Loosing my mind

Chapitre 33

Je tremble de tout mon corps tandis que l'homme s'approche de plus en plus de moi. Je prie de toutes mes forces pour que cela s'arrête, pour qu'un miracle s'accomplisse, pour que je disparaisse, pour que je ne doive pas revivre ce que j'ai déjà vécu. Mais le destin semble vouloir s'acharner sur moi. L 'homme avance, et se penche vers moi. Ma tête est toujours enfouie dans mes bras, mais je peux entendre sa respiration quelques centimètres au dessus de moi, et, surtout, je peux sentir sa présence. Il s'approche encore plus, et ses jambes frôlent à présent les miennes, que j'ai repliées. Il ne dit rien, mais prend ma tête, et la relève. Je tente de me dégager, mais n'y parviens pas : ce mec a une poigne de fer, il n'y a rien à dire. Il lève lentement ma tête vers son visage, qui n'est qu'à quelques centimètres du mien. Je ferme les yeux. Je ne veux pas voir le visage de mon agresseur. Je ne veux pas que son visage reste imprimé à jamais dans la rétine de mes yeux, si seulement je survis. Comme c'était le cas avec... Ces mecs.

Soudain, l'homme me prend la tête, et s'accroupit à côté de moi. Il presse sa main sur ma bouche, et je crains pendant quelques instants de ne plus pouvoir respirer, avant de me souvenir que j'ai aussi un nez qui peut m'être très utile. Je tente de crier, mais n'y parviens pas.

 Aucun son ne franchit ma bouche, et dans tous les cas, à quoi cela servirait-il, s'il me la bloque de sa main ? Puis, brusquement, il m'oblige à me relever. J'essaie de me débattre, mais évidemment, il ne lâche pas prise, et me bloque les poignets derrière le dos avec sa main restante. Je suis à présent debout, collée contre le mur, et lui est pressé contre moi. Je ne peux pas faire autrement, j'ouvre les yeux. L 'homme... Est juste immonde. Il a les yeux vitreux, l'haleine qui empeste l'alcool, et la bouche pâteuse. Il me déshabille du regard, ce qui me donne envie de vomir à ses pieds. Je sais ce qu'il veut me faire. C'est trop tard, je ne peux plus lutter.
Tout d'un coup, l'homme lâche mes poignets et ma bouche, et se précipite sur mon haut. Je saisis l'occasion, et pousse un cri désespéré, mais l'homme, le regard furieux et fou, me crache au visage:

-Si tu recommences une seule fois, les pompiers retrouveront ton corps de pute par terre demain matin. Et tu seras morte... Pas avant que j'aie eu ma petite partie de plaisir, évidemment...

Je me tais, tremblante. J'ai déjà vécu ça. Mais ce n'est jamais allé si loin. J'ai plus qu'à espérer que cela passera vite. Il n'y a personne dans les alentours qui aurait pu m'avoir entendu. L'homme prend mon silence pour une acceptation, et reprend mon corps là où il l'avait laissé. C'est bien ce que je suis, maintenant.

Un corps.

Un objet.

Papa, maman. Si un jour, vous me revoyez vivante, sachez que je suis désolée. Je vous aime.
Mais je n'ai pas le temps de prier. L 'homme arrache mon tee-shirt, ce qui dévoile mon soutien-gorge. Je ferme les yeux. Je ne veux pas voir. Je veux juste... Dormir. Pour toujours. Peut-être que j'aurais vraiment dû sauter, là-haut, sur la terrasse du B54. Ça m'aurait épargné ça. Ça, c'est pire que la mort.
J'entends l'homme respirer J'entends l'homme respirer grossièrement face à moi. J'ai les yeux plissés, je ne veux rien voir. L 'homme s'en prend maintenant à mon pantalon. Je pousse un petit cri de douleur lorsqu'il me donne un coup sur la poitrine, ce qui le rend furieux:

-Salope! Je t'avais dit de fermer ta gueule de chienne! Utilise la plutôt pour autre chose !

Il me frappe violemment à la nuque, et je m'écroule. J'ouvre les yeux, et le vois, les yeux fulminants de colère, au dessus de moi. Je suis par terre, à côté d'une poubelle. Je me passe la main derrière la nuque, et sens quelque chose de poisseux qui me coule jusque jusque dans le dos. L 'homme me frappe dans les jambes, et continue de m'insulter. Il me hurle de me relever, si je ne veux pas terminer ma vie le jour même.

Mais je ne sens plus rien.

Je n'entends plus rien.

Je ne vois plus rien.

J'entends juste une voix qui ne m'est pas inconnue qui crie mon prénom. Puis, je m'affale par terre, et sombre dans l'inconscience.