asseya en tailleur sur le lit, en face d'elle, captivé par la vue de son fils et sa femme, ensemble, et quand il remarqua son petit sourire en coin, il essaya de se moquer d'elle, comme à son habitude – eh bien, je ne peux pas le blâmer s'il aime autant les seins de sa mère. Je les aime tout autant ! »

Dans le passé, elle aurait levé les yeux au ciel au commentaire, en particulier si c'était quelque chose venant de Jane, mais maintenant, cela la faisait rire. « Merci de te réveiller avec moi » dit-elle tendrement, enlevant son regard de Lucas pour regarder Patrick dans les yeux, le vert dans le bleu, tous les deux perdus et captivés. Juste après, le bébé a commencé à faire des petits sons, signalant qu'il n'avait plus faim, et, dès qu'il vit ceci, comme une réponse automatique, Patrick prit le bébé des bras de Teresa, et, le tenant contre son torse tandis qu'il faisait des cercles dans son dos, il commença à marcher à travers la pièce, chantant doucement, une mélodie qu'elle n'avait jamais entendue, à voix basse...

In the dark of the ageless night, between sweet wefts I look for my blue sea. The dreams know what's inside my heart, and with them I'll carry on...

It will open its big wings, and then my sweet dream will walk at my side, like a flying steed you'll be, I want for you to never end.

And now, now, fly, fly away, my flying steed, I'll tighten the grip on yu, together we will fly up to the moon and the planets, where already is shining that sweet sun that my thought and my memories will embrace.

And now, now, fly, fly away sweet song of liberty, with you I'll understand that I can fly on my own ; here I am, flying with my azure wings...

« Il aime quand tu fais ça, tu sais ? – elle sourit, alors qu'elle regardait son mari, portant son fils et chantant tendrement en direction du bébé tandis qu'il le faisait doucement rebondir sur son ventre – il sait que c'est toi qui chantes et lui parles, et il se sent... - elle s'arrêta, ne sachant pas si elle devait vraiment utiliser ce mot ou pas – tu le fais se sentir en sécurité, Patrick ».

« C'est un bon garçon, tu sais – il s'arrêta, alors qu'il reposait Lucas dans son berceau, continuant à le regarder à travers les doigts de la main qu'il avait utilisé pour couvrir son visage, pas parce qu'il était fatigué, mais parce qu'il avait honte de lui-même – ma fille... elle se réveillait toutes les heures, pendant les 4 premiers mois. Je ne l'ai pas protégé Tess. Comment puis-je être sûr que je serai capable de le protéger lui ? Et si j'échoue avec lui ? Et si... »

« On traversera ça ensemble, Patrick – dit-elle en l'enlaçant encore une fois par derrière – on fera en sorte que ça fonctionne. On trouvera le moyen de faire fonctionner notre histoire, je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas avoir une famille qui fonctionne, pas vrai ? »

« Je sais, mais... j'ai toujours pensé que j'avais échoué avec elle en tant que père principalement parce que je n'avais pas de modèle parental, aucun... modèle »

« Patrick, cet éléphant sera toujours dans la pièce, mais tu n'es pas le seul à avoir des problèmes parentaux, ok ? – Elle s'écarta, un peu en colère après lui, les larmes aux yeux – est-ce que tu sais combien de fois j'ai fini à l'hôpital avec des os cassés ? Combien de fois j'ai dû me couvrir, même en été, à cause des hématomes ? Mon père était le pire homme au monde, eh oui, même si tu ne le crois pas, je suis effrayée. J'ai peur d'échouer en tant que mère et de devenir comme lui. Mais Patrick – dit-elle en l'embrassa – on est là-dedans ensemble. On y arrivera Patrick, ensemble, en étant là l'un pour l'autre ».

Il répéta le geste qu'il avait fait juste une heure et demie avant, et, guidant Teresa au lit, il resta là, enlaçant sa femme, pensif.

Non il n'allait pas tout gâcher. Il n'allait pas échouer avec cet enfant, cette famille... Il allait tout faire pour que ça fonctionne.

Avec un sourire qui atteignait le plafond, il s'endormi. Du moins, jusqu'à ce que Lucas ne décide qu'il avait besoin d'être changé, 10 minutes plus tard...

Les enfants ne mentent pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant