Jonas

Chapitre 5

J'arrive devant le vieux garage puant de mon embaucheur à l'œil de verre. Ce dernier m'attend, un verre d'alcool à la main. Enfin, j'ignore ce qu'il y a dedans, mais les seules boissons qu'il consomme sont alcoolisées.

-Lewis Lancaster, t'en as mis du temps, lâche-t-il avec sévérité. On a un planning, les retards sont prohibés, ici ! Tu te rends compte, tu pourrais tout faire foirer.

-Toujours un plaisir de te revoir, le Pirate.

Il roule des yeux, et je lui lance un sourire en le fixant avec insistance. Puis je m'avance un peu plus, prend son verre et le boit cul-sec. Il me fixe d'une expression indéchiffrable, mais je n'essaie pas de le décrypter. En revanche, je grimace. Cette boisson est dégueulasse.

-Bon, je suis censé faire quoi du coup ? je reprends, encore secoué par la boisson.

-Va à cette adresse, et tu dois donner cette enveloppe au gentil monsieur qui y habite.

Il me tend une grande enveloppe format A4, sacrément épaisse. J'ignore ce qu'il y a à l'intérieur, mais je devrais éviter de l'ouvrir. Je la prends avec hâte.

-Je suppose que tu as envie de savoir ce qu'il y a à l'intérieur ? demande mon interlocuteur.

-Non.

-Parfait. Alors dès que tu auras donné cette enveloppe, si tout se passe bien, le Monsieur va te donner un colis fragile. On compte sur toi pour revenir au Cody's Bar le plus rapidement possible. T'as une super moto, tu vas t'en sortir.

-Ok. Mais pourquoi c'est moi qui fais ça, et pas un de tes hommes un peu cons ?

-Pose pas de questions et fais ton job.

-Ok Hitler, aucun soucis, je ne m'opposerai plus à toi !

Il soupire et pose son œil sur moi, avec des traits légèrement plus tendre.

-T'es le plus jeune, et puis t'as peur de rien.

Je souris bêtement en haussant les sourcils. J'aimerais n'avoir peur de rien. Malgré ce qu'il vient de dire, je suis sûr qu'il y a autre chose. Peut-être que c'est une « mission » risquée ?

-Ouais, t'as raison, je suis le plus fort.

Il me lance un demi-sourire, accompagné d'un « Bon courage. » et se retire, en me laissant seul avec mon destin. Hors de ma vue, je l'entends quand même crier :

-Et grouille-toi, surtout !

Je soupire doucement et met la valise dans mon sac à dos. Puis après avoir enfourché ma belle moto noire, je démarre et me rends chez le « gentil monsieur » en roulant un peu trop vite.

Je pose un pied par terre quelques temps après, devant une magnifique maison, peinte entièrement en blanche. Le jardin est énorme mais entièrement vide. Je sonne à la porte et attend poliment devant, l'enveloppe à la main. C'est un homme d'âge mature qui m'ouvre. Ce type pourrait carrément être mon grand-père, tellement il semble âgé. Tout est blanc chez lui : son costume, sa barbe, même ses cheveux. En fait, il ressemble beaucoup trop au créateur de KFC, le Colonel Harland Sanders. J'aimerais lui faire la remarque, mais je ne pense pas que ça lui plairait.

-Bonsoir, monsieur.

-Bonjour, jeune homme.

Il me sourit gentiment, et me fait rentrer dans sa majestueuse demeure. Etrangement, je ressens une certaine plénitude dans sa maison. Une douce odeur sucrée me parvient au narines, mais j'ignore ce que c'est. Je le suis, et le papi m'invite à m'assoir dans son salon. Il s'assoit en face de moi, et me tend un café que je refuse poliment.