Jonas

Chapitre 6

Je suis réveillé par une étrange odeur. De plus, j'ai énormément chaud ; de la sueur perle sur mon front. J'inspire profondément et me relève doucement. Je ne me sens pas véritablement bien, mais au moins je vais mieux que tout à l'heure. Je me lève et enlève ma veste. Il a monté tous les chauffages à fond ou quoi ?

J'ouvre la porte de la chambre et m'apprête à descendre les escaliers. Mais ce que je vois me glace le sang.

Des flammes dansent dans le hall, et menacent de m'engloutir à tout moment. Dans un premier temps, la peur paralyse mon corps et m'empêche de bouger. Merde, qu'est-ce que je dois faire dans un moment pareil ?!

Mes muscles se contractent instinctivement, et je suis tenté de sauter par une fenêtre. Mais le deuxième étage est en hauteur, et j'appréhende la chute.

De la fumée noire se balade dans l'air. Plus je l'aspire, plus je me sens faible. Encore pire que tout à l'heure. Je devrais descendre ? Rester ici ?

-Monsieur KFC ! je crie.

Je n'ai aucune réponse. Je n'entends que la danse enflammée de l'incendie. J'ai chaud.

Je ne bouge toujours pas, et ne cesse de fixer le feu. La peur qui m'avait envahi quelques secondes plus tôt laisse place à une étrange attirance pour le danger. Un sourire étrange déforme mon visage, et je finis par avancer. Je ne sais pas ce que je fous. J'ai soudainement une quinte de toux. Je me sens vraiment bizarre, je ne sais plus quoi faire. Ma seule réaction, c'est de prendre mon téléphone et d'envoyer à Jonathan : « Désolé. J'ai merdé. »

Je finis par sourire sincèrement en relevant la tête vers les flammes. Après tout, ce n'est pas plus mal. Est-ce que j'ai vraiment envie de vivre, de toute façon ? Je pourrais au moins rejoindre mon père. Pour de bon.

J'avance en titubant, et j'ai l'impression que cette fumée noire me retourne le cerveau. J'entends des ambulances, en dehors. Je veux mourir avant qu'ils n'interviennent. Je veux mourir.

Je veux mourir.

J'ai comme l'impression que les flammes dansent autour de moi. Je tombe lourdement par terre, le souffle court. Mais je ne perds pas mon sourire. Le feu semble me narguer, le plafond rigole. On dirait que des êtres tourbillonnent autour de moi, pour se moquer. Je suis devenu fou, complètement fou.

Ma vision devient floue, et rouge. C'est la couleur du camion qui a percuté mon paternel. Je déteste le rouge.

C'est en fermant les yeux, en toussant et en me remémorant une dernière fois la mort de mon père que je me sens perdre connaissance.