Jonas

Chapitre 3

Je rouvre les yeux quelques secondes plus tard. Le Pirate me fixe, incrédule.

-Bordel, mais pourquoi je suis pas mort ?! je m'énerve.

Je fronce les sourcils, souffle et jette le flingue au sol. Personne ne dit rien.

-Ta grosse merde de AK-je sais pas combien, elle était pas chargée ! Putain !

Je fixe le sol, troublé. J'étais vraiment prêt à mourir. Après tout, j'ai déjà raté ma vie. Je redresse le menton pour le dévisager avec le plus de hargne.

-T'es vraiment nul, je devrais être boss à ta place en fait.

Je me libère très facilement de son emprise parce qu'il m'avait lâché au moment où j'ai tiré.

-Bah quoi, t'as perdu ta langue, le pirate ? je demande sans trahir aucune expression.

Il se tourne vers moi, et m'adresse un sourire en coin.

-T'es vachement courageux, mêle si t'es un p'tit con arrogant. Tu veux nous rejoindre ?

-Pourquoi ?

-Ta fougue va nous servir. Je veux que tu restes. Et refuse pas. J'ai déjà prévu des trucs pour toi.

-Ok. Je peux avoir une moto alors ?

-Comme tu voudras.

-Deal.

Je lui tends la main, et il la serre fort. On sourit tous les deux, mais nous savons aussi bien l'un que l'autre à quel point nos sourires sont hypocrites.

-Mais je te préviens, Pirate. C'est pas parce qu'on collabore que je vais bien t'aimer.

-C'est pareil pour moi, Jonas.

-Appelle-moi Lewis.

-Ne te permets pas de me reprendre.

-Sinon quoi ? Vous essaierez de me tirer dessus avec un flingue pourri ?

Il souffle d'exaspération pendant que je me moque ouvertement de lui.

-Blair ! crie-t-il d'une voix puissante.

Le mec qui ressemble à un hamster nous rejoint, et je le fixe d'un air mauvais.

-Quoi ?! je m'écrie. Tu t'appelles « Blair », sérieux ? Tes parents te haïssaient dès la naissance ou quoi ?

Je ponctue ma phrase par des éclats de rire pendant que Blair me fusille du regard. Le Pirate n'y prête même pas attention, et continue de s'adresser au Hamster.

-Blair, t'es viré, dit-il calmement.

-Quoi ?! A cause de ce connard ?!

-Ouais. T'es nul, pas lui, m'oblige pas à te répéter de foutre le camp.

Je dois avouer que le Pirate peut être autoritaire, avec ce ton. Blair ne demande rien de plus et se précipite vers la sortie, comme une poule apeurée.

-Quel con, je murmure.

-Tu n'as pas idée, petit.

-Dis-moi, Pirate, t'as quel âge ? T'as l'air un peu vieux. C'est la cigarette qui te donne des cernes ?

Il fronce les sourcils. S'il veut collaborer, il va devoir s'habituer à mes remarques. Tant pis pour lui.

-Dis-moi, ça t'arrive de te la fermer ?

-J'ai réponse à tout, tu le sauras bien assez vite.

-Oh, mais j'ai déjà remarqué. J'ai 26 ans. Et toi, petit ?