Attache fraternelle et fissures

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Plus vite ! Plus vite !

On criait leur prénom. Ambroise tenait fermement la main brûlée de son demi-frère qui se laissait traîner tel un vieux chiffon. Luv peinait à suivre le rythme de course d'Ambroise qui sautait et escaladait les différents obstacles avec une grande facilité.

Habillé de sa tenue religieuse qui était composée d'une longue robe blanche brodée d'or, d'un petit gilet de cachemire céruléen où étaient attachés deux pendentifs en forme de flocons de neige. Le pantalon fin brunâtre lui donnait froid aux gambettes alors que ses ballerines prenaient toute la neige. Il avait froid ! Le collier pesant se balançait contre son cou, lui faisant un peu mal. Ses cheveux gris, habituellement bien coiffés et lâchés étaient totalement décoiffés par leur course folle, ils partaient dans tous les sens. Le garçon au monocle noir entendit avec désespoir le tissu de sa robe se déchirait. Luv allait se faire rudement remonter les bretelles...

Mais ce n'était pas mieux que la tenue d'Ambroise !
Il avait cette même robe opaline brodée mais la sienne était d'ores et déjà déchirée et crassée. En effet, le bas de sa large tunique était noir et troué. Le jeune homme avait enlevé depuis longtemps son gilet pour mettre sa belle écharpe aux nuances chaudes, vêtement qu'il préférait, très facile à reconnaître parmi les couleurs froides qui composaient le décor. Son pantalon était dans le même état que sa robe. Seules ses bottes semblaient avoir tenu le coup ! Collier qui avait fini dans une des poches du pantalon et ses cheveux se mouvaient énormément, formant un nuage noir.
Ô dieu, qu'il rigolait !

En un tour de galipettes et de sauts, les poursuivants finirent par les perdre de vue. Pestant, ils ne pouvaient pourtant pas repartir sans eux. Certainement qu'ils ne pouvaient les voir puisqu'ils étaient sur les toits glissants, à la plus grande terreur de Luv. Ambroise s'était assis, tenant fermement Luv qui s'était agrippé à lui en tremblant.

« Luv, tu n'as pas à avoir peur. Je suis là pour te tenir, ils ne nous auront pas, eh eh. »

Le concerné tourna la tête vers lui, son nez rougi par le froid se retroussant sous le coup. Était-il réellement sérieux ?

Luv marmonna en pointant, accusateur, sa main brûlée vers le groupe de religieux qui les appelaient. Son visage doux exprimait une crainte authentique : il n'avait jamais fait une telle chose, avant.

« C-Ce n'est pas ça ! Pourquoi tu as fait ça ? On va se faire sermonner avec tes bêtises... Regarde nos tenues, quel désastre. Elles sont déchirées et sales ! »

« Oooh voyons... Cette cérémonie était assommante, tu ne suivais même plus. »

Le noiraud ironisa, alors qu'il s'attachait les cheveux en un chignon harmonisé. Ambroise tapotant gentiment la tête du plus effrayé, jugea ses cheveux terriblement en désordre.

« Tu n'as pas à t'inquiéter. Ça te fera du bien de t'amuser un peu, loin de ces idiots.
Ne bouge pas, je vais t'arranger un peu...ça. »

De ses longs doigts agiles, le cadet tenta d'arranger les cheveux gris de son ainé. Ainé qui était docilement assis, grimaçant en sentant le froid pénétrer sa peau.

« Ce n'est même pas vrai. C'étaient juste quelques bâillements incontrôlés ! Toi aussi, tu bâillais et tu ne le cachais même pas... Père va te tuer, tu le sais, ça ? Déjà que vos relations sont assez tendues... »

Celui aux yeux vairons avait murmuré cette dernière partie avec chagrin. Sa bouche s'était étiré en un sourire abattu. Quel supplice était-ce de voir son demi-frère haï par son père ! Luv frissonna promptement en sentant l'air froid dans sa nuque. Que faisait-il ?
Luv se fit aussitôt disputer par son demi-frère qui lui donna une petite tape derrière la tête. Le damoiseau poussa un geignement de douleur, lui demandant pourquoi au juste, il venait de faire cela ?

Récits extravagantsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant