Parallèles enchaînés

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Que le monde s'agitait en cette importante journée! L'Été, l'Automne et le Printemps arrivaient le soir-même au pays de l'Hiver pour fêter la noble fête. La capitale était en conséquence plus animée que de coutume. Les organisateurs décoraient essentiellement la grande place où l'auguste arbre prenait une taille colossale. Recouvert au fur et à mesure recouvert d'ornements lumineux : de boules de cristal, de pics de glace, de guirlandes. Certains organisateurs doués de magie le soupoudraient d'une mince poudre argentée qui le rendait opalin et brillant. Il allait à coup sûr émerveiller les jeunes enfants, comme les plus vieux. Des affiches étaient placardées un peu partout, une estrade était en train d'être érigée pour le discours royal de ce soir durant lequel chacun consommerait, se distrairait et commémorait l'arbre sacré. Chacun y mettait du sien pour rendre la ville la plus propre et parfaite possible ; il était hors de question d'être tourné en ridicule par ses convives.

Les commerçants profitaient de cette ambiance festive et paradoxalement tendue pour vendre des accessoires de fête tels que des chapeaux, des sifflets.
Les fabricants s'activaient car ils étaient les principaux concernés par cet événement ! La mythique et traditionnelle valse des marionnettes était jouée exceptionnellement pour les nations invitées. Le marionnettiste attitré se pressait d'ailleurs à ses préparatifs ; organisant et réglant petits imprévus.

Il y'avait un magnifique manoir, aux alentours du grand château où la famille royale résidait dans le luxe et entourée d'une cour fourmillante et excitée par la soirée qui s'annonçait. Là où vivait paisiblement le grand Pape de l'Hiver, Luvender Green. Une figure de puissance appréciée par le peuple pour sa bonne parole et pour son lien spirituel avec les dieux et déesses. Même le monarque de l'Hiver et sa famille lui portait une forte confiance, lui ayant conféré dignement le titre de régent. Le religieux voyageait souvent avec son altesse dans des voyages diplomatiques, étant de bon conseil : bien assurément que cela n'était pas son rôle premier, mais on le voyait si souvent à côté du couronné que l'on pouvait se poser la question ! En général, le Pape voyageait seul ou accompagné de religieux dans différentes villes et parfois même dans les autres nations.

Et aussi inhabituel que cela pourrait être, il était marié et avait même un fils. Le Pape s'était lié, il y'a déjà de longues années à présent, avec une femme à l'esprit ardent et scientifique. N'y-avait-il pas plus improbable et ambigu qu'un tel couple ? Un religieux et une scientifique ? La foi contre la loi imparable de la science ? Ils étaient pourtant un couple charmant et fortement passionné, malgré les nombreuses querelles qui étaient coutumière.

Ce qui nous amène donc à leur fils : Luv. La prunelle de leurs yeux et la chose la plus précieuse qu'ils détenaient. Tout juste âgé d'un an et demi, il avait déjà une ondoyante et épaisse chevelure grise. Un pic se tenait bravement sur le haut de son crâne. Son épiderme très pâle, ses joues rebondies vermillon faisaient ressortir son teint. Des taches de rousseur parsemaient son visage comme des milliers d'étoiles. Quelle inquiétude avaient eu les deux parents en voyant les yeux de leur fils ! Deux yeux vairons. Jaune et verte : une vision qui n'était point agréable de jour comme de nuit. La mère cherchait déjà une solution pour pallier ce sérieux problème ; nombreux étaient les jeunes enfants qui outrepassaient de cette particularité parce que le déséquilibre entre les deux yeux était trop agressif, trop important. Et inévitablement, Luv avait déjà commencé à avoir les yeux colorés de rouge, pleurant parfois à foison le soir à cause de migraines nuisibles que sa vision lui donnait.

Assis au creux de sa grande peluche, habillé d'une robe blanche avec de longues chaussettes bleue et d'un petit manteau brun aux boules qui étaient incontestablement mâchées par le petit : il était charmant mais ne semblait comprendre pourquoi ses parents semblaient plus ailleurs. Luv ne pouvait comprendre que ses parents allaient être avec l'entourage du roi dans la parade : un honneur et un privilège que les Green n'avaient pu refuser.

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